Le chef du gouvernement doit recueillir des informations fiables et exhaustives avant de se lancer dans la pol?mique. Son discours sur la r?duction du d?ficit budg?taire s'av?re aujourd'hui sans cr?dibilit?.
Les donn?es de la tr?sorerie g?n?rale du royaume relatives au d?ficit budg?taire ?? fin 2014 constituent un d?menti cinglant de ce discours victorieux . La comptabilit? budg?taire est, comme tout un chacun le sait, tenue par la TGR.
Ainsi, la TGR nous informe que le gouvernement n'a pas r?ussi ? r?duire le solde ordinaire n?gatif ni ? baisser le d?ficit budg?taire en 2014.Les gains substantiels de la d?compensation des prix de la plupart des carburants et la baisse de la subvention octroy?e au gasoil, les recettes au titre de la cession de la majorit? du capital d'IAM (IS et droits d'enregistrement et de timbre), la vente des parts de l'Etat dans le capital de la Banque centrale Populaire?, la contribution au titre de la p?che (UE) et les dons des pays du golfe ont ?t? ?limin?s par la baisse d'autres recettes et la hausse de certains d?penses de fonctionnement. Les recettes exceptionnels et la baisse de la charge de la compensation n'ont permis de r?duire le solde ordinaire n?gatif que de 900 millions de dirhams et le d?ficit budg?taire de 1 milliards de dirhams, alors que les dites recettes ont rapport? au tr?sor ?17,8 milliards de dirhams et la charge de la compensation a ?t? r?duite de 13?,5 milliards de dirhams. Un ?chec patent que l'abus du verbe ne peut ?pas camoufler .
Selon la TGR, le solde ordinaire n?gatif a atteint 16 milliards de dirhams en 2014 contre un solde n?gatif de 16,9 MMDH un an auparavant ?et le d?ficit du tr?sor ou d?ficit budg?taire a atteint?49 milliards de dirhams, compte tenu d?un solde positif de 18,6 milliards de dirhams d?gag? par les?comptes sp?ciaux du Tr?sor (CST), contre un d?ficit du Tr?sor de 50 milliards de dirhams ? fin d?cembre 2013, compte tenu d?un solde positif de 12,3 milliards de dirhams d?gag? par les CST.
Le solde d?gag? par les comptes sp?ciaux du Tr?sor ? fin d?cembre 2014 tient compte des dons des pays du?Golfe pour un montant de 13,1 MMDH.
Le besoin de financement du tr?sor a atteint 46,7 milliards de dirhams ? fin 2014, ?contre un besoin de financement de 52 milliards de dirhams ? fin d?cembre 2013. Il a ?t? couvert par des ressources ext?rieures et int?rieures. S'agissant des financements ext?rieurs, ils proviennent du recours ? l'emprunt sur le march? ?financier international pour 11,2 milliards de dirhams ( 1 milliard d'euros), et aupr?s de la BIRD?: 3,4 milliards de dirhams et de la BAD?: 1,6 milliards de dirhams. Compte tenu du remboursement de 9,1 milliard de dirhams au titre de la dette ext?rieure, le flux net positif a atteint 8,3 milliards de financement ext?rieur contre un flux net positif de 14,1?milliards un an auparavant. Quant au financement int?rieur, le tr?sor a ?lev? 38,4 milliards de dirhams?contre 37,9 milliards de dirhams ? fin d?cembre 2013.
La soutenabilit? budg?taire, brandit par Benkirane ?contre tous ceux qui critiquent son ultra-lib?ralisme, est loin d??tre atteinte.
La stabilit? du solde ordinaire n?gatif prouve que le gouvernement a ?chou? ? mettre fin ? cette ?anomalie, m?me apr?s la baisse des d?penses de la compensation de 13,5 milliards de dirhams en 2014 ? 36,8 milliards de dirhams. L'Etat continue ? s'endetter pour couvrir des d?penses de fonctionnement et, bien sur, la totalit? des d?penses d'investissement.
Sans les recettes g?n?r?es ? la suite de la transaction entre Vivendi et Etisalat pour la cession de 53?% du capital d'IAM ( Maroc T?l?com), soit 2,4 milliards de dirhams, la cession des parts de l'Etat dans le capital de la Banque Populaire, soit 2 milliards de dirhams, les dons des pays du golfe de 13,1 milliards... qui sont des recettes exceptionnels, le solde ordinaire ?n?gatif et le d?ficit budg?taire seraient plus importants qu'en 2013. le d?ficit budg?taire aurait d?pass? 6?% du PIB et s'approcherait du pic de 2012. Les recettes du FMI n'?taient d'aucune utilit?.
Cet ?chec rejoint celui enregistr? au niveau de la croissance du PIB en 2014 estim?e ? 2,6?% par le HCP, en charge de la comptabilit? nationale, soit moins qu'en 2013 et m?me 2012. Cet ?chec aura certainement des r?percutions n?gatifs sur l'?quilibre budg?taire en 2015. Les donn?es conjoncturelles favorables ? une croissance plus ?lev?e en ce d?but d'ann?e peuvent ?tre an?antis par des choix inappropri?s. Compter sur la pluie pour sauver la face constitue un retour en arri?re. La relance des secteurs en crise exige une nouvelle politique qui allie offre et demande.