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Almodovar à Cannes avec un western queer d'une demi-heure
L'actrice française Lomane de Dietrich (G) et l'actrice française Suzy Bemba posent lors d'un photocall pour le film "Le Retour" lors de la 76e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 18 mai 2023. (Photo LOIC VENANCE / AFP)
Une vingtaine d'années après avoir refusé de réaliser "Le secret de Brokeback Mountain", le cinéaste espagnol Pedro Almodovar a présenté mercredi au Festival de Cannes un court-métrage aux allures de western queer suivant la relation entre deux hommes et tourné en anglais.
Pas de compétition officielle cette année pour celui qui avait remporté le prix de la mise en scène en 1999 sur la Croisette avec "Tout sur ma mère" et celui du scénario en 2006 pour "Volver", mais il a dévoilé un film d'une demi-heure, "Strange way of life".
En 1910, le shérif Jake (Ethan Hawke) reçoit la visite d'un ancien amour, Silva (Pedro Pascal, notamment vu dans la série phénomène "The Last of Us" cette année). Ils passent une "nuit orgiaque", selon les mots de Pedro Almodovar, mais ces retrouvailles cachent d'autres raisons : Jake recherche le fils de Silva, qui a commis un crime, alors que ce dernier veut convaincre son ancien amour de le laisser s'échapper.
Le cinéaste de 73 ans a expliqué lors d'une conférence que ce court-métrage était né d'une idée inspirée par "Brokeback Mountain", qui racontait la relation homosexuelle entre deux bergers dans une région montagneuse des Etats-Unis: que se serait-il passé si ces hommes (incarnés en 2005 par Heath Ledger et Jake Gyllenhaal) étaient restés ensemble ?
"Il s'agit de la discussion de deux amants qui réagissent de manière totalement différente à une nuit d'orgie. Ces deux facettes ont été très bien comprises par l'un et l'autre", a expliqué Almodovar à l'issue de la projection, vivement applaudie.
Le réalisateur espagnol a également dit sur scène, aux côtés d'Ethan Hawke, avoir surtout cherché à faire "un western à (sa) façon" et pas un "western spaghetti".
Produit par Saint Laurent Productions, son film fait défiler des costumes de la maison de couture, parfois hauts en couleur.
"J'ai pu constater en faisant des recherches que les hommes, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, s'habillaient toujours de la même façon et les shérifs, dans les westerns, étaient toujours bien habillés. (...) Mais tout cela manquait de couleur", a raconté Almodovar.
Mais, en voyant James Stewart porter un blouson vert dans "Les affameurs" d'Anthony Mann (1952), il a osé sauter le pas: "Je me suis dit: ouf de la couleur. Je vais pouvoir mettre un blouson vert (au personnage de Silva) sans paraître anachronique", s'est-il amusé. (AFP)