économie
Rapport de la BAD : Le Maroc sur la bonne voie mais peut faire mieux
Le rôle de l’entrepreneuriat émergent dans l’impulsion d’une croissance économique inclusive en Afrique du Nord, dans un rapport de la BAD
La publication analyse le rôle de l'entrepreneuriat émergent dans la croissance inclusive en Afrique du Nord. La croissance économique est inclusive lorsqu’elle permet à la population vulnérable (pauvres, femmes, jeunes), de participer et contribuer à titre égale à cette croissance et d’en bénéficier. La population vulnérable peut participer à la croissance économique tirée par le secteur privé de deux façons, notamment comme employés (création d'emplois) ou en tant que propriétaires d'entreprise (entrepreneuriat).
Dans le cas du Maroc, l’accélération des réformes structurelles est nécessaire pour promouvoir la croissance inclusive et pour améliorer les indicateurs sociaux. Le FMI déclarait en novembre 2014 qu’il fallait intensifier les efforts pour accroître l’emploi, réduire les inégalités et améliorer l’éducation et l’accès aux infrastructures de base. Les réformes budgétaires qui prévoient une marge d’investissement dans les infrastructures de base, la santé, l’éducation et la protection sociale sont essentielles pour stimuler une croissance plus forte et plus inclusive. Les efforts que déploient les pouvoirs publics pour améliorer l’inclusion financière et l’accès au crédit sont tout aussi appréciables.
Globalement, la principale conclusion de cette publication est que les jeunes possèdent les compétences entrepreneuriales, mais les conditions initiales font la différence déterminante. En fait, il y a beaucoup de perte au cours du processus, au détriment d'une croissance tirée par le secteur privé. Dans cette trajectoire, les entrepreneurs émergents ne sont pas en fin de compte de nouveaux propriétaires d'entreprise. Statistiquement, les nouveaux entrepreneurs sont jeunes (25-34 ans) et sont issus de familles à faible revenu. Au contraire, et d'un point de vue statistique, les " nouveaux propriétaires d'entreprise" sont les personnes qui travaillent (à temps partiel/plein) et sont issues de familles relativement aisées et ayant accès à des investisseurs informels.
Deux contraintes majeures relatives à la contribution des personnes vulnérables à la croissance économique en tant que propriétaire de l'entreprise sont identifiées. La première contrainte est le faible niveau d'éducation. En effet, les résultats ont montré que la plupart des individus qui créent les entreprises ont fait des études au moins post-secondaire. Cela implique qu'ils sont en mesure de traiter les documents de base nécessaires pour créer une entreprise. La deuxième contrainte est liée à l'accès au financement. Il a été démontré que les personnes soutenues par des investisseurs informels et /ou des familles riches sont disposées à être propriétaires d'entreprises.
En Afrique du Nord, le taux de mortalité des entreprises créées est élevé en raison d'un manque d'accompagnement pour ces entrepreneurs débutants. En fait les gouvernements jouent un rôle crucial, celui d’appuyer les entrepreneurs naissants au cours de leur transition du stade de nouveaux propriétaires d'entreprise à celui d’entrepreneurs confirmés. Les gouvernements devraient fournir aux entrepreneurs naissants les compétences et l'expérience dont ils ont besoin pour être des entrepreneurs prospères grâce à des programmes de formation de haute facture, notamment le développement des compétences, la maîtrise des langues internationales, l'amélioration de l'orientation professionnelle et des liens directs avec les possibilités d'emploi. En effet, les gouvernements doivent veiller à la qualité des formations portant sur l'ensemble de la chaîne du secteur économique dans lequel l'entrepreneur émergent entend intervenir et y apporter des réponses spécifiques.
Le faible niveau d'éducation est un frein à l’innovation pour les nouvelles entreprises. Les gouvernements, par le biais du mentorat et de stages, sont à même de rendre les nouveaux entrepreneurs innovants et transformer l'esprit d'entreprise à une culture d’entreprise permettant à de nouvelles entreprises de se développer et de prospérer dans un environnement économique difficile. Les gouvernements devraient impliquer des partenaires tels que les institutions financières, les Organisations non gouvernementales (ONG), les entreprises et diverses organisations de services à la jeunesse, y compris les établissements d'enseignement, ainsi que la société civile. Enfin, la publication reconnaît pleinement que les nouvelles entreprises éprouvent des difficultés à attirer des financements extérieurs au stade initial, qu’il s’agisse de prêts bancaires ou de prises de participation. Le financement communautaire peut, dès lors, apparaître comme une alternative utile.