''Maya'' d'Abdou Hakki : des points de vue opposés sur fond d'une dialectique idéologique

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Abdou Hakki, à gauche, lors d’une émission de Fenêtres de Radio Tanger

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Par Abdellatif El Jaafari (MAP)

Casablanca - L'écrivain et traducteur marocain, Abdou Hakki vient de publier en ce début de l'année 2023, son roman "Maya" qui évoque dans son récit des points de vue opposés sur fond d'une dialectique idéologique.

L'auteur qui signe le troisième roman de son parcours littéraire, plonge le lecteur dans un univers jalonné d'interactions entre des idées et des points de vue qui s'opposent partant de convictions et de valeurs tirées de deux doctrines idéologiques diamétralement opposées.

On se trouve ici devant une thèse même si l'écrivain affirme qu'il s'agit d'une oeuvre de fiction et que les personnages et les événements ne sont pas réels, ce qui rend ce roman riche et profond donnant lieu à toute sorte de lecture et d'interprétation.

Selon des critiques littéraires, il s'agit d’un roman à thèse qui développe des perceptions et points de vue et des positions claires même s’il se présente comme une œuvre de fiction.

Selon eux, cette conclusion est confirmée par le protagoniste du roman (Saleh Mouden) qui mène un combat au quotidien contre son collègue Rahal Filali et sa communauté dans une relation marquée de tiraillements sur fond de jugement de valeurs dans le village de "Tafoukt".

Dans cette dialectique, Saleh Mouden estime que la planification familiale et la régulation des naissances figurent en tête des priorités de son parti d'obédience gauchiste "le défi" pour promouvoir la société et la hisser au rang des pays développés, tandis que son collègue Rahal Filali considère la croissance démographique comme principe religieux fondamental et moyen naturel pour perpétuer l'existence de la race humaine, consolider la pluralité sociale et établir la justice entre les différentes classes de la société.

"Maya" d'Abdou Hakki est son troisième roman après le premier publié en 2010 "le retour à l'oasis des seigneurs" et le deuxième numérique publié en 2015 "Légendes des rêveurs". Il s'agit d'un roman de taille moyenne (340 pages) avec une couverture conçue par l'auteur lui-même.

Ce romancier-nouvelliste a publié récemment un recueil de nouvelles de 130 pages de format moyen intitulé "quand le printemps arrive-t-il".

Abdou Hakki confie que le nouveau roman constitue un tournant décisif dans son parcours de romancier dans la mesure où "Maya" signe une rupture avec ses deux premières oeuvres qui s'apparent à une autobiographie.

"Maya" peut être classé comme un roman d'idées dans le contexte de lutte à caractère idéologique et politique.

Dans une déclaration à la MAP, il a souligné que tout roman révèle dans une certaine mesure de manière claire ou tacite la biographie de l'auteur sous une forme ou une autre, notant que le roman autobiographique est un genre littéraire ou une marque de fabrique qui distingue le romancier arabe.

Il confie avoir essayé dans la mesure du possible de se détacher de l'autobiographie dans son 3ème roman par rapport aux deux premiers, notant que le protagoniste du roman le docteur Salah Mouden vit au quotidien un combat à caractère idéologique et politique en tant que militant du parti de gauche "Le défi" dont les racines remontent aux années 40 du siècle précédent.

Sur cette base, les habitants du village "Tafoukt", explique-t-il, considèrent le docteur Saleh Mouden comme laïc et communiste. Ils œuvrent à le combattre à travers des rumeurs ourdies telles l'athéisme, le harcèlement des femmes via la distribution des contraceptifs et l'incitation des jeunes à la débauche.

Les habitants respectent, en contrepartie, son collègue Rahal Filali dont les idées riment avec leur croyance et position, ainsi que les coutumes et les traditions de la société du village "Tafoukt", dit-il.

Partant de ce roman qui est à la lisière de l'autobiographie et de la fiction, une question demeure posée au lecteur, à savoir quelles sont les frontières et les limites de la réalité et de la fiction dans ce roman étant donné que la lutte à caractère idéologique et politique que l'écrivain a tenté sciemment de reformuler sous forme d'un roman, a des ramifications et prolongements réels dans l'histoire du Maroc contemporain.

 

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