Chine : Shanghai, la perle de l’Orient, renaît de ses covides - Par Abdelghani AOUIFIA

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Shanghai est le miroir d’une Chine qui se veut rassurante dans sa conquête de nouveaux horizons, ambitieuse dans ses projets et farouche dans son dessein de bâtir une nation socialiste moderne à tous égards

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Par Abdelghani AOUIFIA (Correspondant de la MAP à Pékin)

Shanghai - Comme dans un conte de fées, le trajet de 1.300 KM séparant la capitale chinoise Beijing de Shanghai, hub financier du pays, emmène le voyageur dans une traversée qui résume la transformation qu’a subie la Chine durant les dernières décennies.

Le changement est visible. Tout au long du trajet, des champs agricoles verdoyants à perte de vue, nouvelles énergies partout, fermes modernes, tunnels, réseaux routiers hautement développés et un TGV qui roule à plus de 350 KM/h. L’axe oriental du pays, à l’instar des autres régions de ce vaste Empire du milieu, est un chantier ouvert.

Le pays de Mao a bel et bien gagné le pari de la modernisation. D’une nation, souffrant il n'y a pas longtemps d’énormes déficits socio-économiques aggravés par le fardeau d’une vaste population, la Chine est devenue une puissance mondiale à la pointe de la technologie et de la numérisation.

Nichée à l’extrémité orientale du pays au bord du Pacifique entre l'embouchure du fleuve Yangtze au nord et la baie de Hangzhou au sud, Shanghai raconte l’odyssée chinoise. Une modernité à couper le souffle. Gratte-ciels géants, avenues aussi étendues que somptueuses, surfaces commerciales luxueuses et système de transport ultrasophistiqué, tous les ingrédients sont réunis pour faire de Shanghai la vitrine par excellence d’une Chine moderne, confiante et ouverte sur le monde.

La « perle de l’Asie », comme elle est affectueusement surnommée, n’a rien à envier aux plus grandes métropoles du monde occidental. Son économie ne cesse de franchir de nouveaux paliers de développement. Ses performances suscitent envie, mais surtout forcent respect et admiration.

Elle est le miroir d’une Chine qui se veut rassurante dans sa conquête de nouveaux horizons, ambitieuse dans ses projets et farouche dans son dessein de bâtir une nation socialiste moderne à tous égards. L’évolution de la ville a toujours été le baromètre à l’aune duquel est mesuré l’engagement de la Chine envers l’environnement international dans lequel elle évolue.

Tel un phénix qui renait de ses cendres, la métropole sort confiante de sa lutte contre la redoutable pandémie du Covid-19. Le melting-pot chinois a été l’une des villes les plus touchées par les drastiques mesures de restriction sanitaire mises en œuvre, trois années durant, par le gouvernement central pour protéger cette nation de plus de 1,4 milliard d’habitants des conséquences fâcheuses d’un virus qui menaçait de mettre à genou les économies les plus solides de la planète.

Dans les médias et sur les réseaux sociaux, la peine éprouvée par les habitants sous le Covid résonne toujours. La communauté étrangère qui faisait la joie et la fierté de cette ville cosmopolite a été décimée. De nombreux étrangers ont quitté la ville durant la pandémie.

Mais c’est un chapitre désormais fermé. Les dispositifs effrayants mis en place par les autorités durant la pandémie ont disparu. Les unités de tests, où les 26 millions habitants de la ville se rendaient pour effectuer leurs tests quotidiens obligatoires, ont même été mises en vente sur Xianyu, une application pour la vente de produits d’occasion, comme souvenir de trois années pénibles. Les queues sont de retour devant les restaurants. Le métro ultramoderne a retrouvé ses passagers et la population a quasiment abandonné les masques, obligatoires durant les vagues successives du virus.

Les analystes conviennent que les mois à venir seront un test non seulement pour la métropole mais pour la Chine toute entière. Plus que n’importe quelle autre ville, Shanghai est le plus grand contributeur à l’économie chinoise.

Ville la plus peuplée du pays, Shanghai s’attend en 2023 à une croissance de 5,5% de son Produit intérieur brut (PIB). En 2022, son PIB a dépassé pour la deuxième année consécutive la barre des quatre trillions yuans, environ 590 milliards de dollars.

La métropole est également au front de l’effort de réforme et d’ouverture conduit par le gouvernement chinois. Elle a drainé des investissements directs étrangers (IDE) d’une valeur de 103 milliards de dollars durant les cinq dernières années. Près de 9000 multinationales ont établi leurs sièges régionaux dans la ville.

Après trois années d’isolement dicté par la pandémie, la métropole est en train de multiplier les initiatives pour attirer les investisseurs et les touristes étrangers. Le mois dernier, le maire de la ville, Gong Zheng, a indiqué lors d’une conférence de presse, que la ville continue d’attirer des IDE, confirmant son positionnement comme « l’une des destinations les plus attrayantes au monde ».

Le rythme du retour des entreprises étrangères reste toutefois lent, estiment les analystes, relevant que Shanghai dispose, après le démantèlement des mesures anti-Covid, d’une opportunité de reconstruire la confiance qui s’est érodée durant la pandémie. Il y va, d’après eux, de l’avenir de tout un pays et son ambition de consolider la place qu’il s’est forgée parmi les principales puissances de la planète.

 

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