Législatives En France: la macronie scelle son ménage à trois pour conjurer une éventuelle cohabitation

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De gauche à droite : le président du parti Horizons, Edouard Philippe, le président de l'Assemblée nationale française, Richard Ferrand, le président du MoDem et maire de Pau, François Bayrou, et le président du parti LREM, Stanislas Guerini, lors d'une conférence de presse après la réunion du bureau exécutif de LREM, à Paris, le 5 mai 2022. Le parti présidentiel La République en marche change de nom pour devenir "Renaissance", un "parti populaire qui a vocation à être ouvert" pour "faire toujou

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Les chefs de file de la majorité sortante ont officialisé jeudi leur union pour les législatives, en accordant notamment 58 circonscriptions au parti d'Edouard Philippe, signe selon eux que toutes "rivalités de clans et de personnes" sont écartées à l'aube du deuxième quinquennat. Pour nombre d’observateur, la rapidité de cette coalition a été dictée par la nécessité d’aller sans attendre sur le terrain qui pourrait réserver à la macronie la surprise d’une cohabitation.  

Il ne faisait guère de doute que Richard Ferrand pour La République en marche, François Bayrou pour le MoDem, et Edouard Philippe pour Horizons, parviendraient à un accord en vue des scrutins des 12 et 19 juin, l'enjeu étant de limiter les cicatrices d'âpres négociations.

En conférence de presse jeudi, chacun a donc lourdement insisté sur "la bonne humeur" qui a traversé les discussions - "on s'est bien marrés", a même lancé M. Ferrand - ce qui a permis d'"éviter les rivalités de clans et de personnes", dixit M. Bayrou.

Quant aux bruits de dissensions et de "guerres picrocholines" avec M. Philippe, renforcés après qu'Horizon a déploré publiquement il y a dix jours le manque d'échanges parmi les partenaires, ils ne sont que la faute des "bavards", ont juré les partenaires. 

"Je vous propose de juger non pas sur les angoisses, les conjectures, les déclarations anonymes, mais sur les actes", a plaidé l'ancien Premier ministre.

Voilà donc la majorité en ordre de marche à cinq semaines du premier tour, réunie dans une "confédération" appelée "Ensemble!" et présidée par Richard Ferrand.

Chacun des trois piliers - LREM, MoDem et Horizons - pourra former son groupe à l'Assemblée, mais dépendra d'une association de financement commune qui répartira ensuite les subsides.

"Nous sommes ensemble car nous ne sommes pas identiques. Mais ces différences sont de toute évidence un atout pour construire quelque chose en commun", a assuré M. Philippe, qui tiendra donc le flanc droit de la majorité.

Selon des sources concordantes au sein de la majorité, le nouveau venu Horizons a décroché 58 circonscriptions aux termes de cet accord, et le MoDem entre 101 et 110.

Ce qui en laisse environ 400 pour des candidats LREM, certaines circonscriptions "qui se comptent moins que sur les doigts d'une main" étant laissées vacantes pour ne pas "faciliter la vie" de postulants "extrémistes", selon M. Ferrand.

Quelque 200 investitures doivent d'ailleurs être dévoilées jeudi dans l'après-midi, avant une autre salve en fin de semaine.

"Quelques réglages" 

Parmi les candidats figureront le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans le Nord, la ministre du Travail Elisabeth Borne dans le Calvados, ou encore celle du Logement Emmanuelle Wargon dans le Val de Marne.

En revanche, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé jeudi qu'il ne concourrait pas pour un 4e mandat dans l'Eure, et celui de la Justice Eric Dupond-Moretti, pressenti dans le Nord, a indiqué qu'il n'avait pas l'intention de briguer de mandat.

Il reste cependant "quelques réglages" à réaliser et "cela avance doucement" dans la finalisation des listes, indique une partie prenante des négociations. "C'est toujours difficile de choisir entre des profils de qualité sur un même territoire. Et parfois aussi difficile d'expliquer à un sortant qu'il faut arrêter", avance cette même source.

Parmi les questions restant en suspens figure aussi le devenir d'autres composantes de la majorité: le petit parti de centre-gauche Territoires de progrès, son pendant de centre-droit Agir, la chapelle écologiste En Commun! ou encore le Mouvement radical.

Le patron de La République en marche Stanislas Guerini a esquissé une piste d'atterrissage en annonçant jeudi la "refondation" de son parti, qui prendra le nom de "Renaissance", avec l'idée de "continuer à élargir ce mouvement politique" créé par M. Macron en 2016.

Renaissance "aura vocation à être ouvert aux citoyens, aux élus, aux élus locaux d'où qu'ils viennent" et "aux partenaires actuels comme futurs de la majorité présidentielle", a ajouté M. Guerini, qui espère avancer "rapidement" sur la question.

Des discussions vont donc s'ouvrir avec ces partis pour essayer de les intégrer à "Renaissance", poursuivant ainsi l'objectif énoncé par M. Macron au lendemain du premier tour de la présidentielle de bâtir "un grand mouvement politique d'unité et d'action". (AFP)

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