Équilibres macro-économiques, liquidité bancaire, financement du Trésor, l’évaluation de la CDG

5437685854_d630fceaff_b-

710
Partager :

Rabat - L'évolution des principaux équilibres macro-économiques en 2020 s'affiche fortement impactée par la crise du Covid-19 et la confirmation d'une deuxième année de sécheresse. Le creusement du déficit de liquidité du système bancaire, lui, devrait se poursuivre en 2020 à un rythme plus accentué, sous l'effet d'une poursuite de la hausse tendancielle de la circulation fiduciaire, qui sera amplifiée par la panique générée par la pandémie Covid-19, selon la note annuelle macro-économique et taux de CDG Capital. De même le besoin de financement du Trésor devrait baisser légèrement en 2020, générant ainsi un recours moins important du trésor au marché des BDT, selon la note annuelle macro-économique et taux de CDG Capital.

De même, "le fort recul des flux financiers en provenance des nos partenaires commerciaux, particulièrement les flux du tourisme et les transferts des MRE, devrait réduire le potentiel de compensation du déficit commercial, générant ainsi un impact baissier sur les réserves de change du Royaume", indique CDG Capital dans sa note intitulée "Economie nationale et marché de taux face aux enjeux du Covid-19 et de la sécheresse".

Face à cette situation, la Banque centrale devrait continuer à utiliser les instruments classiques pour alimenter le marché en cash, notamment les avances à 7 jours sur appel d'offre, relève la même source.

Toutefois, face à une accentuation du déficit et en vue de combler les besoins structurels de cash des banques, le recours de la banque centrale aux instruments de long terme sera plus important principalement les pensions livrées à long terme, les prêts garantis et les swaps de change, poursuit CDG Capital.

En 2019, le déficit de liquidité du système bancaire s'est globalement creusé, passant à moyenne annuelle de 77 milliard de dirhams (MMDH) contre 62 MMDH une année auparavant indique la même source, expliquant cette accentuation essentiellement par une hausse de la circulation fiduciaire de 15 MMDH à 249 MMDH enregistré à fin 2019, soit une augmentation nominale quasi-similaire à celle des deux années précédentes.

L'augmentation tendancielle de cet agrégat monétaire, reflétant le volume monétaire qui circule hors circuit bancaire, s'explique principalement par l'expansion de l'économie informelle et du marché de change parallèle, fait remarquer CDG Capital.

Cependant, bien que le déficit extérieur se soit creusé davantage en 2019, les réserves de changes ont augmenté suite à deux opérations importantes, en l’occurrence d'un tirage d'environ 6,9 MMDH, enregistré en moi d'avril, sur un prêt de la Banque mondiale et de la sortie à l'international du Trésor public, en mois de novembre pour un montant avoisinant les 10,6 MMDH.

Le besoin de financement du Trésor devrait baisser légèrement en 2020

Le besoin de financement du Trésor devrait baisser légèrement en 2020, générant ainsi un recours moins important du trésor au marché des BDT, selon la note annuelle macro-économique et taux de CDG Capital.

Sur la base des chiffres communiqués dans le cadre de la loi de finances 2020, principalement le déficit public qui devrait s'établir à 3,5% du PIB, et tenant compte de l'hypothèse de croissance qui souligne une reprise de 2,6% estimée en 2019 à 3,7% prévue pour 2020, avec une hausse de l'inflation de 0,2% à 1,3%, soit une croissance nominale de 5%, le besoin de financement du Trésor devrait connaitre une légère baisse, indique CDG Capital dans sa note intitulée "Economie nationale et marché de taux face aux enjeux du Covid-19 et de la sécheresse".

Ainsi, selon les calculs de CDG Capital et sur la base d'une hypothèse de clôture de l'exercice 2020 avec un déficit budgétaire de 3,5% du PIB, le besoin de financement du Trésor devrait s'alléger légèrement pour passer à 42 milliards de dirhams contre 46 MMDH estimé pour l'année 2019, selon les premières estimations de la Trésorerie Générale du Royaume, soit une baisse d'environ 4 MMDH, relève la même source.

Sur la base d'une hypothèse de financement global du déficit par recours aux BDT, et tenant compte des tombées prévues en 2020 d'une valeur de 68,1 MMDH, en baisse de 31 MMDH comparativement aux réalisations provisoires de l'année écoulée, les levées brutes devraient se stabiliser à environ 11 MMDH, poursuit CDG Capital.

Cependant, le Trésor devrait faire appel aux différentes sources intérieures, notamment les dépôts au Trésor, ainsi qu'extérieures, particulièrement, les prêts et les dons, souligne la même source.

Sur la base de la moyenne des cinq dernières années, le Trésor a couvert presque 63% de son besoin par recours au marché des BDT, fait savoir la note, ajoutant que sur la base de cette hypothèse, les levées brutes du Trésor sur le marché devraient reculer pour se situer à 94 MMDH, soit une moyenne mensuelle de 7,8 MMDH contre 9,25 MMDH enregistrée en 2019.

L'évolution des équilibres macro-économiques en 2020 fortement impactée par le Covid-19 et la sécheresse

L'évolution des principaux équilibres macro-économiques en 2020 s'affiche fortement impactée par la crise du Covid-19 et la confirmation d'une deuxième année de sécheresse, selon la note annuelle macro-économique et taux de CDG Capital.

"L'évolution des principaux équilibres macro-économiques en 2020 s'affiche fortement impactée par deux évènements majeurs en l'occurrence de la crise du Covid-19 et ses implications néfastes sur l’ensemble des composantes de l'économie nationale et la confirmation d'une deuxième année de sécheresse avec des conditions climatiques très défavorables, générant ainsi, une dégradation de la récolte céréalière et un recul du taux de remplissage des barrages", précise CDG Capital dans sa note intitulée "Economie nationale et marché de taux face aux enjeux du Covid-19 et de la sécheresse".

Dans ce contexte exceptionnellement difficile, la gravité de l'impact sur l'économie nationale dépend dans une large mesure de la durée de cette crise sanitaire et de la profondeur de ses séquelles, aussi bien sur le système productif que la stabilité du système monétaire et financier national, relève la même source.

Selon cette étude menée par CDG capital, la particularité de cette nouvelle crise, dont l'ampleur et la gravité sont difficiles à estimer, rend l'exercice de prévisions et de projections extrêmement délicat, de par l'exclusion des approches comparatives, en absence de crises similaires, au cours des dernières décennies, que de la difficulté de prévoir l'intensité des chocs sur les différents équilibres macro-économiques.

Le note fait également ressortir que le comportement de la croissance économique et de l'inflation dépend, dans une large mesure, de la performance de la saison agricole, qui s'affiche fortement corrélée à la production céréalière, et ce en dépit des efforts de diversification entrepris dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV).

Et d'ajouter que le déroulement des conditions climatiques de la saison agricole 2019/2020 laisse présager une campagne agricole en détérioration comparativement à la précédente, dont les résultats ont été largement en dessous de la moyenne décennale (80 millions de quintaux), avec une production céréalière estimée à 52 millions de quintaux en 2019, soit -49,3% en glissement annuel comparativement à celle de 2017/2018 estimée à 102,6 millions de quintaux.

En effet, les données disponibles à fin février 2020 ressortent plusieurs signaux sur les faibles résultats de la campagne en cours avec un couvert végétal en situation faible, un cumul pluviométrique en recul de 38% comparativement à l'année précédente et un taux de remplissage des barrages en régression à 47,3% à fin janvier 2020 contre 60% une année auparavant.

Et d'enrichir également que pour l'année 2020, en dépit de l'atténuation prévue du déficit commercial, en liaison avec le recul des importations, en volume et en valeur, les réserves de change devraient subir l'impact négatif de la baisse des trois piliers compensateurs du déficit, qui sont le solde du tourisme, les transferts des MRE et les Investissements directs à l'étranger (IDE).

La conjoncture défavorable chez les partenaires, fortement affectée par la propagation de la pandémie du Covid-19 et les dégâts associés, particulièrement d'ordre sanitaire et économique, devrait impacter d'une manière accentuée le flux global émanant des trois sources de couverture du déficit commercial en accroissement continu.

lire aussi