L'ANC gêné par une lettre de Mbeki sur le scandale Phala Phala

5437685854_d630fceaff_b-

L'ancien président Thabo Mbeki et l’actuel Président Cyril Ramaphosa

1
Partager :

Johannesburg - Le Congrès National Africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud, est embarrassé par la lettre cinglante de l'ancien Président Thabo Mbeki sur l'attitude des membres du parti vis-à-vis du rapport de la Commission parlementaire indépendante sur le scandale Phala Phala, a indiqué son Secrétaire général, Fikile Mbalula.

Dans une lettre adressée au vice-président de l'ANC, Paul Mashatile, Mbeki a déclaré que le parti s'était comporté comme s'il avait quelque chose à cacher en ce qui concerne l’affaire Phala Phala dans laquelle le Président Cyril Ramaphosa est accusé d’avoir dissimulé le vol en 2020 d’une importante somme d’argent en devise dans sa ferme de gibier et d’avoir séquestré et ensuite soudoyé les voleurs pour garder le silence.

Une Commission indépendante, mise en place par la présidente du Parlement, a conclu dans un rapport que Ramaphosa doit répondre à de graves violations de la Constitution pour s'être exposé à un conflit d'intérêts, avoir effectué un travail rémunéré à l'extérieur et avoir enfreint la loi sur la prévention des activités de corruption concernant la dissimulation du vol dans sa ferme privée.

Mbeki a fait constater que l'ANC avait utilisé sa majorité au Parlement pour bloquer la création d'un comité multipartite (MPC) pour enquêter si le président avait une affaire à répondre selon les conclusions du rapport de la Commission parlementaire.Une fois son enquête terminée, le Comité aurait recommandé que Ramaphosa soit destitué ou non.

«La façon dont nous avons voté le 13 décembre 2022 pour bloquer le processus de formation d'un MPC a communiqué sans équivoque aux masses la déclaration que nous ne voulons pas que le Parlement recherche et acquière une compréhension plus profonde et complète de l'affaire Phala Phala» a écrit Mbeki.

Le Secrétaire général de l’ANC a indiqué que "les responsables nationaux discuteront de la lettre et chercheront une audience avec l'ancien chef d’Etat», assurant qu’il avait envoyé un e-mail à tous les membres du comité exécutif national leur demandant de ne pas répondre publiquement à Mbeki parce que le parti n'avait pas besoin d'un scénario où les dirigeants actuels seraient en train d'attaquer publiquement un ancien Président.

Thabo Mbeki, qui a qualifié le scandale Phala Phala de "blanchiment d'argent", a fustigé la décision de l'ANC d'opposer son veto à la création du Comité parlementaire multipartite ad hoc pour enquêter sur diverses allégations contre la compagnie publique d’électricité Eskom, y compris la corruption, le sabotage et l'existence de cartels criminels.

La Cour constitutionnelle sud-africaine a auparavant rejeté la demande du chef de l’Etat d'annuler le rapport du panel indépendant du Parlement recommandant d’engager la procédure de sa destitution suite à son implication présumée dans le scandale Phala Phala.

La Cour constitutionnelle a déclaré que Ramaphosa n'avait pas établi de dossier pour se présenter directement devant le tribunal suprême. En cherchant à annuler le rapport de la Commission parlementaire indépendante, le Président a introduit un recours à la Cour constitutionnelle au motif que sa demande relevait de sa compétence exclusive.

lire aussi