27ème SIEL : Un livre de Josiane Lahlou, ''AVICENNE, Prince des savants...'' Par Mustapha SEHIMI

5437685854_d630fceaff_b-

L'auteur s'est surtout attaché à la pharmacopée qui définit aujourd'hui l'ensemble des matières premières utilisées en pharmacologie. Sa sœur, Françoise -Hélène Massa- Pairault (CNRS) lui rend hommage - ainsi que Ali Benmakhlouf d'ailleurs dans une préface pour expliquer ce choix d'Avicenne

1
Partager :

 

Voici un livre que l'on doit à Josiane Lahlou, décédée en février 2021. Un acte posthume de ses inclinations et de ses passions de recherche : elle, qui est docteur en littérature française et comparée ; qui a publié de grands romans historiques (Juba II roi de Maurétanie, Ptolémée de Maurétanie Jugurtha, "Les rois de l'Alhambra", "Jésus selon le Coran et les Hadiths"); qui a enseigné longtemps au Maroc ; et qui y a été présidente des Amitiés poétiques et littéraires au Maroc. 

Des personnages historiques - qui ont fait l'histoire et nourri même une légende. Avec cet essai" Avicenne, Prince des savants, lumière orientale sur l'Occident", le registre est différent : il est médical. Avicenne (Ibn Sina) ? Il est l'héritier d'Hippocrate (460-377 av.J-C), "père de la médecine" mais surtout de Galien - autre médecin grec (129- 201), un personnage qui avait su allier une puissance spéculative et une recherche passionnée des réalités médicales. 

Dans cet ouvrage, l'auteur s'est surtout attaché à la pharmacopée qui définit aujourd'hui l'ensemble des matières premières utilisées en pharmacologie (composantes d'origine minérale, végétale, animale et même certaines substances chimiques). Sa sœur, Françoise -Hélène Massa- Pairault (CNRS) lui rend hommage - ainsi que Ali Benmakhlouf d'ailleurs dans une préface pour expliquer ce choix d'Avicenne: sans doute par suite de la souffrance de sa maladie lui rendant ce médecin plus proche; un souci de mieux comprendre toutes les qualités de rigueur scientifique et d'humanité; enfin, parce qu'à ses yeux, la médecine n'était pas seulement une spécialité mais aussi un "humanisme et le fondement d'une culture encyclopédique - des livres comme le " Poème de la médecine" ou le "Canon de la Médecine" en attestent. 

C’est d’ailleurs, finalement, cette dernière œuvre qui a eu majeure grande fortune dans l'histoire de la médecine ; elle se distingue par l'articulation des parties, ses qualités didactiques et techniques. Mais cet investissement dans la pharmacopée s'est accompagné de réflexions spéculatives : la logique, la métaphysique, le legs d'Aristote,... C'est aussi un va-et-vient entre la connaissance de l'Occident de la matière à l'Orient des formes spirituelles". Une quête toujours inachevée du "statut de l'homme comme forme spirituelle". Une approche du divin sans cesse envisagée et suggérée. En dernière instance, tout ce qui constitue "son vivre en harmonie avec Dieu". 

*Editions " La Croisée des Chemins", 2022, Casablanca,119 p.