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FMI-Banque mondiale: des enjeux à la pelle au menu des assemblées annuelles
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva - Près de 14.000 délégués issus de 189 pays membres de ces deux institutions sont attendus à l'occasion de ce rendez-vous d'envergure
Par Omar ACHY (MAP - Pole Amérique du nord)
Washington - Les responsables de la politique financière mondiale convergent à Washington à partir de ce lundi pour les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) sur fond d'enjeux multiples liés à des perspectives économiques incertaines avec la persistance de la flambée des prix des denrées alimentaires et énergétiques, le spectre d'une crise de la dette, et de la montée des tensions géopolitiques.
"Alors que les tensions géopolitiques s’intensifient et que l’inflation reste élevée, une reprise vigoureuse reste insaisissable, ce qui compromet les perspectives de tous, en particulier les personnes et les pays les plus vulnérables", a alerté la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, dans son discours inaugural en prélude à ces assemblées qui se poursuivent jusqu'au 16 avril.
Elle a alerté que la pauvreté et la faim pourraient s’aggraver, en suivant une tendance dangereuse déclenchée par la crise du COVID.
Et de fixer trois priorités : la lutte contre l’inflation et la sauvegarde de la stabilité financière; l'amélioration des perspectives de croissance à moyen terme; et la promotion de la solidarité pour réduire les disparités dans le monde.
Ces dossiers pressants seront passés au crible lors de ce conclave dit de printemps du FMI et de la Banque mondiale, qui réunit chaque année les dirigeants du secteur public (banques centrales, ministères des finances et du développement, parlementaires) et du secteur privé, ainsi que des représentants d’organisations de la société civile et experts issus des milieux universitaires.
Les débats vont ainsi se focaliser sur les perspectives économiques, la stabilité financière, le spectre de la dette avec un niveau d’endettement au plus haut depuis 50 ans pour les pays en développement, l’impact du changement climatique ou encore l’efficacité de l’aide.
Les décideurs seront appelés notamment à atténuer les risques découlant de la montée des tensions géopolitiques, avec en tête la guerre russo-ukrainienne aux répercussions mondiales et les désaccords croissants entre Washington et Pékin, qui menacent la stabilité macro-financière.
Le FMI, qui projette que la croissance de l’économie mondiale cette année soit inférieure à 3 %, a averti que ses perspectives de croissance économique mondiale pour les cinq prochaines années sont les plus faibles depuis plus de trois décennies.
Le monde pourrait perdre des milliards de dollars de production économique future si "les tensions géopolitiques continuent à s’accentuer et si les pays se divisent davantage selon des clivages géopolitiques", alerte encore l'institution de Bretton Woods.
Outre les investissements et les flux des capitaux, les dirigeants auront besoin de trouver les bons outils pour concilier stabilité financière et stabilité des prix dans un contexte perturbé pour les intermédiaires financiers non bancaires et une hausse rapide des taux d'intérêt.
Pour les responsables américains dirigés par la secrétaire au Trésor Janet Yellen, l'enjeu sera de rassurer sur la santé du secteur bancaire et la réponse de Washington aux faillites de banques régionales en mars dernier et d'éventuelles retombées sur l'économie mondiale.
Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), la croissance devrait être plus lente cette année alors que la hausse à deux chiffres des prix des produits alimentaires exerce une pression supplémentaire sur les ménages pauvres et l’insécurité alimentaire pourrait se répercuter sur plusieurs générations.
"La hausse des prix des produits alimentaires a des effets dévastateurs sur les familles pauvres. L’insécurité alimentaire aura des conséquences à long terme sur plusieurs générations qui limiteront malheureusement les perspectives de beaucoup, beaucoup de jeunes", souligne Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA.
La situation ne prête pas à l'optimisme non plus au niveau de l'Afrique subsaharienne ou la croissance reste faible, "tirée vers le bas par l'incertitude de l'économie mondiale, la sous-performance des plus grandes économies du continent, une inflation élevée et une forte décélération de la croissance de l'investissement", selon la dernière édition de l'Africa's Pulse de la Banque mondiale.
"La faiblesse de la croissance, combinée aux vulnérabilités de la dette et à une croissance morose des investissements, risque de faire perdre une décennie à la réduction de la pauvreté", selon Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique.
En tant que futur pays hôte des assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international en octobre prochain (9-15), le Maroc sera fortement représenté tant par une délégation de haut niveau que par un riche programme de promotion du Royaume aux sièges des deux institutions internationales.
L'édition de Marrakech marque le retour de ces assemblées en Afrique après celles tenues pour la première fois à Nairobi au Kenya, il y a 50 ans.
Près de 14.000 délégués issus de 189 pays membres de ces deux institutions sont attendus à l'occasion de ce rendez-vous d'envergure qui se tient principalement à Washington et, tous les trois ans, dans un pays membre autre que les États-Unis.