Gazoduc MidCat : Madrid le veut, Berlin le soutient, Bruxelles n’est pas contre, Paris s’y oppose

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Lancé en 2013, le projet du gazoduc MidCat divise la France et l’Espagne soutenue fermement pas l’Allemagne

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Le débat sur le MidCat reste ouvert malgré la position de Bruxelles et de la France, selon Madrid. La troisième vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, a défendu que le débat sur le MidCat, le gazoduc entre l'Espagne et la France à travers les Pyrénées, est toujours "ouvert", malgré le fait que la Commission européenne ait évité de soutenir le projet et que le président français, Emmanuel Macron, l'ait rejeté.

L’appellation du projet de gazoduc Midcat vient de l’abréviation de Midi (sud de la France) et de Catalogne (nord-est de l'Espagne), les deux régions qu'il connecterait - et permettrait à l'Espagne, mais aussi au Portugal, d'acheminer du gaz, provenant sous forme de GNL des Etats-Unis ou du Qatar, vers l'Europe centrale en passant par la France.

Lancé en 2013, le projet a été abandonné en 2019 par Paris et Madrid en raison de son impact environnemental et de son faible intérêt économique. Mais la guerre en Ukraine et les menaces russes d'un arrêt des livraisons de gaz à l'UE ont remis le sujet sur la table.

"Je pense qu'il est important de comprendre ce que la Commission (européenne) a dit et ce qu'elle n'a pas dit’’, a précisé la ministre espagnole. ‘’Ce qu'elle a dit, c'est que c'est un projet qui ne figure pas sur la liste des projets d'intérêt communautaire. Parce qu'il est vrai que cette liste, qui est mise à jour périodiquement, est antérieure au débat qui a surgi en ce moment dans le contexte européen", a déclaré la ministre lors de la conférence de presse qui a suivi le Conseil des ministres de mardi.

Elle a toutefois souligné que le MidCat figure bien dans l'annexe des infrastructures importantes du plan RepowerEu, qui "a été adopté par les chefs d'État et de gouvernement sur proposition de la Commission européenne avant l'été".

Bruxelles renvoie aux partenaires

À Bruxelles, le porte-parole de l'exécutif européen pour l'énergie, Tim McPhie, a indiqué que la Commission européenne ne pouvait pas donner une "position spécifique" sur le projet pour le moment, étant donné que "les États membres et les promoteurs doivent progresser dans l'analyse des possibilités de faisabilité" du projet.

En ce sens, Mme Ribera a souligné qu'" il est logique" que lorsqu'il existe une coïncidence d'intérêts entre les pays par le territoire desquels passe ce type d'infrastructure, il est "facile" pour eux d'avancer.

Toutefois, la ministre a également défendu la nécessité d'envisager ce type d'infrastructure à un moment "exceptionnel" et a fait valoir que l'approche de l'Espagne concernant le gazoduc est qu'il pourrait également être utilisé à l'avenir pour transporter de l'hydrogène vert.

Scholz défend de nouveau l'idée d'un gazoduc 

Le chancelier allemand Olaf Scholz a, lui, réitéré mardi son soutien appuyé à un gazoduc à travers les Pyrénées afin "d'améliorer les interconnexions du réseau gazier" européen sur fond de crise de l'énergie provoquée par la guerre russe en Ukraine.

"Je veux de nouveau souligner que je soutiens beaucoup une telle connexion", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse avec son homologue espagnol Pedro Sanchez à Meseberg, au nord de Berlin.

Ce pipeline, vu d'un œil méfiant par Paris, serait en mesure "d'améliorer aujourd’hui les interconnexions du réseau gazier européen et à long terme, il s'agit aussi d'utiliser ensemble l'hydrogène" vert en Europe, a détaillé le chef de l'exécutif allemand.

M. Scholz avait déjà affirmé le 11 août que ce gazoduc "nous (manquait) hélas aujourd'hui dramatiquement", car il "contribuerait massivement à soulager et détendre la situation de l'approvisionnement, alors que la Russie a déjà drastiquement réduit ses livraisons de gaz, dont l'Allemagne est très dépendante.

"Je suis très reconnaissant à l’égard du fait que le chancelier allemand partage la vision d’une nécessité de renforcer ces interconnexions", a déclaré à Berlin M. Sanchez, qui était invité au séminaire du gouvernement, ce qui est relativement rare.

"Actuellement, les interconnexions énergétiques de la péninsule ibérique avec le marché européen de l'énergie sont inférieures à 3%, elles sont donc très loin des engagements que nous avons tous pris devant la Commission européenne" avec le Portugal et la France, a-t-il pointé.

Le problème pour Madrid est que le manque d'intérêt de Paris persiste. Face à cette situation, M. Sanchez s'est déjà dit prêt à remplacer la France par l'Italie via un gazoduc sous-marin.

Macron hostile au projet

Il n'y a "pas d'évidence" au "besoin" d'un nouveau gazoduc entre la France et l'Espagne, a estimé lundi le président français Emmanuel Macron, interrogé sur le projet Midcat, soutenu par Madrid et Berlin.

En Europe, "on a besoin de plus d'interconnexion électrique. Je ne suis pas convaincu qu'on ait besoin de plus d’interconnexion gazière, dont les conséquences, en particulier sur l'environnement, et en particulier sur l'écosystème, sont plus importantes. (...) Il n'y a pas d'évidence de besoin, il n'y a pas d'évidence aujourd'hui, pas d'évidence demain, il y a de vraies difficultés", a déclaré M. Macron, lors d'une conférence de presse, au sortir d'un entretien avec le chancelier allemand Olaf Scholz. (Quid avec MAP et AFP)

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