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Maladies infectieuses : le Maroc muscle sa riposte avec de nouvelles recommandations stratégiques – Par Dr Anwar Cherkaoui

Les temps forts du congrès ont inclus des mises à jour sur le VIH, les hépatites virales, les IST, les nouvelles approches en antibiothérapie et les avancées vaccinales.
Lors de son 23e congrès national à Marrakech, la Société Marocaine de Lutte contre les Maladies Infectieuses (SMALMI) a présenté une feuille de route ambitieuse pour renforcer la riposte nationale contre les infections. Dr Anwar Cherkaoui revient les principales recommandations axes de cette rencontre : Diagnostic rapide, vaccination, révision des traitements et intégration de l’IA.
Un congrès sous le signe de l’innovation et de l’urgence sanitaire
Sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, le 23e congrès de la SMALMI s’est tenu les 18 et 19 avril 2025 à Marrakech. Rassemblant cliniciens, chercheurs, universitaires et décideurs autour du thème "Innovations et défis actuels en infectiologie", l’événement a permis de débattre des priorités nationales face aux maladies infectieuses.
Les temps forts du congrès ont inclus des mises à jour sur le VIH, les hépatites virales, les IST, les nouvelles approches en antibiothérapie et les avancées vaccinales. Mais surtout, une série de recommandations stratégiques ont été formulées pour faire évoluer la lutte contre les infections au Maroc.
Diagnostic, IA et digitalisation : pour une riposte précoce et efficace
La détection rapide est l’un des leviers centraux identifiés. Le congrès recommande de généraliser les tests de diagnostic rapide (TDR), démocratiser la PCR en temps réel, et de déployer des unités mobiles de dépistage dans les zones rurales.
La digitalisation des laboratoires est jugée cruciale, tout comme l’intégration de l’intelligence artificielle dans la surveillance épidémiologique. Le congrès plaide pour un soutien accru à la recherche appliquée et la mise en place d’une veille éthique et technologique autour de l’IA médicale.
Antibiotiques : actualiser les protocoles et restaurer l’accès aux molécules essentielles
La révision continue des protocoles thérapeutiques est jugée urgente. Il est recommandé de réintroduire certaines molécules retirées du marché marocain (fosfomycine, nitrofurantoïne, mécillinam, tobramycine), de garantir la disponibilité d’antibiotiques de base comme l’amoxicilline injectable, et d’intégrer de nouvelles combinaisons (aztréonam + avibactam, céfédérocol).
La diffusion de formations en "Antimicrobial Stewardship" est aussi prônée pour garantir une prescription raisonnée et durable des antibiotiques.
VIH, hépatites et IST : renforcer le dépistage et améliorer les traitements
En matière de VIH, le congrès recommande le dépistage systématique après 40 ans, la surveillance renforcée de la fonction rénale et la promotion du passage au ténofovir-alafénamide, molécule moins néphrotoxique.
L’introduction du valganciclovir pour lutter contre les infections à CMV est saluée, de même que l’amélioration du suivi informatisé des patients atteints d’hépatite C.
Vaccination : lever les réticences et renforcer la couverture nationale
Le congrès appelle à intensifier la vaccination contre la rougeole et à promouvoir les vaccins contre le HPV, le zona, la grippe, l’hépatite A, les méningocoques et le VRS. Une communication active est requise pour contrer l’hésitation vaccinale.
Recherche, formation, coopération : les piliers de l’avenir infectiologique
La SMALMI encourage le financement de projets translationnels impliquant universités, CHU et hôpitaux militaires. La formation initiale doit inclure des modules sur la microbiologie moléculaire et la gestion de crise sanitaire. Des formats hybrides certifiants sont proposés pour la formation continue.
Une vision d’avenir sous le sceau de l’excellence scientifique
Porté par le Pr Zouhair Saïd, président de la SMALMI, ce congrès 2025 s’est imposé comme une tribune d’orientation stratégique pour la santé publique marocaine. L’infectiologie y affirme son rôle central, au carrefour de la science, de la médecine et de la gouvernance sanitaire.