Journées du cinéma panafricain à Raba : Projection de ''Neptune Frost'' de ''Vuta N'Kuvute''

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Vuta N'kuvute" ("Les Révoltés" en swahili) du réalisateur Amil Shivji, un hymne aux mouvements de libération en Afrique et un coup de gueule contre le colonialisme et le néocolonialisme.

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Rabat – La première édition de ROOTS Rabat "Les journées du cinéma panafricain" a vu mardi soir la projection du film "Neptune Frost" de Saul Williams et Anisia Uzeyman au cinéma la Renaissance de Rabat,

"Neptune Frost" est un film africain futuriste qui plonge le public dans un monde métaphorique afin de le sensibiliser à la condition des mineurs qui extraient les matières premières essentielles à la fabrication des smartphones et d'autres outils technologiques.

Il s'agit d’un long métrage engagé qui invite à la réflexion en décrivant avec finesse et dans les moindres détails les souffrances et la peine des "oubliés" du 21ème siècle.

Sur le plan artistique, les costumes portés par les acteurs, les noms donnés aux personnages et le décor choisi révèlent la place qu'occupe la technologie dans notre quotidien et donne une idée sur le cycle de vie des produits technologiques, qui finissent souvent dans des décharges retrouvées dans les mêmes pays où sont extraits les minerais.

Conscients de la valeur de leur travail et de la négligence des "autres", les mineurs s’interrogent de manière philosophique sur la tyrannie du monde qui les entoure et qui les exploite.

Entourés à la fois de mines et de décharges technologiques, ils essayent de se révolter à maintes reprises contre le système autoritaire qui viole leurs droits.

Rythmé par des chants de protestations scandés en langues africaines et en langues étrangères, le film jette la lumière sur la rébellion menée par les mineurs à l’encontre du système dont ils font partie, en formant un collectif de cyber-pirates anticolonialistes qui va braquer les projecteurs sur leur condition de vie.

Initialement pensé et conçu pour le théâtre, "Neptune Frost" est devenu un film suite aux conseils des producteurs, ont confié les réalisateurs Saul Williams et Anisia Uzeyman dans une déclaration à M24, la chaîne d’information en continu de la MAP.

Tourné au Rwanda, le film a regroupé une équipe artistique aux multiples talents, composée de rwandais et de burundais qui ont travaillé en parfaite synergie.

Organisée du 12 au 16 mars à l'initiative de la Fondation Hiba avec le soutien du ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, la première édition de ROOTS Rabat "Les Journées du cinéma panafricain" vise à promouvoir la création de synergies et la coopération Sud-sud en vue de pérenniser l’industrie cinématographique africaine.

Le tanzanien "Vuta N'Kuvute", un hymne à la lutte anticoloniale en Afrique

La veille, le public avait rendez-vous avec la projection du film tanzanien "Vuta N'kuvute" ("Les Révoltés" en swahili) du réalisateur Amil Shivji, un hymne aux mouvements de libération en Afrique et un coup de gueule contre le colonialisme et le néocolonialisme.

Le film raconte, sur fond d'une révolte politique au crépuscule du protectorat britannique à Zanzibar vers les années 1950, l'idylle entre Denge, un jeune combattant pour l'indépendance de son pays, et Yasmin, une Indienne-Zanzibarie qui a fugué la nuit de ses noces du domicile de son époux, trois fois plus âgé d'elle.

Après avoir fui ce mariage forcé, l'héroïne retourne à Zanzibar où elle est chassée par sa famille scandalisée. Elle se réfugie dans une île où elle rencontre Dengi, un jeune révolutionnaire qui a dédié sa vie à la lutte contre la colonisation britannique. L'élu de son cœur emprisonné à cause de son militantisme, la jeune femme s'engage dans un combat acharné pour le libérer.

Dans une déclaration à la MAP, le réalisateur a indiqué que son film est l'histoire d'une romance entre un jeune homme imprégné des idéaux communistes et une jeune femme victime d'un mariage arrangé. Le premier livre un combat pour libérer son pays alors que la deuxième se bat pour recouvrer sa propre liberté, a-t-il expliqué, estimant que les deux combats sont "indissociables".

Son long-métrage est adapté d'un roman éponyme célèbre dans son pays, de l'auteur swahili Adam Shafi, qu'il a eu l'occasion de lire alors qu'il était encore un lycéen rêvant de devenir un réalisateur de films. L'adaptation au grand écran de ce roman est "une manière pour moi de revisiter l'histoire et d'essayer de comprendre le présent à son prisme".

Concernant le rôle du cinéma dans la lutte contre le colonisateur, le cinéaste tanzanien a souligné que le 7ème art est un "redoutable instrument de communication, de résistance, de compréhension de l'histoire et d'analyse des politiques du monde contemporain", faisant observer que le cinéma africain tire son origine et ses thèmes des mouvements nationalistes africains des années 1960.

Dès cette époque le septième art africain "a pris le contrepied du système dominant et s'est fait le porte-voix du combat contre le colonialisme et l'oppression politique". "En tant qu'Africains, nous avons notre mot à dire et c'est à nous d'élever la voix pour nous faire entendre. C'est une forme de lutte contre le néo-colonialisme !", a-t-il martelé.

Outre le film "Vuta N'Kuvute", les Journées du cinéma panafricain ont connu la projection d'une série de longs-métrages et de courts-métrages africains ouverts au public.

"Vuta N'Kuvute" a remporté en 2022 le Tanit d'or de la 33ᵉ édition des Journées cinématographiques de Carthage (Tunisie) dans la catégorie "longs-métrages".