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Les Palestiniens rendent hommage à la journaliste tuée Shireen Abu Akleh
Un poster de la journaliste palestinienne d'Al-Jazeera Shireen Abu Akleh est collé sur un panneau d'affichage, sur une promenade en bord de mer dans la ville de Gaza, le 11 mai 2022. Al-Jazeera a déclaré qu'Abu Akleh, 51 ans, une figure importante du service d'information en arabe de la chaîne, a été assassinée par les troupes israéliennes tôt le 11 mai 2022 alors qu'elle couvrait un raid dans le camp de réfugiés de Jenin, en Cisjordanie occupée. Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a d
Plusieurs milliers de Palestiniens ont rendu hommage jeudi à l'une des leurs, la journaliste vedette Shireen Abu Akleh tuée par balle lors d'une opération militaire israélienne en Cisjordanie occupée, les Etats-Unis et de nombreux pays condamnant sa mort et réclamant une enquête "transparente".
Le corps de Shireen Abu Akleh, journaliste chevronnée d'Al-Jazeera, arrive à l'hôpital dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, le 12 mai 2022. Abou Akleh, qui a été assassinée le 11 mai 2022 alors qu'elle couvrait un raid en Cisjordanie occupée par Israël, était l'une des figures les plus marquantes des médias arabes, largement saluée pour sa bravoure et son professionnalisme. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Représentants palestiniens, diplomates étrangers et une foule de Palestiniens ont participé à la cérémonie officielle à Ramallah, au siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, où le cercueil de la journaliste enveloppé du drapeau palestinien a été transporté.
"Nous vivions avec Shireen. Sa voix entrait dans chaque maison et sa disparition est une blessure dans nos coeurs", a témoigné Hadil Hamdan, 45 ans, venue saluer la mémoire de la journaliste, tuée mercredi d'une balle dans la tête à Jénine en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans.
L'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas a rejeté les appels à une enquête conjointe avec Israël sur sa mort. Elle a, de même que la chaîne qatarie Al Jazeera pour laquelle la reporter travaillait, accusé l'armée israélienne de l'avoir tuée.
Israël, après avoir dit qu'elle avait "probablement" succombé à un tir palestinien, a affirmé ne pas écarter que la balle ait été tirée par ses soldats.
"Nous tenons les autorités israéliennes d'occupation complètement responsables de sa mort", a déclaré M. Abbas durant la cérémonie, expliquant son refus d'une enquête conjointe par le fait que "les autorités israéliennes ont commis ce crime et nous ne leur faisons pas confiance". Il a affirmé vouloir saisir la Cour pénale internationale.
Palestinienne chrétienne âgée de 51 ans et ayant aussi la nationalité américaine, Shireen Abu Akleh portait un gilet pare-balles siglé "presse" et un casque de reportage à Jénine.
"Soeur de tous les Palestiniens"
L'annonce de son décès a suscité une vive émotion dans les Territoires palestiniens, dans le monde arabe où ses reportages ont été suivis pendant plus de deux décennies, en Europe et aux Etats-Unis.
Plusieurs rassemblements spontanés ont eu lieu dans les Territoires palestiniens pour protester contre sa mort et une rue de Ramallah va être rebaptisée à son nom.
Shireen "était la sœur de tous les Palestiniens", a déclaré mercredi à l'AFP, la voix nouée de sanglots, son frère Antoun Abu Akleh. "Ce qui s'est passé ne peut être passé sous silence (...) Elle ne sera pas oubliée".
Sa dépouille a été transférée à Jérusalem où ses funérailles doivent se tenir vendredi dans une église.
L'armée israélienne a lancé ces dernières semaines plusieurs opérations dans le camp de réfugiés de Jénine, un bastion des factions armées palestiniennes dans le nord de la Cisjordanie d'où étaient originaires des auteurs d'attaques en Israël.
Al Jazeera a accusé les forces israéliennes d'avoir tué "de façon délibérée" et de "sang froid" sa journaliste star.
Juste après sa mort, le Premier ministre israélien Naftali Bennett a suggéré qu'elle avait "probablement" succombé à un tir de combattants palestiniens.
Mais quelques heures plus tard, son ministre de la Défense Benny Gantz, qui essaye de semer le doute sur l’identité de ses assassins, a indiqué que l'armée "n'était pas certaine de la manière dont elle a été tuée".
"C'est peut-être un Palestinien qui a tiré sur elle (...) Le tir est peut-être aussi venu de notre côté, nous enquêtons", a-t-il dit, une dérisoire manœuvre de disculper ses services.
"Tous les indicateurs"
"Nous avons besoin de la preuve médico-légale" des Palestiniens, y compris la balle ayant tué la journaliste, afin de mener une enquête "complète", a dit M. Gantz.
Israël a réclamé la balle aux Palestiniens afin que soit menée "une enquête scientifique pour retracer l'origine du tir", a indiqué à l'AFP une source sécuritaire israélienne. Mais une fois entre leurs mains qui garantirait qu’on lui substituerait pas une autre.
"L'enquête doit être complètement indépendante", a affirmé Hussein al-Sheikh, un ténor de l'Autorité palestinienne, promettant de rendre publics les résultats "avec grande transparence".
Les Etats-Unis ont "condamné fermement le meurtre" et appelé à une enquête "transparente", de préférence conjointe entre Israéliens et Palestiniens. L'ONU et l'Union européenne ont elles exhorté à une investigation "indépendante".
En visite à Téhéran jeudi, l'émir du Qatar Tamim ben Hamad Al Thani a accusé Israël d'avoir tué la journaliste. "Il faut réclamer des comptes aux auteurs de ce crime odieux", a-t-il déclaré.
L'Etat hébreu a par ailleurs approuvé jeudi près de 4.500 logements dans des colonies en Cisjordanie occupée, dont plus de 2.700 définitivement, selon l'organisation israélienne "La paix maintenant". La colonisation israélienne est illégale au regard du droit international.