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Sénégal : A dix mois de la présidentielle, le flou règne toujours sur la présidentielle - Par Aabidine Naji
Face à un débat acharné sur la légitimité d'une potentielle 3ème candidature de l’actuel président et un rejet catégorique de la part de l'opposition, Macky Sall entretient le suspens
Par Aabidine Naji (MAP)
Dakar - Dans dix mois, les Sénégalais vont élire leur prochain président. Un rendez-vous électoral qui occupe déjà la scène politique sénégalaise. Si plusieurs candidats ont annoncé leurs candidatures pour cette échéance électorale, les principaux protagonistes politiques, majorité et opposition, maintiennent le suspense... chacun à ses propres fins et pour ses propres raisons.
L'élection présidentielle prévue le 25 février 2024 approche à grands pas, mais la majorité présidentielle n'a pas encore officiellement révélé l'identité de son candidat. Le président Macky Sall entretient toujours le flou sur son éventuelle candidature bien qu'il ait affirmé dernièrement qu'il a le droit de se présenter.
Face à un débat acharné sur la légitimité d'une potentielle 3ème candidature et un rejet catégorique de la part de l'opposition, le président Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, ne s'est pas encore prononcé et laisse entier le suspens dont pourrait dépendre la stabilité du Sénégal aussi bien que son image à l’extérieur de pays qui a réussi envers et conre la tentation à respecter la constitutions et les règles de l’alternance.
Interrogé samedi sur cette question, Macky Sall a réaffirmé que ce n'est pas encore le moment de se prononcer sur une candidature ou non à la prochaine élection présidentielle. "Je l'ai dit et je le répète, j'en parlerai le moment venu. Je partage ceci avec des gens dans une coalition. Au moment venu, on essaiera d'en parler. Certains en parlent depuis 2012, mais la décision sera prise dans une courte durée. J'en parlerai sous peu", a souligné Macky Sall lors d'une interview accordée à une radio privée.
Toujours dans le camp présidentiel, l'un des principaux alliés de Macky Sall a choisi de quitter la coalition au pouvoir après avoir annoncé sa candidature officielle à la présidentielle.
L'ex-Premier ministre Idrissa Seck et leader du parti "Rewmi" (Le pays) avait annoncé samedi son départ du Conseil économique, social et environnemental (CESE), ainsi que le départ de son parti de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar (BBY, Unis pour l'espoir) et la démission des deux membres ministres dans le gouvernement.
Selon des analystes, le départ du parti Rewmi de la mouvance présidentielle pourrait mettre en péril la majorité du pouvoir à l'Assemblée nationale.
Le Groupe parlementaire BBY compte 83 députés, dont une parlementaire appartient au parti de Idrissa Seck, et détient la majorité absolue parmi les 165 parlementaires de la 14e législature. Il est suivi du Groupe parlementaire "Yewwi Askan Wi" avec 53 députés, puis du Groupe parlementaire "Wallu Sénégal" avec 27 députés. Les Non-inscrits sont représentés par 2 députés.
Le choix du parti Rewmi, dirigé par Idrissa Seck, sera donc déterminant dans la balance pour le contrôle de la majorité absolue du pouvoir à l'Hémicycle. Si la députée du parti Rewmi décide de démissionner du Groupe parlementaire BBY, la majorité présidentielle se retrouverait fragilisée, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la stabilité politique et la capacité du gouvernement à mettre en œuvre ses réformes.
Pour remplacer Idrissa Seck à la tête du CESE, Macky Sall a nommé lundi le directeur de son cabinet, Abdoulaye Daouda Diallo, selon un communiqué de la Présidence sénégalaise, alors que le Premier ministre, Amadou Ba, dirige désormais les ministères des Sports et de l'Elevage, confiés auparavant à Yankhoba Diatara et Aly Saleh Diop du parti sortant de la coalition présidentielle.
Côté opposition, le sort du principal opposant Ousmane Sonko, leader du parti "Pastef", est entre les mains de la justice sénégalaise puisqu'il est toujours poursuivi dans le cadre de deux procès, l'un pour "diffamation" contre le ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang et l'autre pour "viols et menaces de mort" après une plainte d'une employée d'un salon de beauté de Dakar.
Ousmane Sonko poursuivi pour "diffamation, injures et faux" contre Mame Mbaye Niang, avait été condamné le 30 mars dernier à 2 mois de prison assortis de sursis et 200 millions de francs cfa de dommages et intérêts à verser à la partie civile. Une peine en dépit de laquelle le chef de file de l'opposition sénégalaise reste éligible à la présidentielle du 25 février 2024.
Mais le ministre avait annoncé le 31 mars dernier sa décision de faire appel du jugement rendu par le tribunal de grande instance de Dakar et le procureur a aussi interjeté appel. Le procès en appel est prévu le lundi 08 mai prochain.
Le maire de Ziguinchor (sud), arrivé 3-ème lors du scrutin de 2019, fait l'objet depuis deux ans d'une procédure pour "viols et menaces de mort" après une plainte d'une employée d'un salon de beauté de Dakar. Un juge d'instruction avait décidé le 18 janvier de renvoyer devant une chambre criminelle l'opposant inculpé et placé sous contrôle judiciaire en mars 2021. La date de l'audience n'a pas été encore fixée.
D'autres opposants, en l'occurrence Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, et l'ancien ministre Karim Wade, fils de l'ancien président Abdoulaye Wade, restent inéligibles à l'élection présidentielle sans une procédure d'amnistie. En 2019, le Conseil constitutionnel avait invalidé les candidatures à l'élection présidentielle de ces deux opposants.
Par ailleurs, le président sénégalais Macky Sall avait demandé au ministère de la Justice d'examiner un plan d'amnistie qui pourrait permettre à deux de ses plus grands opposants de recouvrer leur droit de vote et de se présenter éventuellement à l'élection présidentielle en 2024.
Macky Sall a également exprimé sa volonté d’engager un dialogue avec les différentes composantes de l'opposition et la volonté de son gouvernement de faire amnistier les faits pour lesquels Khalifa Sall et Karim Wade ont été privés de leurs droits de voter et d'être éligibles.
La course de la présidentielle 2024 est lancée. Au cours des mois qui précèdent cette échéance électorale, les principaux acteurs politiques, majorité et opposition, vont tenter d’apporter des réponses sur les questions qui préoccupent l'opinion publique sénégalaise.