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Aminatou, Zineb et le Nobel : la séparatiste, l’hystérique et la dynamite
Zineb El Ghazoui, l’idée même de proposer ces deux femmes pour le Nobel de la Paix, même si l’on sait que c’est juste un pauvre coup de com, est un attentat à la bienséance et au bon goût.
Il y a les prix Nobels académiques. Ils consacrent l’œuvre d’une vie dans des matières scientifiques, économiques ou littéraires. Ils sont remis le 10 décembre, date anniversaire de la mort d’Alfred Nobel. Délivrés en Suède, ils souffrent rarement la discussion. Et puis il y a le prix Nobel de la paix. Il est devenu en quelque sorte celui de la controverse.
C’est qu’en soi, ce prix, comment dire, est un symptôme de la conscience malheureuse de l’inventeur de la dynamite qui avait alors fait fortune en tant que « marchand de la mort ». Pour des raisons historiques, il est délivré à Oslo et non pas à Stockholm. A l’origine, ce prix plaidait pour le rapprochement des peuples. Il a fini par être détourné par les mesquineries politiques. Ainsi donc et au fil du temps (depuis 1901), des Nobels, le prix de la paix devint le plus infesté par certaines candidatures proposées, dont celle de de Joseph Staline, Benito Mussolini ou Adolf Hitler mais aussi par des lauréats qui ont fait débat comme ce fut la cas de Henry Kissinger (1973), de Barack Obama pour l’avoir reçu quelque mois à peine après son élection (2009) ou et surtout Aung San Suu Kyi (1991) qui s’est montrée pusillanime face aux massacres des Rohingyas et dont la figure de madone immaculée est désormais éclaboussée de sang.
Deux femmes marocaines sont proposées à ce prix pour l’année 2021 : Zineb El Ghazoui et Aminatou Haider. Personne n’est dupe sur les arrière-pensées qui animent ces insolentes et impudiques propositions ni sur les marionnettistes qui tirent les ficelles. Et si Aung San Suu Kyi est de nouveau victime d’un coup d’Etat, la proposition vaine de ces deux marocaines me semblent plutôt participer du coup d’éclat. Un coup de com, cynique et pervers. Pour les initiateurs de ce type de mascarade, il importe peu que ces deux femmes soient retenues ou pas. Ils jouent au tac-o-tac. Un jeu où on a une chance au tirage et une chance au grattage. Ils savent qu’un nom évoqué, même s’il n’a aucune chance, est en soi une victoire médiatique.
Si Aminatou est sponsorisée par les plus retors adversaires du Maroc, Zineb est parrainée par des laïcards français, benêts et floués, car ils croient sincèrement à son combat mais aussi et surtout par tout ce que l’immigration de France compte comme ennemis : les identitaires, les racistes de tout poil et un quarteron de racaille intellectuelle. Et s’il fallait une preuve de plus pour décrédibiliser cette distinction, nos deux marocaines seraient le meilleur quitus de la grotesque instrumentalisation de ce prix. Que des controverses concernent des candidatures sulfureuses, type Mussolini Hitler ou Staline, passent encore. Mais avec Aminatou et Zineb, le prix Nobel de la paix quitte le périmètre de la polémique pour intégrer celui du gag.
Outre qu’elles soient clivantes, le parcours de ces deux femmes est loin d’être rectiligne. Pour l’une, c’est l’éloge du séparatisme. Pour l’autre, c’est l’éloge de l’irrévérence. Elles ont en commun de n’avoir pas de surmoi. Et ce n’est certainement pas le scrupule qui pourrait les brider dès lors qu’il s’agit de provocation ou d’argent. Aminatou Haider est une séparatiste qui arbore la négation de sa marocanité. Cela ne l’a pas empêché de déposer son dossier à l’Instance Equité et Réconciliation, Instance marocaine et pour les Marocains. Elle a touché une indemnité marocaine, en dirham, la monnaie nationale, dont l’odorat n’a nullement, pour l’occasion, contrarié ses convictions ni étouffé sa respiration nasale. Ses fidèles la qualifient de « Ghandi du Sahara ». Ghandi n’a pas eu lui le prix Nobel de la paix. Une chose est toutefois sûre. Le Mahatma n’aurait jamais accepté de participer à une commission dont il conteste la nationalité.
Zineb, elle est un cas unique dans les annales de l’immigration de France. Elle a un culot qui force l’admiration. En une dizaine d’années, elle a pu troquer sa carte de séjour pour une naturalisation française. De pigiste occasionnelle, elle est devenue « journaliste » sans carte de presse. Elle a préempté le statut de victime expiatoire et surtout virtuelle d’un attentat qui s’est produit à Paris alors qu’elle était à Casablanca. Elle se veut nouvelle prophétesse de la laïcité dans le pays qui a inventé le concept, voilà 116 ans. Enfin, elle a désormais le sésame des sésames, celui d’être « la femme la plus protégée de France ». Ce parcours vertigineux donne le tournis. Car, en dehors du toupet, de l’effronterie et des vociférations, on reste dubitatif face à une telle trajectoire. Elle a trouvé une niche et elle l’exploite au maximum : faire de la négation de son islam un fructueux bizness. Elle a tiré le Jackpot le 7 janvier 2015, suite au massacre de la bande des rigolards de Charlie hebdo. Elle fut l’une des rares à être viré par le même Charlie Hebdo, quatre mois à peine après les tragiques évènements. Pas du genre à se laisser démonter ni à avoir une quelconque décence, elle n’hésitera pas, à l’époque, à porter sur la place publique, son contentieux avec son employeur revendiquant ainsi sa part du gâteux qui provient des généreux donateurs.
Le personnage de Zineb suscite étrangement de la haine et c’est de cette haine qu’elle se repait. C’est son miel.
Jean Messiha, un copte égyptien, tout aussi naturalisé que Zineb, est l’un des seuls qui s’est positionné sur le même créneau. On est presque tenté de penser qu’avec la nationalité française, ces adeptes de la démesure ont hérité de l’hubris. Les excès de Messiha ont effrayé même dans les rangs du Front national dont il a été promptement viré. Zineb n’avait-elle pas provoqué la sidération de Pascal Praud (à qui il en faut pourtant beaucoup) en invitant les policiers français à tirer à balle réelle sur les jeunes des quartiers ? Sous-entendu, comme chacun l’aura deviné, à tirer sur les arabes comme le feraient la police américaine face aux noirs. Dans l’un des nombreux twittes qui circulent, depuis cette annonce, le plus perfide invite à ce qu’on donne à Zineb non pas un prix de la paix mais un prix de la guerre civile. C’est dire.
Preuve de son opportunisme diabolique, Zineb vient de déclarer, à l’annonce de la proposition de son nom au prix Nobel de la paix qu’elle « Ressent le besoin impérieux de déposer les armes » et de « continuer la lutte autrement : avec paix et amour ». Un ange passe.