Incendie lors des émeutes dans le camp de Dakhla à Tindouf

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Incendie lors des émeutes dans le camp de Dakhla à Tndouf /TWITTER : @BARLAMANEFR

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Par Saïd Jedidi (traduit de l’espagnol, InfoMarruecos.ma)

Hach Amed attribue l'agression contre sa famille à une "vengeance" du Polisario en raison du "succès" du mouvement sur le plan international et sur le terrain, qui considère qu'il est possible de s'asseoir avec le Maroc et d'envisager une "large autonomie".

"Un groupe armé du Front Polisario a battu ma nièce et mon oncle sans aucune explication", affirme le premier secrétaire du Mouvement sahraoui pour la paix (MSP), Hach Ahmed Bericalla, décritvant l'agression subie par ses proches jeudi soir dernier dans le camp de Dakhla, à 160 kilomètres de la ville de Tindouf, et qui a été à l'origine des révoltes déclenchées depuis lors parmi les habitants de l'enclave. 

Le leader du MSP attribue cette attaque à une "vengeance" du Polisario contre le succès de son organisation, qui promeut une solution pacifique au conflit par opposition à une "solution militaire" et qui gagne de plus en plus de force au niveau international et au sein même des camps de réfugiés sahraouis.

Sa nièce, Hassina Salem Ahmed, et son oncle octogénaire, Buh Habub, ont été battus et ont dû être admis à l'hôpital du camp. Ils ont quitté l'hôpital, mais les traces de coups sur leurs corps "sont évidentes, surtout sur la fille". Il accuse également les agresseurs d'avoir agi comme la Gestapo, la police secrète de l'Allemagne nazie.

Ces événements ont conduit cette nuit-là à une série d'émeutes violentes qui se sont traduites par l'incendie de véhicules et la destruction de matériel. 

Après cette nuit de chaos, le camp de Dakhla s'est levé vendredi dernier avec un contingent de troupes du Polisario. Très inquiétant aux yeux du Mouvement Sahraoui pour la Paix qui met en garde contre la possible augmentation de la répression contre les dissidents du Front Polisario ces derniers jours dans les enclaves sous son contrôle. Il rapporte que la population civile a "peur" et "s'inquiète du prochain chapitre". 

Le leader du MPS juge surréaliste que ni les Nations Unies ni l'Algérie ne soient encore intervenues pour préserver l'ordre, rappelant que ce n’est pas la première fois que le Polisario s'en prenne à la famille de Hach Ahmed. En septembre dernier, lors de la première conférence internationale pour la paix et la sécurité au Sahara organisée par le MSP à Las Palmas de Gran Canaria, en présence de l'ancien président du gouvernement espagnol José Luis Rodríguez Zapatero, de l'ancien ministre José Bono et du président de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen, Juan Fernando López Aguilar, les proches du leader du MPS ont été intimidés par une "foule" qui s'est rassemblée devant leur maison. Un "lynchage moral" provoqué par "l'intolérance semée par le Polisario" partout où il peut se mouvoir, affirme Hach Ahmed.

Le secrétaire ne trouve pas de motif précis à cet épisode de violence. Il affirme cependant qu'il est lié à la présence internationale accrue du Mouvement sahraoui pour la paix et à son intention d'adhérer à l'Internationale socialiste, une organisation internationale de partis sociaux-démocrates actuellement présidée par le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et dont le Front Polisario est un membre consultatif. "Nous voulons d'abord adhérer en tant qu'observateurs, mais notre intention est de devenir membres à part entière", explique Hach Ahmed.

UN CAS QUI N'A RIEN D'EXCEPTIONNEL

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Véhicule incendié lors des émeutes

Rafael Esparza, expert du Maghreb, souligne que de tels actes sont la norme dans les camps où le Front Polisario exerce un "contrôle de fer" avec l'approbation de l'Algérie, qui souhaite accroître son influence au Maghreb contre les intérêts du Maroc. "Pour aller d'un camp à l'autre, les réfugiés ont besoin d'un laissez-passer, ils le font pour éviter la contagion en cas de soulèvement", explique M. Esparza.

Aujourd'hui, grâce à l'utilisation accrue des téléphones portables par les habitants de ces villages, les événements sont plus largement diffusés et réprimés. Parallèlement, avec l'organisation sur le terrain du Mouvement sahraoui pour la paix, la dissidence s'est renforcée, ce qui, selon le spécialiste, "les rend assez nerveux".

Le leader pacifiste dénonce le fait que la population civile vit dans la crainte d'éventuelles représailles.

Le MSP est né en 2020 avec la vocation de promouvoir une "troisième voie" contre l'indépendance totale du Front Polisario, qu'il qualifie de "nature totalitaire" qui reste ancrée dans le militarisme et "la légende noire du passé", et l'autonomie offerte par le Maroc.

L'organisation de Hach Ahmed vise à rechercher une solution pacifique à un conflit qui fait rage depuis plus de 50 ans au Sahara occidental. Ils préconisent comme solution possible de s'asseoir avec le Maroc et d'explorer une "large autonomie".

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