Drame de M’lilia: Madrid accuse les mafias, appels au Maroc à une enquête ''approfondie'', mais encore…

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Le bilan humain est - de très loin - le plus meurtrier jamais enregistré lors des nombreuses tentatives de migrants subsahariens de pénétrer à Mélilia, indique l’AFP. Oui, mais on en oublie les milliers de victimes, qui meurent, se noyant en mer dans l’indifférence. 1 146 personnes sont mortes en mer au cours du premier semestre 2021 pour atteindre 3000 décès en à la fin de l’année

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Quid avec AFP

Des voix s'élèvent samedi au Maroc pour réclamer une enquête "approfondie" au lendemain de la mort d'au moins 23 migrants lors d'une tentative d'entrée massive dans la ville de M’lilia, située en territoire, tandis que l'Espagne a dénoncé avec force des "mafias" et "une attaque" contre ce qu’elle appelle son "intégrité territoriale".

Selon une source des autorités locales marocaines, 23 migrants en situation irrégulière ont péri lorsque près de 2.000 d'entre eux ont tenté de pénétrer par la force vendredi matin dans l'enclave espagnole.

Cette source a ajouté que "18 migrants et un membre des forces de l'ordre restent sous surveillance médicale".

"Assaut violent et organisé" 

Le Premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sánchez, a décrit ce drame comme un "assaut (...) violent et organisé de la part de mafias qui se livrent au trafic d'êtres humains, contre une ville qui est un territoire espagnol".

"Par conséquent, il s'est agi d'une attaque contre l'intégrité territoriale de notre pays", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Madrid.

Eduardo de Castro, colon en chef de M’lilia, a déclaré, cynique et sournois : "ces (migrants) subsahariens envahissent un territoire de manière violente, ce n'est pas la première fois, mais le Maroc doit avoir une certaine proportionnalité". Que n’aurait-il pas dit si les forces de l’ordre n’avaient rien fait pour entraver la ruée vers ‘’l’Europe’’ qui a érigé la mer, les visas et les barbelés en mur pour empêcher les réfugiés économique d’atteindre ses rives, laissant constamment leur tribut de morts, chaque fois par dizaines, dans les profondeurs ténébreuses de l’Atlantique et de la méditerranée. Invisible à l’œil nu qui se détourne pour cacher ce drame qu’il ne veut boire, sans jamais qu’une ONG quelconque réclame une enquête approfondie sur les raisons profondes de ce malheur collectif. 1 146 personnes sont mortes en mer au cours du premier semestre 2021 pour atteindre 3000 décès en à la fin de l’année. A destination de la seule Espagne, le nombre des morts en mer est passé de 600 en 2013 à 5006 trois ans plus tard. En méditerranée centrale on compte plus de 17 000 morts et disparitions enregistrées depuis 2014.

A M’lilia, sur deux milles assaillants, seulement 130 migrants sont parvenus à entrer vendredi, dont l'un restait hospitalisé, selon des sources espagnoles. Il s'agit majoritairement de Soudanais, selon un photographe de l'AFP qui a pu leur parler.

Ceux qui ont péri ont trouvé la mort "dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer" lors d'"un assaut marqué par l'usage de méthodes très violentes de la part des migrants", précisent les autorités locales marocaines.

Le bilan humain est - de très loin - le plus meurtrier jamais enregistré lors des nombreuses tentatives de migrants subsahariens de pénétrer à M’lilia et dans l'autre territoire occupé de Sebta. Beaucoup moins que ceux qui périssent dans les tentatives périlleuses dans des embarcations précaires, bravant la houle et ses obstacles.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) ont réagi conjointement pour exprimer "leurs plus vives inquiétudes" et rappeler la nécessité "en toutes circonstances de prioriser la sécurité des migrants et des réfugiés" et "l'importance de trouver des solutions durables pour les personnes en situation de déplacement".

Un syndicat qui défend les droits des travailleurs migrants, l'Organisation démocratique du travail (ODT), a exhorté le gouvernement "à ouvrir une enquête sur ce drame tragique et à faire le nécessaire en faveur des victimes des deux côtés", clandestins et policiers.

De nombreux témoignages mettent en avant la violence de part et d'autre lors des évènements de vendredi.

"C'est la tentative" d'entrer à M’lilia "la plus violente que j'ai jamais vu", a confié Rachid Nerjjari, serveur dans un café situé en face de la clôture, dans le quartier marocain de Barrio Chino. Il a assuré avoir vu "des migrants armés de bâtons et de barres de fer".

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