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Après avoir suspendu France 24, Le Burkina expulse des correspondantes de presse française
Sur l’écran noir, le signal coupé de la chaîne France 24, quelques heures après que le Burkina Faso ait décidé de suspendre la chaîne, à Ouagadougou, le 27 mars 2023. Le 27 mars 2023, le Burkina a suspendu toutes les émissions de la chaîne d'information France 24 dans ce pays d'Afrique de l'Ouest après qu'elle ait interviewé le chef d'Al-Qaida Afrique du Nord. (Photo OLYMPIA DE MAISMONT / AFP)
Le pouvoir au Burkina Faso a expulsé samedi soir les correspondantes de deux quotidiens français, le Monde et Libération, nouveau signe des relations avec la France dans ce pays meurtri par la violence jihadiste.
Ces expulsions de Sophie Douce du Monde et d'Agnès Faivre de Libération, arrivées dimanche matin à Paris, sont intervenues cinq jours après la suspension de la chaine de télévision France 24 et quatre mois après celle de Radio France Internationale (RFI).
Seuls des médias français ont pour l'instant été ainsi sanctionnés par les autorités burkinabè.
Depuis la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022, second coup d'Etat en huit mois au Burkina, les relations avec Paris se sont dégradées, Ouagadougou ayant réclamé et obtenu le départ de l'ambassadeur de France et des 400 soldats français des forces spéciales basés dans le pays.
Début mars, le Burkina a en outre dénoncé un accord d'assistance militaire signé en 1961 avec la France.
24 heures pour partir-
Les deux journalistes avaient été convoquées vendredi à Ouagadougou à la sûreté nationale et ont ensuite reçu l'ordre de quitter le Burkina Faso dans les 24 heures.
Avant son départ, Agnès Faivre avait déclaré à l'AFP que cet ordre lui avait notifié "oralement".
"J’ai également été convoquée hier (vendredi) à la direction de la sureté de l’Etat. Puis un officier est venu ce matin (samedi) à mon domicile me notifier verbalement que j’ai 24h pour quitter le territoire. Aucune notification écrite, ni motif. J’ai du mal à comprendre et à réaliser", avait pour sa part dit Sophie Douce.
Les autorités burkinabè n'avaient dimanche matin faire aucune déclaration sur le sujet.
Ces expulsions surviennent quelques jours après la publication par Libération le 27 mars d'une enquête sur "une vidéo montrant des enfants et adolescents exécutés dans une caserne militaire, par au moins un soldat" dans le nord du Burkina.
"Le gouvernement condamne fermement ces manipulations déguisées en journalisme pour ternir l'image du pays", avait écrit le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouédraogo, après la publication de cette enquête, assurant que l'armée agit "dans le strict respect du droit international humanitaire".
En dépit d’une longue présence militaire française
Lundi, le gouvernement de transition a coupé la diffusion de France 24 sur son territoire à la suite du décryptage d'un entretien du chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), quatre mois après avoir également suspendu la diffusion de RFI.
M. Ouédraogo avait indiqué que ces deux médias étaient accusés d'avoir "ouvert leurs antennes à des leaders terroristes pour qu'ils propagent l'idéologie du terrorisme, de la violence, de la division".
Dans la foulée du Mali et du Niger voisins, le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique (EI), qui ne cessent de croître en dépit de la longue présence militaire française.
Elles ont fait plus de 10.000 morts - civils et militaires - selon des ONG, et quelques deux millions de déplacés internes. (Quid avec AFP)