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L'Algérie épinglée devant le CDH pour les exactions massives commises en toute impunité dans les camps de Tindouf
«Les circonstances exceptionnelles, y compris l’état de guerre, la menace de guerre, l’instabilité politique interne ou toute autre situation d’urgence ne peut être invoquée pour justifier des exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires» (ONGs)
Genève - L’Algérie a été une nouvelle fois épinglée devant le Conseil des droits de l’Homme (CDH) de l’ONU pour sa responsabilité entière dans les multiples violations et exactions massives commises en toute impunité dans les camps contrôlés par les milices armées du Polisario, en territoire algérien.
Dans une déclaration conjointe prononcée dans le cadre de la 49è session du CDH, l’ONG internationale "Promotion du Développement Économique et Social et développement durable" (PDES) et l’Observatoire du Sahara pour la Paix, la Démocratie et les Droits de l'Homme (OSPDH) ont pointé les manquements de l’Algérie à ses obligations, en vertu du droit international, à l’égard des populations de Tindouf, dénonçant notamment le refus des autorités de ce pays d’ouvrir des enquêtes autour des cas de «déni du droit à la vie», des crimes et des exécutions perpétrés par les bandes séparatistes et les services de sécurité algériens contre les habitants desdits camps.
«Bien que le Polisario ait reconnu que des violations des droits de l’homme se sont produites dans le passé, il n’a pas fourni de données claires concernant les disparitions forcées, des enlèvements, des exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, la torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants dans les centres de détention», ont-elles fait observer.
Tout en rappelant que le droit à la vie est garanti par l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, les ONGS relèvent que «les circonstances exceptionnelles, y compris l’état de guerre, la menace de guerre, l’instabilité politique interne ou toute autre situation d’urgence ne peut être invoquée pour justifier des exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires».
Dans ce sens, la PDES et l’OSPDH font remarquer que les autorités de l’État algérien continuent de commettre des meurtres sans aucune procédure judiciaire ou légale. Les deux organisations rappellent à ce propos que de nombreux cas de meurtres commis par les forces algériennes contre la population sahraouie ont été signalés.
Elles citent, à titre d’illustration, le cas de trois jeunes Sahraouis ayant été la cible en 2014 des tirs de l’armée algérienne dans la zone d’Oudayat Tutrat à la frontière algéro-mauritanienne. « L’incident a entraîné la mort de Khatri Hammadha Ould Khandoud et Alyen Mohamed Abih, tandis que Maichan Salek Al Boukhari a été grièvement blessé à la tête par balle ». Le 28 février 2017, le jeune Sahraoui, Bara Mohamed Ibrahim, a été abattu par l’armée algérienne près de Tindouf dans le sud-ouest de l’Algérie. Le 24 mars 2017, Kari Mohamed Ali Elouali a été tué à l’un des points de passage, après que sa voiture a été prise pour cible par les forces militaires algériennes.
Le 4 mai 2017, des éléments de l’armée algérienne ont tué Hafdallah Abdou Ahmed Baïbbout dans une embuscade alors qu’il transportait de la nourriture aux éleveurs de bétail. Par ailleurs, le 2 août 2019, des éléments de l’armée algérienne, dans la zone dite ''Atguililat Ahmed Mouloud'' ont tiré sur le jeune homme Yaslam Hammadha Ould Khandoud. Le 19 octobre 2020, Moha Ould Hamdi Ould Souilem et Ali Elidrissi, ont été brûlés vifs et de sang-froid par des patrouilleurs militaires algériens. En novembre 2021, des éléments de l’armée algérienne ont abattu Belkbir Ould Ould Blessé ould Sidahmed Ould Elmarkhi, et grièvement blessé Ould MohamedFadel Ould Limam Ould Chghaibin, non loin des camps de Tindouf. Le 26 novembre 2021, des éléments de l'armée algérienne ont tué un enfant et blessé un autre.
« Ainsi, nous avons enregistré de multiples assassinats perpétrés par l’armée algérienne contre les habitants des camps de Tindouf dans le sud-ouest de l’Algérie, qui ne présentent aucun risque ou danger pour l’ordre public et la sécurité », précise la même source, notant que « ces cas peuvent être qualifiés de meurtres systématiques ».
Face à cette réalité, les autorités algériennes se sont abstenues de traiter ou de discuter de ces violations commises contre les populations dans les camps de Tindouf, ont déploré les deux organisations.
Pour les deux ONGs, « l’absence d’établissement de responsabilités juridiques dans ces assassinats est en soi une violation du droit à la vie ». Étant donné la nature de ces violations « du droit à la vie » et afin de garantir ce droit et d’empêcher la perpétuation du climat d’impunité, l’État algérien, en vertu du droit international, a le devoir d’enquêter sur les abus et les exécutions arbitraires commis contre tous ces jeunes, ont-elles insisté, notant que « tout manquement de sa part à enquêter sur ces cas constitue une violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ».
Tout en condamnant ces abus qui violent le droit à la vie de la population des camps de Tindouf, le PDES et l’OSPDH disent tenir « l’État algérien et les dirigeants du Polisario pour responsables de ces crimes », et exigent que « les auteurs de ces violations soient traduits en justice ».