Attaque de Moscou: Poutine accuse implicitement l'Ukraine et ignore la revendication de Daech

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Le président russe Vladimir Poutine prononce son discours à Moscou le 23 mars 2024, au lendemain d'une attaque à l'arme à feu contre le Crocus City Hall à Krasnogorsk. Des assaillants camouflés ont ouvert le feu sur le Crocus City Hall de Krasnogorsk,. (Photo de Pavel Byrkin / POOL / AFP

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Vladimir Poutine a promis samedi de "punir" les responsables de l'attaque qui a fait 133 morts dans la banlieue de Moscou la veille, assurant que les assaillants avaient été arrêtés en chemin vers l'Ukraine et ne mentionnant pas la revendication du groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Les dénégations de l'Ukraine qui a nié tout lien avec l'attaque ne semblent pas convaincre le président russe.  

Cette attaque contre la salle de concert Crocus City Hall est la plus meurtrière dans le pays depuis une vingtaine d'années, ainsi que la plus sanglante à avoir été revendiquée par l'EI en Europe.

Le président russe a affirmé que "tous les quatre auteurs" de l'attaque avaient été arrêtés alors qu'"ils se dirigeaient vers l'Ukraine où, selon des données préliminaires (des enquêteurs), une +fenêtre+ avait été préparée pour qu'ils franchissent la frontière".

Vladimir Poutine a repris la version des faits présentée plus tôt par ses services de sécurité (FSB) et, comme eux, a ignoré l'implication de l'EI lors de sa première allocution télévisée depuis le drame.

Le groupe jihadiste a pourtant revendiqué l'attaque, en affirmant que ses combattants avaient "attaqué un grand rassemblement" près de Moscou, mais cette version semble aux yeux de Poutine à un écran de fumée et à une diversion.

Il a assuré que "ceux qui sont derrière ces terroristes seront punis" et qu'ils "n'auront pas un destin enviable".

Il a également dénoncé un acte "terroriste barbare" et déclaré un jour de deuil national dimanche.

Le Kremlin avait annoncé plus tôt "l'arrestation de 11 personnes, dont quatre terroristes impliqués dans l'attentat".

Ces quatre auteurs présumés de l'attaque, tous "citoyens étrangers", ont été arrêtés dans la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine, selon les autorités.

Le FSB a affirmé que les suspects avaient des "contacts appropriés du côté ukrainien" et comptaient fuir dans ce pays, sans fournir d'autres détails sur la nature de ces liens.

"L'Ukraine n'a pas le moindre lien avec l'incident", a déclaré le conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, rejetant des accusations "absurdes".

Le Premier ministre polonais Donald Tusk dit samedi espérer que cette attaque ne deviendrait pas "un prétexte" à une "escalade de la violence", claire allusion à l'Ukraine.

La cheffe du média RT, Margarita Simonian, a publié des vidéos montrant des confessions de deux suspects durant leurs interrogatoires, dans lesquelles ils ne nomment pas de commanditaire.

Avertissements 

Le bilan s'est alourdi samedi à 133 morts, selon les autorités. Il devrait encore augmenter, car les recherches dans les décombres du bâtiment ravagé par les flammes et dont le toit s'est partiellement écroulé se poursuivent et pourraient prendre des jours.

Les assaillants ont utilisé des "armes automatiques" et provoqué le vaste incendie dans le bâtiment avec un "liquide inflammable", ont dit les enquêteurs.

Les victimes ont été tuées par balle ou en inhalant les fumées de l'incendie, ont-ils ajouté.

Cet assaut, dont les médias russes ont commencé à faire état vers 20H15 vendredi à Moscou (17H15 GMT), a visé le Crocus City Hall, situé à Krasnogorsk, à la sortie nord-ouest de la capitale russe.

Anna, 40 ans, qui s'y trouvait avec son mari, a dit samedi à l'AFP avoir "couru vers la sortie" dès qu'elle a entendu des bruits de claquement, qui étaient en fait des tirs.

"J'étais stressée. Les gens se piétinaient, il y avait une bousculade", a-t-elle relaté, expliquant que son époux était "tombé" mais qu'ils avaient finalement pu s'enfuir.

Les enquêteurs ont affirmé qu'un homme présent dans la salle avait "sauté" sur l'un des terroristes et réussi à l'immobiliser afin de protéger sa femme, "sauvant la vie" de plusieurs personnes.

L'ambassade américaine en Russie avait averti il y a deux semaines ses citoyens qu'elle "suivait de près des informations selon lesquelles des extrémistes ont des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris des concerts".

Mardi, Vladimir Poutine avait dénoncé des déclarations "provocatrices" et "une volonté d'intimider et de déstabiliser notre société".

"En deuil" 

Malgré la revendication de l'EI, de nombreuses questions restent en suspens.

Selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains des suspects sont originaires du Tadjikistan.

Les autorités de ce pays d'Asie centrale ont affirmé n'avoir "pas reçu de confirmation des autorités russes" à ce sujet.

Samedi, la police et les forces spéciales étaient encore déployées devant et dans le Crocus City Hall, le haut du bâtiment étant noirci et partiellement détruit par les flammes de la veille, sous un ciel gris.

Dès le matin, de longues files d'attente s'étaient formées devant certains centres de dons du sang à Moscou, d'après des images des médias d'Etat.

Dans des arrêts de bus sont également apparus des affiches montrant une bougie et l'inscription: "Nous sommes en deuil 22/03/2024", la date de l'attaque.

Les mesures de sécurité ont été renforcées et plusieurs événements publics ont été annulés.

Les condamnations de cet assaut ont afflué du monde entier, de l'UE aux Etats-Unis en passant par la Chine et le Moyen-Orient. (Quid avec AFP)