De nouvelles formes de puissance ?branlent la g?opolitique, mettent en valeur les consid?rations g?o?conomiques, produisent une v?rit? premi?re et essentielle qui interpelle tous ceux qui veulent comprendre les ph?nom?nes du monde. Elle r?side dans le fait de reconna?tre que le capitalisme, en tant que mode de production depuis ses d?buts jusqu'? aujourd'hui, a pu continuer et garantir les facteurs de son expansion gr?ce ? ses capacit?s de produire des modes diff?rents d'accumulation, chaque fois que le mode en cours est expos? ? une crise ou ? une d?r?gulation.
Pour arracher ses acquis, le syst?me capitaliste, tel qu'il est dirig? par les ?tats-Unis aujourd?hui, a radicalement boulevers? les notions du temps et de l'espace et a compl?tement chang? de pratiques politiques, surtout au niveau du r?le de l'?tat. Il ne cesse de revoir structurellement la culture ?conomique pour ?tablir "une nouvelle id?ologie du capitalisme". Dans ce contexte, les rapports entre le monde de l'?conomie et les instances ?tatiques se voient chaque fois remis en question.
Jeremy Rifkin observe que nous sommes en train de voir ?se concr?tiser ??un nouveau complexe communication-?nergie-transport, qui donne naissance ? l??conomie de partage??. Il consid?re que ??le capital social deviendra beaucoup plus important que le capital ?conomique ou financier??, et il pr?voit la ??fin du capitalisme??, ou plut?t la fin de la domination du capitalisme comme seul mod?le ?conomique, gr?ce ? une diminution graduelle du cout des biens et des services. La notion d?acc?s, selon lui, est en cours de se substituer au principe de propri?t?. Pour Rifkin ??l??re industrielle a vu la transformation du travail en marchandise?; aujourd?hui ce sont les activit?s de type ludique qui sont transform?es en marchandises consomm?es sous forme d?activit?s r?cr?atives payantes??. (
L??ge de l?acc?s. 2005)
La th?se de Rifkin n?est nullement partag?e par tous les ?conomistes et les historiens. Pr?dire la fin du travail ou la fin du capitalisme ? cause du changement de paradigme et de mode de production d??nergie, de transport et de communication n?est nullement suffisant pour d?cr?ter la disparition des fondements du capitalisme. Personne ne conteste les mutations que vit le monde gr?ce aux r?seaux de connaissances et d?informations dans la toile et l?importance accrue du marketing ou du capital immat?riel par rapport au mode de production industrielle, mais de l? ? pr?voir la fin du mode de production capitaliste dans les d?cennies ? venir reste une aventure prospective difficile ? partager. Aujourd?hui, on parle, aussi, de d?-mondialisation. Certes, le capitalisme n'est pas n?cessairement homog?ne, car chaque pays capitaliste propose des r?ponses diff?rentes aux questions de soci?t? telles l'immigration, la pauvret?, la fiscalit?, les salaires, la s?curit? sociale, la culture ou l'entreprise, etc., mais les perc?es de la mondialisation, orchestr?es par les organismes internationaux puissants et orient?es par les ?tats Unis dans le cadre du n?o-lib?ralisme, imposent un nouveau lexique au monde et une r?f?rence ?conomique presque unique. Les ma?tres mots deviennent: privatisations, les march?s financiers, la flexibilit?, la d?r?gulation, le management, et "faire croire que le message n?o-lib?ral est un message de lib?ration". ( Bourdieu)
En d?pit des diff?rences culturelles, historiques et sociales des syst?mes, des pays et des r?gions, la mondialisation tend ? les r?duire, sinon ? les effacer, malgr? les formes de r?sistance au nom du droit ? la diversit?. Ainsi, quelles que soient les r?ponses donn?es par les divers capitalismes aux grandes questions de soci?t?, la philosophie de la nouvelle croissance postule moins d'?tat, moins de bureaucratie et plus de flexibilit? et de souplesse. Face aux consid?rations strat?giques le social-d?mocrate europ?en, le lib?ral am?ricain et le conservateur britannique se trouvent dans le m?me camp pour d?fendre les int?r?ts du capitalisme international.
On trouve des r?sistances ?? et l? de l'ordre de "l'exception fran?aise" ou "les sp?cificit?s europ?ennes" ou bien au nom des diff?rences culturelles et ethniques ou m?me politiques comme le cas chinois, par exemple, mais la logique am?ricaine tend, de diff?rentes mani?res, ? imposer les choix qui ont fait des ?tats-Unis une superpuissance- en tout cas jusqu?? aujourd?hui-, et d'entraver toute coalition pouvant mettre en cause sa supr?matie ?conomique par le contr?le du syst?me mon?taire international et l'OMC, militaire par le biais de l'OTAN en faisant de cette organisation la r?f?rence mondiale unique pour r?soudre les conflits, et culturelle en ma?trisant le march? international de communication, de t?l?communication, de la production audiovisuelle, de la presse et du web. Ainsi, les discours sur la d?mocratie, les droits de l'homme, le r?le de l'?tat, l'?conomie de march?, la souverainet?, etc. qui accompagnent la mondialisation sont d?termin?s par les donn?es strat?giques que les Etats-Unis d'Am?rique tentent d'organiser et de consolider afin de "mondialiser" ses mod?les et ses choix par tous les moyens possibles.
En effet, d?s qu'un pays se voit oblig? d'introduire le lib?ralisme dans sa nouvelle version, les disparit?s criantes de classes se manifestent, la violence et le crime augmentent (il y a plus d'un million huit cent mille prisonniers aux Etats-Unis), le ch?mage (les continuelles tentatives de destruction des ?conomies des pays de l'Asie du Sud-Est comme, par exemple, la guerre financi?re contre la Malaisie ? la fin des ann?es 90 et la volont? de d?membrer l'Indon?sie engendrant la perte de 30 millions d'emplois...), la destruction, le d?membrement et la fragilisation des Etats arabes . La relation causale entre l'augmentation de la richesse et l'?largissement du cercle de la pauvret? est devenue une v?rit? d?stabilisante pour toutes les soci?t?s, que se soient celles qui militent pour la mondialisation ou celles qui subissent ce nouveau despotisme.
Si le colonialisme traditionnel exer?a de pires formes d'exploitation, d'humiliation et de m?pris des pays du Sud, au nom de la supr?matie de l'homme blanc, la mondialisation, avec ses conditions p?nibles et ses contraintes dures, commence ? menacer d'explosion, devant les yeux du monde, plus d'une soci?t? et met en p?ril l'?quilibre de beaucoup de pays lorsqu'elle a engag?, par le n?o-lib?ralisme, leur population dans la violence, le crime et l'anarchie. Les ?v?nements que connaissent la Russie, certains pays europ?ens et d?autres pays, sont le r?sultat logique de la domination de la finance et des recommandations du FMI et de la Banque Mondiale, ? tel point que certains observateurs consid?rent que la politique du libre-?change est fatalement suicidaire, et que la mondialisation commence d?j? ? d?montrer son ?chec cuisant. Ainsi, dire que le triomphe de la mondialisation apporte plus de libert? aux peuples et de richesse aux populations est un leurre.