Le secteur minier africain face au défi environnemental

5437685854_d630fceaff_b-

L'exclusion des intérêts de la communauté minière rappelle brutalement la répartition inégale des richesses qui a fait que l’Afrique du Sud est le plus inégal au monde.

1
Partager :

Par Hamid AQERROUT - MAP - Johannesburg

Johannesburg - La Conférence internationale sur l'investissement dans le secteur minier africain (Mining Indaba), tenue récemment dans la ville sud-africaine du Cap (1300 KM de Pretoria), a le mérite de révéler que bien qu'il y ait consensus sur le fait que les sociétés minières en Afrique doivent évoluer pour s'assurer qu'elles sont à l'épreuve du temps, ce secteur stratégique est loin de revêtir tout l’intérêt qu’il mérite.

Lors des débats d’une semaine, les panélistes étaient en fait curieux de savoir comment les autorités en charge du secteur minier prévoyaient de réparer des années de dommages à l'environnement et aux communautés où ces sociétés opèrent. C’est que le constat est amer et sans appel : Si les entreprises dénoncent les charges réglementaires qui entravent leurs opérations, elles sont silencieuses sur l'impact dévastateur de l'exploitation minière sur les personnes et l'environnement.

Pour de nombreux experts, une transition juste vers un avenir à faible émission de carbone présentera inéluctablement de nouvelles opportunités d'investissement pour le continent africain. En effet, cette transition nécessitera des métaux verts, dont l'Afrique dispose en abondance, tels que le lithium, le cuivre, le cobalt, le nickel et le zinc.

Néanmoins, l'Afrique, en tant que continent riche en ressources, se doit de valoriser ses richesses minières au profit des générations actuelles et futures et faire en sorte que l'exploitation minière joue un rôle important dans sa transition énergétique juste.

En Afrique du Sud, par exemple, l'exclusion des intérêts de la communauté minière rappelle brutalement la répartition inégale des richesses qui a fait que ce pays d’Afrique australe est le plus inégal au monde. La corporation des miniers s’est d’ailleurs très souvent indignée du mutisme du gouvernement qui nie activement les droits des communautés touchées par l'exploitation minière, tout en promouvant les intérêts des sociétés oeuvrant dans ce secteur. Ces dernières sont d’ailleurs de plus en plus appelées à se concentrer sur la durabilité face aux risques liés au changement climatique.

Faut-il rappeler à ce sujet le jugement de la Haute Cour qui a récemment déclaré que la qualité de l'air à Mpumalanga est une violation des droits constitutionnels des citoyens, notamment des miniers.

L’Afrique du Sud au 75e rang sur 84 pays

L'Afrique du Sud, qui fait partie des autres pays du monde engagés à promouvoir des solutions pour atteindre des émissions nettes nulles d'ici 2050, se doit de mobiliser des ressources nécessaires et de fournir des incitations pour une nouvelle vague d'exploration, plus particulièrement pour les minéraux nécessaires à la transition énergétique mondiale.

Cependant, bien que le pays ait exprimé une soif douloureuse d'investissements dans le secteur minier, les obstacles qui empêchent une réelle transition énergétique verte sont nombreux. En atteste son classement lamentable par le Fraser Institute, l'Afrique du Sud se trouvant dans les 10 derniers du classement de l'Indice d'attractivité des investissements. Un fait également reconnu par le Président Cyril Ramaphosa qui a déclaré: «Nous sommes actuellement au 75e rang sur 84 pays, ce qui est notre pire classement à ce jour et ce, malgré les grandes perspectives de l'exploitation minière sud-africaine».

Et cependant, l'industrie minière contribue de manière significative aux recettes d'exportation du pays et emploie directement près d'un demi-million de personnes.

Quoi qu’il en soit, l'Afrique restera toujours une destination d'investissement privilégiée dans la production minière et sa chaîne de valeur en raison de sa riche dotation en ressources naturelles. Reste que les dirigeants africains doivent travailler ensemble et veiller à ce qu'il y ait des efforts délibérés et durables pour rendre l'industrie attrayante non seulement pour les investisseurs étrangers, mais aussi pour les locaux au profit du continent.

Dans ce contexte, l'Afrique se doit aussi de proposer des mesures résilientes qui répondront aux chocs économiques actuels de l'approvisionnement énergétique en adoptant une valeur ajoutée à ses minéraux. Ceci est d’autant plus vrai que la conférence de cette année s’est déroulée dans un contexte de prix élevés de l'énergie, ce qui pose un risque inflationniste important pour les marchés pauvres et émergents. Dès lors, l'exploration et le développement des différentes sources d'énergie dans le respect et la préservation de la biodiversité et de l’environnement s’avèrent être une voie salvatrice pour le continent.

 

lire aussi