économie
Des scénarii pour sauver l’entreprise après la crise du Covid-19
Plus de la moitié des entreprises est en arrêt momentané ou définitif d’activité, à cause du coronavirus. Selon un rapport du HCP, près de 142 mille sociétés, soit plus 57 % des entreprises avaient annoncé avoir arrêté de manière définitive ou temporaire leur activité. Dans le détail, ce sont plus 135000 entreprises qui avaient suspendu leur travail alors que 6300 ont mis la clé sous le paillasson. C’est dire que l’avenir de l’entreprise marocaine après la crise du Covid-19 doit être inscrit dans l’agenda du gouvernement et fait déjà l’objet de discussions entre acteurs politiques, économiques et de la société civile. Tellement l’effet du coronavirus est à la fois sanitaire, économique et social. Des défis énormes se dressent ainsi face à tout le monde.
Les répercussions dramatiques de la crise du Covid-19 sur le tissu entrepreneurial sont difficiles à chiffrer. L’occasion nous a été donnée il y a quelques semaines d’en évoquer les principaux indicateurs. Mais force est de constater que sans une véritable culture de l’entreprise, paramètre de base permettant à toute entité industrielle, commerciale ou de service de tirer les leçons de cette crise, il sera difficile de se projeter vers l’avenir de manière plus sereine. L’Etat a adopté une série de mesures pour venir en aide aux entreprises, mais sans un véritable plan de relance de la machine économique dans son ensemble, sans un accompagnement adéquat des entreprises, la reprise sera difficile. Dépasser les effets du Covid-19 l’est encore plus.
Faciliter l’accès des entreprises aux crédits bancaires, c’est une condition nécessaire pour leur sauvetage mais insuffisante. Il faut aussi faciliter en amont les démarches administratives, dont la rupture avec les pratiques bureaucratiques, deux éléments qui permettront d’améliorer le climat des affaires. Ce qui passe par une implication de l’Etat, de ses services décentralisés, des collectivités locales et des acteurs de la société civile. Dans cette même perspective, il nous paraît primordial de mettre en place une banque spéciale pour soutenir les entreprises afin qu’elles puissent redémarrer sur des bases plus saines et plus solides. Surtout que le statut du Maroc, pays ouvert sur le monde, l’oblige plus que jamais à avoir une économie compétitive.
Soutenir les entreprises, c’est encourager la création ou du moins la préservation de l’emploi. Tout projet de société pour l’après-corona ne peut être viable que s’il est basé sur une vision claire à même de permettre le sauvetage de l’économie nationale. Il doit se baser sur une double approche, économique et de développement, loin de toute implication idéologique.
La situation difficile que traversent nos entreprises doit inciter ceux qui ont en charge l’élaboration du nouveau modèle de développement à prendre en compte cette nouvelle donne, liée aux répercussions de la crise sanitaire mondiale. Dans ce sens, notre pays se doit de privilégier l’économique sur le politique. L’exemple allemand qui a fait de son modèle économique fort un moyen d’agir sur la politique ou encore le modèle sud-coréen qui a tout misé au départ sur l’enseignement et la recherche sont édifiants à cet égard.
Le nouveau modèle de développement au Maroc doit, comme nous l’avions déjà écrit, se baser sur des objectifs économiques clairs et précis. Lesquels peuvent servir le volet social. Les effets de la crise actuelle ont été presque dévastateurs pour certains secteurs de l’économie nationale, l’industrie ou les services. Ce qui nous impose de mettre le paquet sur d’autres secteurs comme le tourisme qui doit constituer une nouvelle locomotive de l’économie en attendant que l’industrie, par exemple, dépasse son cap actuel de dépression. Le tourisme doit être repensé, cette fois ci, plus que jamais, comme un secteur stratégique qu’il faut doter des moyens nécessaires. Pour ce faire, il faut développer l’offre marocaine pour faire face à la concurrence déloyale de certains pays dans la Méditerranée, mais aussi et surtout mette en place une offre touristique alléchante pour les nationaux. Le ministère du tourisme est appelé à réfléchir à de nouveaux produits touristiques, à de nouvelles façons de promouvoir la destination Maroc et mette en valeur les produits de l’artisanat marocain. Cela doit passer entre autres par les visites virtuelles. Des visites qui rendent compte des potentialités régionales et qui soient incitatives pour les touristes à venir sur place. Autrement dit, une campagne de communication bien orchestrée pour bien vendre le produit touristique marocain.
Il faut dire que tous les scénarii possibles pour sortir de la crise du coronavirus doivent se baser d’abord sur le soutien aux entreprises et la levée des barrières administratives et de gestion. Le climat des affaires doit être un facteur stimulant et non un élément de blocage. La recherche des profils nécessaires pour dynamiser la machine économique doit se faire sur la base de la méritocratie, loin des calculs mesquins de copinage et d’appartenance partisane.
Ces priorités ne sauraient nous faire oublier le secteur informel doit à son tour devenir une urgence nationale. En résumé, la crise du Covid-19 doit être considérée comme une opportunité, une occasion de mettre à plat nos modes de fonctionnement et redémarrer sur de nouvelles bases.
La réussite de notre pays dans la lutte contre le coronavirus a été possible grâce à l’implication royale et sa volonté de dépasser ce cap avec le moins de dégâts possibles. Le Roi saura surement trouver les plans devant permettre un avenir serein aux entreprises.
*Abderrezzak Zraidi Ben Belyout, président et fondateur du think tank Roa Visions à Casablanca, il est président de la chambre de commerce Brésil-Maroc-Afrique.