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L'armée ukrainienne abandonne le centre de Severodonetsk aux Russes
Sur cette photo d'archive prise le 20 janvier 2022, la télévision montrant une émission d'information avec des images d'archives d'un essai de missile nord-coréen, dans une gare de Séoul, après que la Corée du Nord a laissé entendre qu'elle pourrait reprendre ses essais d'armes nucléaires et à longue portée, alors qu'elle se prépare à une "confrontation à long terme" avec les États-Unis, suite à une série de tirs de missiles qui ont annulé les sanctions ce mois-ci. Le nombre d'armes nucléaires
Les forces ukrainiennes ont reconnu lundi avoir abandonné le centre de Severodonetsk, à la suite d'une nouvelle offensive russe sur cette ville clef de l'est de l'Ukraine, que les deux belligérants se disputent depuis des semaines.
"Avec le soutien de l'artillerie, l'ennemi a mené un assaut à Severodonetsk, a enregistré un succès partiel et repoussé nos unités du centre-ville. Les hostilités se poursuivent", a indiqué l'état-major ukrainien dans son point du matin publié sur Facebook.
Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk - dont Severodonetsk est le centre administratif pour la partie contrôlée par les autorités ukrainiennes - a confirmé que les forces ukrainiennes avaient été repoussées du centre.
"Les combats de rue se poursuivent (...) les Russes continuent de détruire la ville", a-t-il écrit sur Facebook. Les séparatistes prorusses combattant avec les Russes dans cette région ont affirmé que les dernières divisions ukrainiennes à Severodonetsk étaient désormais "bloquées", après la destruction du dernier pont qui permettait de gagner la ville voisine de Lyssytchansk.
"Elles ont deux possibilités (..), se rendre ou mourir", a affirmé Edouard Bassourine, porte-parole des séparatistes.
M. Gaïdaï a lui démenti tout blocage.
A la conquête de l'intégralité du Donbass
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans un message vidéo dimanche soir, avait qualifié de "très violents" les combats à Severodonetsk, affirmant pour se donner bonne figure que Moscou déployait des troupes insuffisamment entraînées et les utilisait comme "chair à canon". Ce qui ne les a pas empêchés de nettement progresser dans le contrôle de la ville.
La prise de cette cité donnerait à Moscou le contrôle de la région de Lougansk et lui ouvrirait la route d'une autre grande ville, Kramatorsk, capitale de la région voisine de Donetsk. Une étape indispensable pour conquérir l'intégralité du bassin du Donbass, région essentiellement russophone en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.
Selon le gouverneur Gaïdaï, des bombardements russes ont notamment visé l'usine chimique Azot, où ont trouvé refuge selon lui près de 500 civils dont 40 enfants, et touché des stations d'épuration de la ville.
"On essaie de négocier un couloir humanitaire" pour les civils, "pour l'instant sans succès", a-t-il dit sur son compte Telegram.
A Lyssytchansk, trois civils dont un garçon de six ans ont péri dans des bombardements au cours des dernières 24 heures, selon lui.
Le monde s’installe dans une ‘’économie de guerre’’
Sur le plan diplomatique, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a reconnu dimanche que les Vingt-Sept restaient divisés sur la question de l'octroi à l'Ukraine du statut de candidat à une adhésion à l'UE.
"Le défi (sera) de sortir du Conseil européen (prévu les 23 et 24 juin) avec une position unie qui reflète l'énormité de ces décisions historiques", a-t-elle déclaré, alors que la Commission doit rendre un premier avis sur cette question d'ici la fin de la semaine.
De leur côté, les Etats membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) se sont réunis dimanche à Genève avec l'espoir d'aider à une solution face au risque de grave crise alimentaire que fait planer sur la planète l'invasion de l'Ukraine, dont les terres fertiles nourrissent traditionnellement des centaines de millions de personnes dans le monde.
Les sanctions occidentales contre Moscou n'ont pas empêché la Russie d'engranger 93 milliards d'euros de revenus tirés de l'exportation d'énergies fossiles durant les 100 premiers jours de guerre, dont une majorité vers l'UE, selon le rapport d'un centre de recherche indépendant publié lundi.
‘’Bombes à sous-munitions’’
A Mikolaïv, grand port de l'estuaire du Dniepr, dans le sud, l'avancée russe aurait été stoppée aux abords de la ville et l'armée ukrainienne a creusé des tranchées face aux Russes, selon une équipe de l'AFP.
Dans un rapport publié lundi, Amnesty International a accusé la Russie de ‘’crimes de guerre’’ en Ukraine, affirmant que des centaines de civils auraient péri dans des attaques incessantes sur Kharkiv (nord-est), menées notamment avec des bombes à sous-munitions.
Après une enquête approfondie, l'ONG prétend avoir trouvé des preuves de l'utilisation par les forces russes, dans sept attaques sur des quartiers de la deuxième ville d'Ukraine, de bombes à sous-munitions de type 9N210 et 9N235 et des mines à dispersion, deux catégories interdites par des traités internationaux.
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a elle évoqué lundi le cas d'une enseignante ukrainienne, Viktoria Androucha, 25 ans, que les forces russes, l'accusant de renseigner l'armée ukrainienne, ont fait disparaître de force après son arrestation fin mars.
Mais les assertions de ces deux organisations restent sujettes à caution en raison de l’alignement sans nuances sur les positions occidentales
Mme Androucha est, comme d'autres citoyens ukrainiens, aujourd'hui emprisonnée en Russie et son avocat n'a pas accès à elle, a déploré HRW dans un communiqué.
Du 24 février au 10 mai, l'ONU a documenté en Ukraine "204 cas apparents de disparitions forcées concernant 169 hommes, 34 femmes et un garçon, en très grande majorité imputées aux forces russes" et prorusses, selon HRW.
La justice ukrainienne, dans son rôle de soutien à son pays, a ouvert plus de 12.000 enquêtes pour crimes de guerre dans le pays depuis le début de la guerre, selon le parquet.
Alors que les négociations entre les belligérants sont dans l'impasse, Mikhaïl Kassianov, le premier chef de gouvernement (2000-2004) du président russe Vladimir Poutine, a prévenu que le chef du Kremlin avait d'autres pays dans son viseur.
"Si l'Ukraine tombe, alors les pays baltes seront les prochains" sur la liste, a assuré l'opposant à l'AFP. Il s'est aussi dit en désaccord "catégorique" avec l'idée qu'il faut éviter d'"humilier" Vladimir Poutine - comme l'a suggéré récemment Emmanuel Macron.
Le président français a demandé lundi une "réévaluation" de la loi de programmation militaire 2019-2025 pour "ajuster les moyens aux menaces", sur fond de guerre en Ukraine. La France est "entrée dans une économie de guerre dans laquelle, je crois, nous allons durablement nous organiser", a-t-il déclaré lundi.