La méthode Coué

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Nadia Fettah Alaoui ministre du Tourisme, de l’artisanat et du transport aérien expliquant aux parlementaires que le nombre de nuitées enregistrés au cours des mois de juillet et d’août dans les structures d’hébergement touristiques classées ont baissé de 92%, tandis que les recettes du secteur ont connu une chute vertigineuse de 98% pendant la même période.

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Le tourisme marocain a des tares congénitales. Tout le monde le sait. La Covid-19 les a polarisées. Il a maintenant ses problèmes structurels, ceux de toujours, plus ceux que la pandémie a révélés, voire exacerbés. Adil El Fakir, le patron de l'ONMT, le sait, c'est pour cela que lui et son équipe se plient en quatre pour sortir de l'ornière.

Premier défi majeur pour ce secteur populaire : s’il n’y a pas de maitrise de la situation sanitaire, au plan national, il n’y aura pas de reprise durable. On peut user, un peu, de la méthode Coué, mais elle a une limite. Le tourisme, particulièrement, est directement indexé sur la situation pandémique du pays. Deuxième équation, c'est la non efficience “potentielle” des aides publiques de soutien à ce secteur. Comment aider un secteur qui n’a jamais été féru d’une grande transparence et dont les activités ont, par atavisme, toujours été marquées par le sceau de l’informel. Résultat, quand l’Etat a sorti son chéquier social, il n’y avait pas grand monde pour en profiter ! C’est la rançon amère de l’informel comme mode de vie. Pas de déclaration, pas de soutien ! C’est une règle universelle.

L’autre enjeu, et qui est rédhibitoire, c’est l’aérien. Qui va transporter les millions de touristes dont on a besoin ? Les charters ne se bousculent pas aux portillons et la Compagnie nationale est “tétanisée” par la crise avec ses avions cloués au sol. Sans une grosse volonté politique et une projection stratégique sérieuse on continuera à faire du surplace. Si l’aérien n’opte pas pour un vrai choc de l’offre, nos hôtels resteront tristement vides et la destination sinistrée.

Maintenant, puisqu’on est à l’arrêt, on peut réfléchir ! Comment améliorer
durablement la formation des personnels de gestion et de service du secteur ?
Comment rendre le produit “Maroc” plus attractif, plus durable, plus respectueux
des normes mondiales en matière de service, plus attentif à la nature et plus
sensible aux enjeux écologiques mondiaux ?
Et comment, puisqu’on y est, préparer des offres professionnelles qui sortent des sentiers rebattus pendant des lustres ? Et, au final, comment ne plus faire ce qu’on faisait mal pour faire maintenant des choses plus intelligentes, plus collectives ou plus efficientes.
L’on voit bien, comme dit Hamid Bentahar, président du CRT de Marrakech, que la crise peut être une opportunité pour reprendre les choses en main. Une seule condition : le faire avec sérieux.

Nous avons là une occasion en or pour en finir avec ce qui a accablé le tourisme marocain depuis le début : le court-termisme. Le court-termisme en tout. Des plans d’investissement de voleurs à la tire. Une vue qui ne va pas plus loin que le bout du nez. Des profits rapides non réinvestis. Des formations négligées. Des économies de bout de chandelle sur le produit lui-même. Une gestion erratique. De l’amateurisme à tous les étages de la filière et, in fine, une conscience professionnelle très friable et très peu soucieuse de l’intérêt général.  

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