Culture
Il y a dix ans disparaissait une icône de la Musique Marocaine : Salah CHERKI
Il a été une figure incontournable du "Tarab al-Andaloussi", à la fois musicien, compositeur, auteur et écrivain. Il était reconnu par tous, bien au-delà des frontières de notre pays, comme un chantre de la musique andalouse, associé à un virtuose à nul autre pareil du Qanoûn.
Salah CHERKI CHERKAOUI, Grand Musicien et incontestable virtuose du Qanoun, nous a quitté, à l'âge de 88 ans, le lundi 21 novembre 2011. Il y a juste dix ans. Il fut assurément "un pionnier qui a tout sacrifié pour mettre sur pied l'édifice de la musique marocaine". Sa disparition fût une perte pour le sérail artistique de notre pays. Un conservatoire de musique porte aujourd'hui son nom à Salé. Paix à son âme.
Il est le seul compositeur Marocain de musique, pour lequel la Diva OumKaltoum chante une chanson religieuse de sa composition, sur demande de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II. Il s’agit de cette chanson spirituelle que nos chaînes de télévision et nos Radios diffusent en boucle lors des fêtes religieuses.
Il est né Salah CHERKAOUI, à Salé, à quelques pas de la Grande Mosquée Almohade et de la Médersa Mérinide d'Attalâa...en l'an 1923.
Il fut une figure incontournable du "Tarab al-Andaloussi", à la fois musicien, compositeur, auteur et écrivain. Il était reconnu par tous, bien au-delà des frontières de notre pays, comme un chantre de la musique andalouse, associé à un virtuose à nul autre pareil du Qanoûn.
Salah Cherki s'est épris de musique dès l'âge de 14 ans. Il débute par l'apprentissage du luth, puis de l'instrument dont il deviendra le "mâalem" : le Qanoûn...Il suit à cette fin l'enseignement d'un maître, Mohamed Zniber.
Il passe ensuite deux années en France, au cours desquelles, dira-t-il, " j'avais rencontré des musiciens de tous les pays...des Arméniens, des Libanais qui partageaient l'amour de cet instrument, aux différentes formes et noms, mais dont la sonorité est universelle".
Il retourne au Maroc à l'âge de 28 ans, en 1951, et intègre d'emblée Radio Maroc.
Il sera dès lors le fondateur du premier orchestre marocain à la radio après l'indépendance. "C'était vraiment la belle époque"...a-t-il pu déclarer. " Il n'y avait pas de compositeur à ce moment. Nous devions compter sur nos propres capacités. Chacun, individuellement ou avec d'autres, se donnait corps et âme pour tirer le meilleur de lui-même. Nous étions volontaires, ingénieux. Ce que l'un de nous composait appartenait à tous". Qui donc n'a vu Salah CHERKI sur une de nos chaînes télévisées, "assis, concentré, serein, presque immobile, n'étaient ses doigts caressant cette cithare arabe à 75 cordes que l'artiste fait vibrer sur ses genoux".
Après avoir pris sa retraite en 1984, Salah CHERKI se lance dans des expériences musicales aussi originales que brillantes, constituant, avec Bélaid El Akkaf et Brahim El Belloul, un trio qui associera pour la première fois dans l'histoire de la musique arabe le Qanoûn à la guitare. Il s'attellera ensuite à constituer un quintette associant le Qanoûn au saxophone Ève-Charlotte de l'excellent Chrif, la contre-basse, ainsi que le tar et la darbouka. Un quintette qui se donnera pour mission de reprendre d'anciens morceaux, appartenant à feu Abdelkader Rachidi et feu Ahmed El Bidaoui, et à les mettre à jour sous de nouvelles sonorités, plus modernes.
Salah CHERKI fut certes un grand maître du Qanoûn, un monument vivant de la musique marocaine, mais pas seulement. Il savait également manier la plume...allègrement. Il est ainsi l’auteur d’ouvrages d'anthologie, notamment "La musique marocaine, un patrimoine riche et diversifié" ; mais aussi d'une ' Introduction à l'histoire de la musique marocaine", ainsi que d'une œuvre autobiographique intitulée "Joul Tara Almaani" (Voyage ! Et tu connaîtras la vérité).
Salah CHERKI a sillonné plusieurs fois le monde, de l'Europe aux États-Unis, de la Chine à l'Inde, du Canada au Brésil. L'ultime sortie du maître eut lieu en septembre 2011 dans l'auditorium de la CDG à Rabat.
Salah CHERKAOUI nous a quittés, à l'âge de 88 ans, un lundi 21 novembre de l’an 2011. Il fut assurément "un pionnier qui a tout sacrifié pour mettre sur pied l'édifice de la musique marocaine". Sa disparition fût une perte pour le sérail artistique de notre pays. Paix à son âme.