Colombie : Les négociations de paix avec les dissidents des FARC divisent la coalition au pouvoir

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Les membres dissidents des FARC qui ont créé un mouvement clandestin

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Bogota - L'entame de négociations entre le gouvernement colombien et les dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) démobilisées en vue de réaliser la "paix totale" promise par le président Gustavo Petro ont déjà commencé à diviser les acteurs politique et la coalition au pouvoir.

La réunion, qui a eu lieu à Caquetá (sud-ouest), a réuni le Haut-Commissaire pour la paix, Danilo Rueda, et des délégués de l' « état-major central » du groupe paramilitaire, en présence d’un représentant de la Mission des Nations Unies en Colombie et du gouvernement norvégien.

La rencontre que le président Gustavo Petro a qualifiée de "début de dialogue" entre le haut-commissaire à la paix et quatre membres dissidents des FARC, a provoqué des réactions mitigées au sein du Pacte historique, écrit le quotidien colombien El Colombiano.

Alors que certains ont défendu la réunion comme une étape nécessaire pour avancer vers la "paix totale" proposée par Petro, d'autres ont cité les risques de la négociation avec ce groupe de déserteurs de l'accord de paix signé en 2016 entre la guérilla démobilisée et le gouvernement.

L'un des points qui suscitent l'inquiétude est la possibilité de parvenir à un accord bilatéral de cessez-le-feu dès le début des pourparlers, avant même d’engranger le moindre acquis ou garantie pour l’Exécutif.

Dans une déclaration commune, signée par les parties présentes à cette réunion, ces dernières ont assuré qu'elles expriment la "volonté et la nécessité que ces dialogues soient fixés par un cessez-le-feu bilatéral, dont l'exécution doit être vérifiée".

Le sénateur Iván Cepeda (Pôle démocratique) a affirmé sur Twitter que "la recherche d'un cessez-le-feu multilatéral ne doit pas passer pour une faiblesse de l'État ou une concession naïve".

Pour lui, "ce n'est pas un problème de méthode ou de tactique de négociation. Il s'agit de la nécessité de protéger les populations dans les territoires comme une étape pour construire la paix totale".

Le sénateur Gustavo Bolívar (Mouvement Alternatif Indigène et Social), qui réagissait aux critiques du sénateur et ancien négociateur de paix du gouvernement, Humberto de la Calle, s'est joint à cette position pour défendre la réunion et son importance pour la paix.

Humberto de la Calle a affirmé que la "Segunda Marquetalia" (dissidence) et son chef, Ivan Marquez, "doivent tout simplement se soumettre", exprimant son inquiétude "car rien ne garantit qu'il ne manquera pas de nouveau à ses engagements. Qu'est-ce qui peut être négocié avec M. Márquez et la Segunda Marquetalia qui n'a pas été négocié à La Havane?", où a été négocié le premier accord de paix avec l’ancien gouvernement.

D'autre part, des critiques sont venues de dirigeants proches, comme l'ancien candidat à la présidence Juan Fernando Cristo (Parti Libéral), qui a déclaré : "La paix totale est un objectif qui mérite le soutien de tous les Colombiens. Mais vous ne pouvez pas mettre tous les groupes illégaux dans le même sac. Iván Márquez et tous ceux qui n'ont pas respecté l' (ancien) accord doivent se soumettre à la justice ordinaire".

Le président du Sénat, Roy Barreras (Pacte historique), n'a pas expressément commenté la réunion, mais il a laissé entendre qu'il avait des désaccords qu'il n'exprimerait "qu'en privé".

Sur son compte Twitter, Barreras a fait valoir trois points : "1. L'effort courageux et la noble intention du Commissaire à la paix dans ces réunions doivent être appréciés. 2. Les réunions exploratoires exigent de la prudence et leurs conclusions préliminaires doivent être privées, surtout si elles sont signées au nom de l'Etat. 3. Pour ces mêmes raisons de prudence nécessaire, je partagerai en privé avec le commissaire à la paix mes opinions sur la forme et le contenu de la réunion d'aujourd'hui".

L'ancien sénateur Carlos Fernando Galán, l'un des dirigeants du parti Nouveau Libéralisme, a critiqué la réunion et a déclaré que le gouvernement ne peut pas "donner un statut politique" aux dissidents.

"L'État colombien ne doit pas négocier avec les dissidents des FARC, il ne peut pas leur donner un statut politique. Ils doivent se soumettre à la justice. Point final", a écrit Galán, également ancien candidat à la mairie de Bogotá, sur Twitter, faisant référence au fait que précisément ces personnes n'ont pas profité de l'accord de paix signé par la guérilla et le gouvernement en 2016.

Alejandro Eder, qui a été conseiller présidentiel principal pour la réintégration entre 2010 et 2014, sous le gouvernement de Juan Manuel Santos, a assuré que "la seule option pour tout récidiviste signataire des accords de La Havane ou tout membre d'organisations criminelles fondées par les ex-FARC est la soumission à la justice."

Jusqu'à présent, le gouvernement n'a pas révélé d’amples détails sur la réunion ni sur les étapes à suivre lors d'une future négociation avec le groupe illégal.

 

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