MI5, de l’ombre à la lumière : 115 ans de secrets exposés à Londres

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L’odyssée du MI5, entourée à la fois d’admiration et de mythes, souvent alimentés par les films de James Bond, le fameux agent 007, a fait l’objet de nombreuses œuvres de fiction. Les plus célèbres demeurent les romans de John Le Carré

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Pour son 115e anniversaire, le MI5 ouvre une page rare de son histoire. Une exposition inédite aux Archives Nationales de Londres retrace l’évolution de ce service de renseignement intérieur britannique, entre espionnage réel, fictions romanesques et gadgets dignes de James Bond. Abdelghani Aouifia, bureau de MAP à Londre raconte une exposition inédite.

Par Abdelghani AOUIFIA

Londres - Il y a 115 ans, le MI5, alors appelé Bureau du Service Secret, fut une petite unité, employant une poignée d’agents. Pas plus de 17 personnes assumaient le rôle très sensible de collecte et d’analyse de renseignements cruciaux pour les intérêts suprêmes de ce qu’était l’empire britannique.

La Première Guerre mondiale allait marquer un tournant dans l’évolution de ce bureau placé alors sous la direction du général Vernon Kell, un officier qui avait gagné ses galons dans l’analyse du renseignement militaire au ministère britannique de la Guerre de l’époque.

À la fin de la Première Guerre mondiale, le service, rebaptisé MI5 au début des années 1930, employait 850 agents, se positionnant sur une trajectoire d’ascension qui en fait aujourd’hui une machine tentaculaire qui veille à la sécurité intérieure du Royaume-Uni. La sécurité extérieure étant, quant à elle, confiée au MI6.

L’odyssée du MI5, entourée à la fois d’admiration et de mythes, souvent alimentés par les films de James Bond, le fameux agent 007, a fait l’objet de nombreuses œuvres de fiction. Les plus célèbres demeurent les romans de John Le Carré, en particulier « L’espion qui venait du froid », un chef-d’œuvre qui a révolutionné la littérature d’espionnage.

Pour faire la lumière sur l’action de ce service, ses succès mais aussi ses échecs, une exposition se tient actuellement au siège des Archives Nationales à Kew, à l’ouest de Londres, au grand plaisir du public britannique connu pour son engouement pour les mystères et les histoires secrètes.

L’exposition emmène le visiteur dans un voyage à travers des décennies d’action du MI5. Des décennies ponctuées par des événements phares dont deux guerres mondiales et une longue guerre froide avec ses intrigues et sa course effrénée pour l’information secrète.

De nombreux secrets de l’agence sont présentés à l’occasion de cette exposition, une première dans l’histoire du MI5.

Parmi ces secrets figure l’histoire de Karl Muller. Agent secret allemand, Muller rédigeait, durant la Première Guerre mondiale, ses messages à l’aide de jus de citron avant d’être identifié, traqué et jugé en Angleterre en 1915. Il a été exécuté à la Tower of London, cette forteresse historique au bord de la Tamise et célèbre lieu d’exécutions à travers l’histoire de la Grande-Bretagne.

Des gadgets d’espions sont également exposés pour rapprocher le public d’histoires réelles, dont le mystère est souvent amplifié dans les œuvres de fiction. Des mini-appareils photo, dont la légendaire Houghton Ensignette, acquise en 1910, ou encore des boîtes de talc utilisées par les agents, sont parmi les objets sélectionnés comme des perles de l’exposition.

« Je peux vous dire que la réalité de notre travail est souvent différente de ce que dépeint la fiction », indique Sir Ken McCallum, directeur général du MI5.

« La vie au sein du MI5 est celle de personnes ordinaires qui font des choses extraordinaires pour la sécurité de notre pays », ajoute ce responsable qui a travaillé pendant plus de 30 ans au sein de cette agence.

L’exposition représente un exercice de relations publiques pour ce service, qui a commencé en 1997 un processus d’ouverture, mettant à la disposition des Archives Nationales plus de 6.000 documents, ouvrant une fenêtre unique sur son histoire, ses opérations et ses enquêtes.

L’exposition, dont les préparatifs ont pris plusieurs années, représente « une bonne plateforme pour raconter d’une manière simplifiée une histoire compliquée », indique Steve Burgess, responsable des expositions aux Archives Nationales, l’entité qui détient les registres officiels du Royaume-Uni.

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