International
La décision du CPI contre Netanyahu et Gallant met les capitales face au miroir de leur duplicité
De la fumée s'élève du site d'une frappe aérienne israélienne ciblant un quartier du sud de Beyrouth, le 22 novembre 2024. (Photo IBRAHIM AMRO / AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu serait arrêté s'il venait en Irlande après le mandat d'arrêt émis jeudi par la Cour pénale internationale (CPI), a déclaré vendredi le chef du gouvernement irlandais Simon Harris. Tandis que la France se contente de prendre acte en se justifiant, et Berlin promet un "examen consciencieux tout en rappelant les relations particulières qu’elle a avec Israël en raison de son histoire nazie, une histoire que la peuple Palestinien, de ce point de vue, doit payer sa place. Le président américain, Joe Biden, sans surprendre personne trouve cette décision « scandaleuse ».
A la télévision publique RTE qui lui demandait si l'Irlande, membre de la CPI, arrêterait le dirigeant israélien en cas de visite de ce dernier dans le pays, M. Harris a répondu: "Oui, absolument".
"Nous soutenons les tribunaux internationaux et nous appliquons leurs mandats d'arrêt", a-t-il ajouté.
Après plus d'un an de massacres à Gaza et actuellement au Liban, la CPI a provoqué la fureur d'Israël en émettant jeudi des mandats d'arrêt contre Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Un autre mandat de la CPI pour les mêmes motifs vise Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas.
Le président américain Joe Biden, dont le pays n'est pas membre de la CPI, a jugé "scandaleux" les mandats d'arrêt de la CPI contre des dirigeants israéliens.
En principe, n'importe lequel des 124 États membres de la cour est obligé de les arrêter s'ils entraient sur leur territoire.
Simon Harris a aussi indiqué à RTE que le mandat contre le Hamas sera "absolument" exécuté.
Les relations entre l'Irlande et Israël se sont détériorées depuis que Dublin a reconnu en mai l’État de Palestine, ce qui avait conduit Israël à rappeler son ambassadeur.
La France se contente de "prendre acte" des mandats d'arrêt émis jeudi par la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif, a déclaré vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
"Fidèle à son engagement de longue date en soutien à la justice internationale", Paris "rappelle son attachement au travail indépendant de la Cour", souligne-t-il dans un communiqué, sans préciser explicitement si la France, qui fait partie des 124 Etats membres de la CPI, procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.
S'agissant de la situation à Gaza, la France "a toujours et depuis le début du conflit demandé le strict respect du droit international humanitaire et la protection des civils" et "condamné ses violations", rappelle le porte-parole de la diplomatie française, Christophe Lemoine.
Paris a aussi "condamné et continue de condamner dans les termes les plus forts les attaques terroristes antisémites commises le 7 Octobre par le Hamas et d'autres groupes terroristes" et "rappelle qu'il n'y a aucune équivalence possible entre le Hamas, un groupe terroriste, et Israël, un état démocratique", fait-il valoir.
"Il y a clairement la volonté d'humilier Israël à travers cette décision", a regretté le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu sur franceinfo vendredi appelant la France - avant la publication du communiqué du Quai d'Orsay - à "témoigner à ce pays ami de son soutien avec un peu plus d'énergie".
Berlin a promis de son coté vendredi un "examen consciencieux" des suites à donner aux mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien et son ex-ministre de la Défense, sans dire à ce stade si l'Allemagne en appliquerait les décisions.
"Nous examinerons consciencieusement" les mesures à prendre, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit, dans un communiqué.
Il y souligne que "l'Allemagne a participé à l'élaboration du statut de la CPI et est l'un des plus grands soutiens de la CPI".
Mais la position allemande, souligne M. Hebestreit, "est également le résultat de l'histoire allemande" marquée par la Shoah, l'extermination systématique des juifs sous le totalitarisme nazi.
En "conséquence", l'Allemagne a "des relations uniques et une grande responsabilité avec Israël", ajoute le porte-parole. Ce qui revient à dire qu’un autre crime nazi commis aujourd’hui par ses victimes d’hier.