? Difficile de faire des pr?visions fiables alors que beaucoup de lignes bougent, mais il est anormal de ne pas tenir compte de certaines ?volutions majeures Comme pr?vu, le gouvernement a r?ussi ? faire voter son projet de loi de finances 2015. L'opposition, majoritaire ? la chambre des conseillers, a choisi de s'abstenir cette fois. Seuls cinq conseillers de la FDT ont vot? contre. En votant, personne ne s'est demand? ce que cache ce projet?? Pr?par? en ?t?, est-il toujours valable?? Ou encore viable?? ? Le suivisme et la peur de se retrouver confront? ? des maux de t?te ont fini par convaincre tout le monde ? repousser, voire ? occulter ces questions probl?matiques. Il est certes difficile de faire des pr?visions fiables en ces moments o? beaucoup de lignes bougent, mais il est anormal de ne pas tenir compte de certaines ?volutions majeures et de ne pas adopter une loi de finances adapt?e ? ces ?volutions. Les hypoth?ses retenues lors de l'?laboration du projet de loi de finances 2015 sont d?pass?es, ce qui rend toute la logique qui a pr?sid? ? cette ?laboration caduque. Le cours de p?trole a recul? de presque 50?%, le prix du bl? sur le march? international baisse, suite ? une bonne r?colte mondiale. Les fortes pr?cipitations de cet automne permettent d'esp?rer une tr?s bonne campagne agricole. La demande ext?rieure adress?e aux produits marocains traditionnels s'am?liore. Les r?serves de change remontent? Partant de ces ?volutions positives, il est permis de pr?voir un taux de croissance du PIB au dessus de 5?% en 2015. Une reprise du cr?dit bancaire, et des investissements ext?rieurs corr?l?e ? une croissance soutenue de la demande int?rieure, y compris celle de l'administration, peuvent porter la croissance ? des niveaux sup?rieurs. Si Bank Al Maghrib para?t, ? l'issue de la derni?re r?union de son conseil, optimiste, m?me si les chiffres qu'il a retenu riment avec ceux adopt?s par le gouvernement, et proc?de ? un geste visant ? encourager le cr?dit bancaire moins cher, en baissant son taux directeur ? 2,5?%, le gouvernement para?t agir en toute irresponsabilit?. Son projet de loi de finances 2015 s'inscrit dans une logique conservatrice contraire ? ce qu'exige la conjoncture actuelle. Le projet maintient une pr?vision de d?ficit budg?taire de 4,3?%, or les ?volutions en cours permettent de pr?voir un d?ficit moindre. Il sera moins que les pr?visions initiales de cette ann?e ?galement. La d?compensation des carburants et la baisse substantielle pr?vue du co?t de la compensation des 3 autres produits restants, les gains g?n?r?s par le d?part de presque 20.000 fonctionnaires ? la retraite, la r?forme du CMR ne pouvant pas ?tre mise en ?uvre l'ann?e prochaine, l'am?lioration du chiffre d'affaires de certains gros contribuables, la baisse du co?t de la dette publique, l'annulation d'une grosse somme d'investissements budg?taires non engag?s etc. sont des donn?es qui soutiennent cette pr?vision. Le probl?me pr?occupant demeure celui de la baisse continue des recettes de la TVA, cons?cutive au reflux de la consommation. Il est hasardeux d'inciter aujourd'hui ? abandonner le mod?le ?conomique actuel bas? sur la consommation int?rieure, parce qu'il g?n?re plus d'importations, car le r?sultat que l'on peut attendre de cet abandon, au moment o? nos avantages comp?titifs sont faibles, est la stagnation. Au lieu de penser ? utiliser l'instrument budg?taire, en coordination avec la politique mon?taire qui a toujours des marges non encore utilis?es, pour adopter une politique de relance vigoureuse, en profitant des donn?es favorables de la conjoncture, le gouvernement est rest? prisonnier d'une rigidit? qui n'a plus lieu d??tre. Tous les pays qui cherchent ? booster leur croissance, et qui disposent de marges utilisables, y compris au niveau de la dette, optent pour des politiques budg?taires et mon?taires accommodantes au lieu des politiques draconiennes qui induisent morosit? et la d?flation. Le gouvernement est peut ?tre tent? par une performance similaire ? celle du gouvernement Jettou au niveau du d?ficit budg?taire, or cette performance est ridicule dans un pays qui souffre de plusieurs carences. Vaut mieux l'oublier. La politique budg?taire se trouve de ce fait aux antipodes des besoins de l'?conomie et de la soci?t?. Avec la loi de finances 2015 telle qu'elle est, notre pays risque de rater l'occasion d'aller de l'avant. Il est peut-?tre temps de penser ? une loi de finances rectificative pour les mois ? venir.