Crise socio-économique : Ramaphosa sous pression pour un remaniement ministériel

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Malgré une vague de fond appelant à un meilleur leadership politique pour faire face aux maux qui déchirent le pays arc-en-ciel, les observateurs ne s’attendent qu’à des changements mineurs de l’exécutif.

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Par Hamid AQERROUT (Bureau de la MAP Johannesburg)

Johannesburg - Alors que les spéculations autour d'un remaniement ministériel s'intensifient en Afrique du Sud, sur fond de crise multidimensionnelle, la tension est montée d'un cran ces derniers jours avec des appels incessants au président Cyril Ramaphosa pour qu'il apporte les changements nécessaires.

Malgré une vague de fond appelant à un meilleur leadership politique pour faire face aux maux qui déchirent le pays arc-en-ciel, particulièrement une crise d’électricité très aigue, un taux de chômage record (35 pour cent) et une criminalité rampante, les observateurs ne s’attendent qu’à des changements mineurs de l’exécutif.

Ainsi, le ministre des Transports, Fikile Mbalula, quittera bientôt le gouvernement pour occuper à plein temps le poste de Secrétaire général du Congrès National Africain (ANC au pouvoir), alors que Paul Mashatile sera nommé vice-président de la République après la démission de David Mabuza.

Selon ces pronostics, Maropene Ramokgopa, Secrétaire générale adjointe de l'ANC et conseillère internationale de Ramaphosa, pourrait être nommée sous-ministre des Relations internationales ou ministre du Tourisme. Nombreux sont ceux qui parient que le chef de l’Etat va licencier la ministre du Tourisme, Lindiwe Sisulu, pour ses nombreuses attaques contre le parti au pouvoir.

Pour sa part, Parks Tau peut faire son entrée officielle dans les bâtiments de l'Union en occupant l'un ou l'autre des postes vacants. C’est un politicien chevronné qui a servi dans les gouvernements national, provincial et local et était l'un des meilleurs maires de Johannesburg.

Dlamini Zuma, ministre de la gouvernance coopérative et des affaires traditionnelles, devrait, selon toute vraisemblance, rester au gouvernement malgré les mesures disciplinaires prises à son encontre par l'ANC pour avoir voté, en octobre 2022, pour le rapport d’une Commission d’enquête recommandant d’engager la procédure de destitution de Ramaphosa pour son implication dans l’affaire Phala Phala.

D’aucuns se demandent alors si avec ce léger remaniement très attendu, Ramaphosa et son gouvernement seront-ils assez efficaces pour résoudre toutes les crises auxquelles l'Afrique du Sud est actuellement confrontée ?. Pour tout observateur averti, la réponse c’est décidément non, car ces légers changements ne sont pas une panacée et le pouvoir en Afrique du Sud réside dans la super présidence.

En effet, le gouvernement est dépouillé de nombre de ses prérogatives et le véritable pouvoir se trouve entre les mains du «Cabinet présidentiel», un gouvernement restreint composé de huit conseillers de Ramaphosa qui remplissent les rôles de ministres.

Depuis 2017, Ramaphosa a mis en place le système «Cabinet dans un Cabinet». Ainsi, ce «Cabinet présidentiel» est plus jeune, technocratique, avisé et plus pragmatique que l’exécutif qui dirige le pays.

De surcroit, la politique de l'ANC détermine qui doit être dans la structure formelle, sachant que sa composition doit rendre hommage à toutes les factions au pouvoir. C’est ainsi que la super-présidence gère les artères vitales du gouvernement : L'Agence de sécurité de l'État, qui regroupe l'ensemble du système de renseignement, opère à partir de la Présidence sous l'autorité du ministre Mondli Gungubele.

Idem pour tous les principaux programmes gouvernementaux qui sont gérés par la Présidence, particulièrement le Plan d'action énergétique et le Plan présidentiel de stimulation de l'emploi des jeunes.

Faisant observer que la Présidence est un gouvernement dans un gouvernement, des analystes estiment que bien que ses intentions soient bonnes et que les personnes qui le dirigent soient jeunes et talentueuses, il est devenu trop grand avec trop de structures et de réunions pour être efficace.

Cela signifie que les Sud-africains ne devraient pas retenir leur souffle pour un remaniement ministériel radical, et ce bien que Ramaphosa puisse utiliser les 36 postes de sous-ministres pour apporter d'autres changements à l'exécutif.

 

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