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Droits de l'Homme : La leçon de Bourita aux donneurs de leçons
Nasser Bourita, ministre marocain des AE (d) et son homologue française Catherine Colonna le vendredi 16 décembre 2022 à Rabat
Salé – Le Royaume du Maroc appelle à un renouveau de la diplomatie des droits de l’Homme car les prochaines années seront cruciales, a souligné, vendredi, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.
Les évaluateurs autoproclamés
"Le meilleur outil dont dispose la communauté internationale reste, sans doute, une diplomatie ambitieuse, patiente et réfléchie qui construit, dans le dialogue et la coopération, un système international des droits de l’Homme plus équilibré qui trouve, aussi, la voie de générer une discussion plus active sur les droits économiques et sociaux alors que les inégalités sociales globales et l’insécurité économique mondiale s’approfondissent, sous nos yeux, de jour en jour", a affirmé M. Bourita dans une allocution vidéo lors du pré-forum mondial des droits de l’Homme de Rabat.
"D’aucuns, érigés en évaluateurs autoproclamés des droits de l’Homme sur notre Continent, a-t-il soutenu, s’arcboutent sur des postures qui mettent de côté le dialogue et la coopération comme fondements de la protection et de la réalisation des droits de l’Homme pour adopter malheureusement, des positions de double standard et de politisation qui, loin de servir la cause des droits de l’Homme, fragilisent ses fondements".
Rejet de toute tutelle
Et de poursuivre : "Il n’y pas une quelconque tutelle sur les questions des droits de l’Homme, il n’y pas de légitimité d’office à des dictat d’évaluations extérieures et il n’y a pas d’alternative sérieuse à l’appropriation progressive, individuelle et collective de l’universalité des droits de l’Homme".
Faisant observer que "notre trajectoire d’affirmation sur la scène mondiale ne saurait être prise en otage par des logiques de confrontations qui nourrissent des processus de fracture fragilisant de surcroit la solidarité internationale dans la défense des droits de l’Homme", M. Bourita a rappelé que notre Continent est appelé à s’organiser et à consolider ses positions sur le débat international des droits de l’Homme qui s’annonce dans les prochaines années.
Une nouvelle Convention de Vienne
Le ministre a précisé que l’opportunité, voire la nécessité d’une nouvelle Convention de Vienne sur les droits de l’Homme pour faire évoluer, moderniser et approfondir le système international des droits de l’Homme pourrait rapidement émerger sur l’agenda international, appelant à réfléchir sur les réponses aux défis qui se présentent pour apporter une touche africaine à cette nouvelle étape et pour faire avancer les principes universels des droits de l’Homme.
Il a, par ailleurs, souligné que le Maroc, sous la conduite du Roi Mohammed VI, continue, inlassablement, de promouvoir sa dynamique nationale dans le domaine des droits de l’Homme dans leur globalité et universalité comme vecteur de développement.
Ce choix irréversible, a-t-il dit, se confirme par les nombreuses avancées qui ont été réalisées sur l'ensemble des droits civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux.
"Les droits de l’Homme et l'ancrage de l'Etat de droit étant d’abord et avant tout, des chantiers permanents, aujourd'hui encore, nos pays doivent poursuivre leurs efforts et leurs actions dans le but de renforcer leurs acquis et créer de nouvelles opportunités, tant aux niveaux national et régional qu'international", a-t-il noté.
Les leçons, sur les droits de l’homme sont le fruit des actes de ceux qui agissent pas de ceux qui les donnent
M. Bourita a fait remarquer, à cet égard, qu’ "il est grand temps d’adopter une approche intersectorielle en se ralliant à une dynamique de coopération approfondie et de dialogue élargi entre nos pays, tels que nous le faisons aujourd'hui, à l'occasion de ce pré-forum et que nous le ferons bientôt à Buenos Aires".
"Les plus grandes leçons, sur les droits de l’Homme ou sur tout autre sujet, a-t-il asséné, ne sont pas tirées de ceux qui pensent pouvoir les donner mais sont le fruit des actes de ceux qui agissent".
Organisé par le Conseil National des Droits de l’Homme en collaboration avec le Centre international pour la promotion des droits de l'Homme (CIPDH)-UNESCO, ce pré-forum est tenu en prélude de la 3e édition du Forum mondial des droits de l’Homme qui aura lieu à Buenos Aires en mars prochain.
Ce pré-forum de deux jours, auquel prennent part plus de 300 militants et militantes des droits de l'Homme venant de 50 pays, se penche sur les défis et les développements enregistrés au niveau des questions relatives aux changements climatiques, à la justice transitionnelle et la mémoire et à la migration.