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Espagne : Le PSOE et un PP toujours aussi hostile au Maroc se lancent dans une rude bataille électorale
Réunion à la Moncloa de Pedro Sánchez et Alberto Núñez Feijóo qui cherche à évincer de la Présidence du gouvernement
Madrid - À huit mois des élections générales, le président du gouvernement et secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sánchez, et le président du Parti populaire (PP), principale formation de l'opposition, Alberto Núñez Feijóo, mettent les bouchées doubles dans la campagne pour les élections municipales et régionales du 28 mai, conscients de l'effet que ces résultats auront sur l'état d'esprit des Espagnols pour les prochains scrutins.
Des alliances nature et contre nature
Le PP de Mario Rajoy plus ou moins pondéré à l’égard du Maroc, semble avoir vécu. Au moins le temps d’une campagne électorale. Sous l’impulsion de son chef de file, Alberto Núñez Feijóo, il glisse, selon la formule du ministre des Affaires étrangères espagnol José Manuel Albares vers des « positions anti-marocaines » prenant « au fond, [un] tournant [et opérant] un retour aux origines du Parti Populaire, un retour à une politique conflictuelle avec le Maroc, un retour à Perejil » quand la confrontation maroco-espagnole autour de l’Ile Leila en juillet 2022 a failli dégénérer n’eut été l’intervention américaine et le déplacement en Espagne pour dissuader Azanar de commettre l’irréparable, du général Colin Powell, alors secrétaire d’Etat après avoir été chef d’état-major des armées US.
Sur ce terrain, on assiste à une alliance naturelle entre le PP, toujours travaillé par ses démons fascisto-franquistes, et le parti d’extrême droite Vox mené par Santiago Abascal, et, une autre, en principe moins normale. Celle avec leurs ennemis de toujours, les communistes déguisés en extrême gauche moderne et européenne au sein de PODEMOS dont, toute honte bue, une adepte stalinienne, Yolanda Diaz, numéro deux théorique du gouvernement, nous a donné un avant-goût en qualifiant le Maroc de ‘’dictature’’ sans se soucier que ce faisant elle se retrouve dans le même bord que l’enfant naturel de Franco, José Maria Aznar, qui, sur le retour, y met son grain anti marocain. Mais quand il s’agit du Maroc, les frontières idéologiques et le passé dramatique de la guerre civile s’effacent apparemment.
L’offensive de Pedro Sanchez
Outre le querelle autour du Maroc, le débat direct et sans merci entre le président du gouvernement et le chef de l'opposition, cette semaine au Sénat, a été un indicateur de la rude bataille électorale qui s'annonce, les deux dirigeants étant déterminés à s’épuiser mutuellement faisant usage de tous les moyens possibles.
Pedro Sánchez n'est pas obligé de se présenter à la Chambre haute, mais il a demandé à le faire pour la quatrième fois avec deux objectifs : continuer à fixer l'ordre du jour en matière de logement (il a promis de construire 20 000 logements sur les terrains du ministère de la Défense) et réchauffer son duel avec le chef du PP.
"Son saut dans la politique nationale a été une déception", a-t-il lancé à Núñez Feijóo, qui a proclamé son intention, d'ici décembre, de "renverser Pedro Sanchez du pouvoir".
La proposition de loi sur l'irrigation au parc national de Doñana, une mosaïque d'écosystèmes dont la biodiversité est unique en Europe, la réforme d’une loi sur l’agression sexuelle et la situation économique ont été les munitions qu'ils se sont échangées dans un duel plus personnel que jamais.
M. Sánchez dispose d'un temps de parole illimité en raison de son statut de membre du gouvernement, ce qui n'est pas le cas pour M. Feijóo dans ce format d'apparition parlementaire auquel participent également les autres groupes de la chambre haute. Ainsi, le chef des socialistes a été le premier à prendre la parole et a commencé par condamner fermement la guerre en Ukraine, mettant en garde contre ses conséquences. "Le gouvernement considère qu'il est nécessaire de continuer à protéger ses citoyens, et je reste fermement engagé à allouer toutes les ressources nécessaires pour les protéger des effets de la guerre", a-t-il déclaré.
Il a également mis en garde contre les effets de l'urgence climatique et de la sécheresse et souligné le "bouclier social" de 45 000 millions d'euros que le gouvernement a mis en place pour éviter que les effets de l'inflation n'affectent les familles.
"Le PIB a de nouveau augmenté pour la deuxième année consécutive de 5 %, soit plus que les principales économies de la zone euro, et l'emploi a progressé avec toute la complexité voulue", a-t-il exposé. Il s'est félicité de la réduction des taux de pauvreté et a salué les bons progrès de l'économie espagnole.
La réplique de Feijóo
Après le discours de M. Sánchez, qui a duré plus d'une heure, le chef du PP a pris la parole pour répondre au président du gouvernement. M. Feijóo a reproché le manque de transparence de la part de l'exécutif en ce qui concerne les envois d'armements et de chars d'Espagne vers l'Ukraine, et a critiqué les données fournies par le président en ce qui concerne les indicateurs économiques.
"L’Espagne est le pays européen qui a perdu le plus de pouvoir d'achat et celui qui a l'impôt sur le revenu le plus élevé", a-t-il martelé.
M. Feijóo a rappelé la polémique sur les trains qui ne passent pas dans les tunnels en Cantabrie, les affaires de corruption ou la grève des juges et des procureurs, pour reprocher à M. Sánchez son discours. "Vous vivez de la dette, du déficit, de l'augmentation des impôts, vous vivez de l'appauvrissement des revenus moyens et bas de l'Espagne", a-t-il allégué.
En ce qui concerne le logement, le leader "populaire" a critiqué l'annonce de 20.000 nouveaux logements publics, "alors qu'ils relèvent de la responsabilité des communautés autonomes".
A un mois du scrutin du 28 mai, le gouvernement et l’opposition seront à couteaux tirés pour gagner la confiance des électeurs et consolider leur position en perspective des élections générales, prévues en décembre.