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L’humain qui a décimé l'abeille, tente de la remplacer, mais la nature a ses lois
Des pollinisateurs humains tentent de remplacer l’abeille, mais si une ruche d’abeilles peut polliniser gracieusement près de 3 millions de fleurs en une journée, un homme-abeille n’en fera que 30 par jour.
Rabat - Leur bourdonnement joyeux annonce l’éveil de la nature. Leur danse orchestrée magistralement au début de chaque printemps offre un spectacle d’une nature bienveillante en renouvellement constant. Ces petites reines du miel aux corps duveteux, dans leur quête du nectar et du pollen, garantissent la fécondation de la majorité des espèces végétales et partant l’équilibre écologique si fragile.
Maillon essentiel de la biodiversité et indispensable à la sécurité alimentaire, la préservation de ce petit insecte reste un enjeu majeur pour l’homme et la nature. Puisqu’un monde sans abeilles est un monde qui inquiète. C’est dans ce contexte que la communauté internationale a décidé d’instaurer le 20 mai "Journée mondiale des abeilles" pour sensibiliser au rôle crucial que jouent ces pollinisateurs dans la conservation de la biodiversité.
Célébrée cette année sous le thème "Volons au secours des abeilles-Pour une production agricole respectueuse des pollinisateurs", cette journée a pour objectif d’appeler à une action mondiale en faveur d’une telle production et met en avant l’importance de protéger les abeilles et les autres pollinisateurs, en particulier, moyennant des pratiques agricoles fondées sur des éléments factuels, selon le site de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
Elle sera également l’occasion d’avertir sur les menaces auxquelles ils sont confrontés et sur leur importante contribution au développement durable, tout en mettant l’accent sur la nécessité d’encourager un renforcement des mesures afin de les protéger et partant garantir la résolution, de manière significative, des problèmes liés à l'approvisionnement alimentaire mondial, notamment dans les pays en développement, ajoute la même source.
En effet, la pérennisation de ces pollinisateurs, particulièrement les abeilles, interrogent sur le respect de l’autre et de la nature. D’après le site des Nations Unies, ces insectes enregistrent un taux d'extinction qui est aujourd'hui de 100 à 1.000 fois plus élevé que la normale. (Environ 35 % des pollinisateurs invertébrés, en particulier les abeilles et les papillons, et environ 17 % des pollinisateurs vertébrés, tels que les chauves-souris, sont aujourd'hui menacés d’extinction).
Cette tendance ne fait que s’accentuer dans un contexte marqué par la monoculture intensive et l’utilisation inappropriée des pesticides menacent sérieusement ces insectes, en réduisant l’accès de ceux-ci à la nourriture et aux sites de nidification, tout en les exposant à des produits chimiques nocifs affaiblissant leur système immunitaire, outre les effets du changement climatique.
Aujourd’hui, force est de constater, de par le monde, l’effondrement des colonies d’abeilles (syndrome CCD) avec un taux de mortalité des butineuses domestiques (apis mellifera ) et même sauvages qui va crescendo (passant de 5 pc dans les années 90 à plus de 30 pc ces dernières années).
Une situation alarmante qui interpelle plus qu’un sur l’avenir de notre écosystème, voire même de notre existence. Selon la FAO, 75 % des cultures vivrières dans le monde dépendent de la pollinisation et les abeilles représentent, à elles seules, un facteur de pollinisation de près de 70% des cultures alimentaires d’après Greenpeace.
Sauf que dans la province de Sichuan dans le sud-ouest de la Chine et précisément à Hanyuan, les fermiers ont été contraints, il y a des années déjà, de remplacer les abeilles pour polliniser les vergers (pommes et poires). L'utilisation non contrôlée des pesticides a anéanti toutes les populations d’abeilles de la région ainsi que toutes les plantes à pollen qui subviennent à leurs besoins.
Désormais, tous les mois d’avril, les pollinisateurs humains entrent en scène pour féconder les fleurs une à une et accomplir une tâche aussi bien minutieuse et laborieuse que coûteuse. Car une ruche d’abeilles peut polliniser gracieusement près de 3 millions de fleurs en une journée alors qu’un homme-abeille n’en fera que 30 par jour.
Sous d’autres cieux, des fermiers ont choisi des drones pollinisateurs pour faire le travail à la place des abeilles.
Certains chercheurs et apiculteurs expliquent ce déclin par une combinaison de facteurs liés notamment à l’insertion des colonies d’abeilles dans un marché global d’une agriculture mondialisée. Les reines, au coeur d’un commerce mondialisé, font l’objet d’une transhumance permanente ainsi que leurs colonies. Cette apiculture hors-sol les déconnecte de leur rythme biologique. Dans ce système agro-alimentaire, porté par les Etats-Unis, la Chine, la Nouvelle Zélande, l’Argentine et l’UE, les abeilles, bourrées d’antibiotiques, s’épuisent et les reines meurent vite.
Ce mode favorise aussi la diffusion et la propagation de virus et parasites néfastes à ces insectes hyménoptères tels que la varroa, le nosema ceranae et des prédateurs naturels comme le frelon asiatique. Ces facteurs de stress et de menaces restent moins nocifs eu égard à la dangerosité de l’usage excessif des pesticides et engrais chimiques comme les néonicotinoïdes, des substances qui agissent sur le système nerveux des insectes. Conséquence: elles sont désorientées et perdent la mémoire et ne retrouvent plus le chemin de leurs ruches.
Fragile rempart contre la destruction de notre biodiversité, l’abeille se doit d’être placée au centre de l’attention et via la promotion d’une agriculture respectueuse de l’environnement, l’encouragement de la plantation des haies composées de fleurs et plantes nectarifères, la végétalisation des villes, la mise en place de centres de conservation du patrimoine génétiques des espèces menacées, à l’instar de la Slovénie (le plus grand apiculteur d’Europe) qui s’est lancée dans la protection de ses abeilles locales grises (carniaca), outre la sensibilisation au phénomène d