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France: huitième jour de manifestations et grèves contre une réforme des retraites décriée
Une manifestante pose avec une pancarte indiquant "Macron, prenez votre retraite, pas la nôtre" lors d'une manifestation à Lille, dans le nord de la France, le 15 mars 2023, lors de la huitième journée de grèves et de protestations à travers le pays contre la réforme des retraites proposée par le gouvernement. La France est confrontée à une nouvelle journée de grève en raison d'une réforme des retraites très contestée, que le président semble sur le point d'adopter malgré des mois de protestatio
Pour la huitième fois depuis janvier, les opposants à une réforme des retraites très impopulaire, voulue par Emmanuel Macron, ont manifesté mercredi en France pour maintenir la pression, alors que les parlementaires s'emploient à trouver un compromis sur ce texte que le gouvernement apparaît déterminé à faire adopter, avec ou sans vote.
"Je dis aux parlementaires, ne votez pas cette loi, elle est déconnectée de la réalité concrète du travail", a lancé Laurent Berger, secrétaire général du syndicat réformiste CFDT, avant le départ de la manifestation parisienne en début d'après-midi.
Depuis le 19 janvier, des millions de Français ont déjà manifesté à sept reprises pour dire leur refus de cette réforme.
Sa mesure phare, le recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, cristallise la colère. Les opposants à cette réforme la juge "injuste", notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.
Le gouvernement français a choisi de relever l'âge légal de départ à la retraite pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.
La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables.
A Marseille (sud), 7.000 personnes ont défilé mercredi selon la préfecture, 160.000 selon l’intersyndicale. Le 7 mars, point culminant de la contestation, la police avait recensé 30.000 manifestants et les syndicats 245.000.
Dans toute la France, la police prévoyaitt une mobilisation moindre.
Après les manifestations record du 7 mars, et une journée de mobilisation moins suivie samedi, l'intersyndicale veut, avec cette nouvelle journée d'action, peser une ultime fois sur le vote des députés, alors que la majorité n'est pas acquise au gouvernement, qui a besoin du soutien de la droite.
Sept députés et sept sénateurs se sont réunis à huis clos en commission mixte paritaire (CMP), pour chercher un accord sur la réforme, indispensable avant un éventuel vote final à l'Assemblée nationale jeudi.
Sans surprise, les parlementaires ont adopté le fameux article 7 du projet, qui prévoit le report de l'âge légal de 62 à 64 ans. Les partisans de ce recul de l'âge légal sont nettement majoritaires dans la composition de cette commission.
En cas de succès, le texte sera soumis jeudi matin au Sénat, dominé par la droite, qui le validera une dernière fois. Mais le suspense demeure sur le vote qui devra suivre dans l'après-midi à l'Assemblée avec les divisions qui perdurent au parti Les Républicains (droite).
Déchets amoncelés dans Paris
"Plus que jamais, le gouvernement cherche à ce qu'une majorité naturelle puisse soutenir cette réforme urgente et cruciale pour notre pays", a déclaré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, à l'issue du Conseil des ministres.
L'incertitude pourrait pousser le gouvernement à recourir à l'arme constitutionnelle du 49.3, permettant une adoption sans vote au Parlement. Mais il espère ne pas avoir à utiliser cette mesure, qui ajouterait encore à l'impopularité d'une réforme rejetée par la majorité des Français.
Au dixième jour de grèves des éboueurs opposés à cette réforme dans les rues de Paris, l'amoncellement des poubelles dans cette capitale mondiale du tourisme s'aggravait, avec 7.600 tonnes de déchets encombrant les trottoirs, selon la mairie.
Les éboueurs et agents de propreté de la Ville de Paris ont voté mardi soir la poursuite de la grève "au moins jusqu'au 20 mars".
Outre le ramassage des déchets, les grèves reconductibles se poursuivent dans plusieurs secteurs clés.
Les baisses de production d'électricité en France s'élevaient mercredi matin à 10.710 MW, l'équivalent de dix réacteurs nucléaires, selon la direction de l'entreprise publique d'électricité EDF.
Le Fort de Brégançon, résidence officielle de la présidence de la République, dans le sud, a été touché par des coupures de courant.
En ce qui concerne le gaz, les salariés de quatre terminaux méthaniers français et de 11 sites de stockage ont reconduit leur grève jusqu'au début de la semaine prochaine.
Plusieurs raffineries sont toujours en grève mercredi.
A la compagnie nationale ferroviaire SNCF, le trafic reste perturbé.
Dans les airs, 20% des vols ont été supprimés à l'aéroport Paris-Orly en raison d'une grève des contrôleurs aériens.
Dans le transport routier, des blocages sont aussi mis en place dans le pays.
Le président français Emmanuel Macron joue une part importante de son crédit politique sur cette réforme, mesure phare de son second quinquennat, mais qui cristallise la grogne d'une partie des Français à son encontre. (AFP)