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Israël: accueil critique de la presse au gouvernement Netanyahu, une menace pour ‘’l’Etat de droit’’
‘’Le mandat de Yariv Levin [à gauche sur la photo avec Netnayahu] est clair: "détruire l'Etat de droit, les institutions et tout le système" (Haaretz)
Les grands médias israéliens réservaient vendredi un accueil froid au nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahu, craignant une réforme du système judiciaire à l'heure où le Premier ministre est jugé pour corruption dans une série d'affaires.
Après les élections du 1er novembre et les semaines de négociations avec des partis ultra-orthodoxes et des formations d'extrême droite, Benjamin Netanyahu a prêté serment jeudi à la tête du gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël.
Et de tous les portefeuilles distribués, celui qui retient vendredi le plus l'attention demeure celui de la Justice à Yariv Levin, un proche du Premier ministre.
"Ce qui devrait effrayer le plus ceux qui craignent un changement drastique dans le système israélien, des changements du système judiciaire qui vont transformer complètement le caractère démocratique de l'Etat d'Israël, est la nomination de Yariv Levin à la Justice", écrit le Yediot Aharonot, quotidien le plus vendu.
"Netanyahu a fait tant de concessions à ses alliés (...) pour lui permettre de placer Yariv Levin, l'homme de la situation, à la Justice. Netanyahu ne cesse de parler d'Iran, mais ses pensées sont toutes dirigées vers son procès", poursuit le journal.
La procureure générale d'Israël, Gali Baharav-Miara a averti mi-décembre que des projets de loi du futur gouvernement menaçaient de faire d'Israël une "démocratie qui en a le nom, mais pas l'essence".
Pour le quotidien gratuit Israel Hayom, titre le plus lu et en général plutôt favorable à M. Netanyahu, la nomination de Yariv Levin est aussi "un signal clair que le Premier ministre veut aller de l'avant avec des changements dans le système judiciaire".
"Clause dérogatoire"
Quels sont les changements ? Les accords signés entre le Likoud (droite) de M. Netanyahu et des partis de sa coalition proposent notamment le vote d'une loi autorisant un prestataire de service à refuser de donner des services pour des motifs religieux ou la ségrégation entre les hommes et les femmes dans l'espace public.
Mais plus généralement, les élus estiment que les juges ont trop d'autorité et souhaitent mettre en place une "clause dérogatoire".
En Israël, ou il n'y a pas de Constitution, la Cour suprême peut abroger des lois votées par les parlementaires si elle les estime par exemple discriminatoires. Or le nouveau gouvernement souhaite l'introduction d'une "clause dérogatoire" lui permettant de remettre en vigueur une loi retoquée par les juges.
Pour le quotidien de droite Makor Rishon, point de doute, un "combat" se profile entre la Cour suprême et les tenants de cette réforme. "Yariv Levin n'aura pas cent jours de grâce, à peine dix. Dans quelques jours, il devra (...) clarifier ses intentions et le programme législatif du gouvernement".
Ces derniers jours, le Parlement a voté à la va-vite une loi autorisant une personne reconnue coupable d'un crime, mais pas condamnée à la prison ferme, à obtenir un portefeuille ministériel. Cette loi controversée a permis au chef de la formation ultra-orthodoxe Shas, Arié Dery, reconnu coupable de fraude fiscale, de rejoindre le nouveau gouvernement.
Dans le cas où la justice invaliderait cette loi, l'introduction d'une "clause dérogatoire" permettrait aux élus de la maintenir.
Et si par exemple les députés votaient l'annulation du procès de M. Netanyahu pour corruption, et la cour invalidait ensuite ce vote, l'introduction d'une "clause dérogatoire" permettrait de surseoir à la décision de la justice pour annuler le procès, soulignent des analystes.
Pour le quotidien de gauche Haaretz, le mandat de Yariv Levin est clair: "détruire l'Etat de droit, les institutions et tout le système" en permettant au Parlement "d'outrepasser" la justice.
"Combattre un gouvernement comme celui-ci, qui purge la démocratie de ses valeurs, ne tient pas de la sédition (...) mais du devoir pour l'opposition et la société civile. C'est l'heure de vérité", poursuit le quotidien dans son éditorial. (AFP)