Ce que Kamala Harris, vice-présidente élue, doit à # Black Lives Matter

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Kamal Harris, le palmarès politique d’une femme noire qui ferait pâlir de jalousie beaucoup d’hommes blancs : première femme et première personne noire à être élue procureure de la Californie puis, en 2017, première femme originaire d’Asie du Sud et seulement la seconde élue noire à siéger au Sénat. Aujourd’hui la première femme et « le premier noir » vice-président

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Par Farouq El Alami (MAP) avec Quid

Washington - Avant d'être la première femme vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris a d’abord été la première femme noire à être élue procureure de district en Californie, la première procureure générale de Californie et la première sénatrice d'origine indienne.

Née le 20 octobre 1964 à Oakland, en Californie, cette fille d’immigrés incarne à merveille le rêve américain. Sa mère, Shyamala Gopalan, est une immigrante d’Inde qui travaillait comme chercheuse spécialiste du cancer du sein, tandis que son père Donald Harris, est un économiste originaire de Jamaïque.

Ses parents ont divorcé lorsqu’elle avait sept ans, et Kamala et sa soeur Maya ont été élevées par leur mère à Berkeley.

Dès son enfance, Harris s’est retrouvée au cœur du mouvement civique, puisqu’elle fut l’une des premières bénéficiaires d’un programme antiségrégationniste qui consistait à inscrire et transporter des élèves noires issus de quartiers relativement pauvres vers des écoles de quartiers blancs.

Enfant, elle fréquentait à la fois l'église baptiste noire et un temple hindou, épousant ses origines sud asiatiques et son identité noire.

Sa mère l’a appelée Kamala en référence au mot "lotus" en sanskrit. C’est aussi l’une des appellations de la déité hindoue Lakshmi, synonyme de pouvoir.

"Ma mère comprenait très bien qu’elle élevait deux filles noires (…) et elle était déterminée à s’assurer que nous soyons des femmes noires sûre d’elles et fières", a écrit Harris dans son autobiographie "The Truths We Hold: An American Journey".

Après que sa mère eut obtenu un rôle de professeur à l’université McGill, Harris a poursuivi ses études secondaires à Montréal. Par la suite, elle a rejoint la prestigieuse université noire de Washington D.C., Howard University, où elle a obtenu un Bachelor en Sciences politique et économique en 1986. Par la suite, elle s’est inscrite dans des études de droit à l’Université de Californie.

En 1990, elle a fait ses débuts comme procureure au compté d’Alameda, en Californie, où elle s'est spécialisée dans les crimes à caractère sexuel. En 2003, elle s’est lancée dans l’élection du procureur du district de San Francisco contre son ancien patron, Terence Hamilton. Elle remporta cette élection au second tour avec 56,5% des votes, devenant au passage la première femme noire à occuper ce poste en Californie.

Parmi ses réalisations en tant que procureure de district, Harris a lancé un programme qui donne aux délinquants toxicomanes la chance d'obtenir un diplôme d'études secondaires et de trouver un emploi.

Ses deux mandats consécutifs comme procureure de district la pousseront à briguer le poste stratégique de procurer générale de Californie. Au terme d’une élection très serrée, Harris devint une nouvelle fois la première femme et la première afro-américaine à occuper cette haute fonction en Californie.

Au cours de son mandat de procureure générale, elle a réussi notamment à conclure un accord de 25 milliards de dollars en faveur des propriétaires de logements frappés par la crise des subprimes. On lui doit aussi la création de la plate-forme Open Justice, un portail en ligne qui rend les données de la justice pénale disponible au public, renforcent la transparence au sein des forces de l'ordre.

En 2014, elle a épousé un avocat d’affaires de Los Angeles, Doug Emhoff.

En 2015, elle a annoncé son intention de se lancer dans la course pour briguer un siège au Sénat américain. Le 19 juillet, elle a reçu le soutien de Barack Obama et de Joe Biden, ce qui lui a permis de remporter facilement son duel face à Loretta Sanchez, l’autre démocrate en lice.

Une fois à Washington, elle s’est rapidement distinguée par ses interrogatoires musclés lors des audiences au Sénat, notamment face au procureur général de l’époque Jeff Sessions, sur l’enquête russe, ou encore lors de l’audience de confirmation du candidat à la Cour suprême Brett Kavanaugh.

Le 21 janvier 2019, elle a annoncé sa candidature pour la primaire du parti démocrate. Malgré des performances solides lors des premiers débats, qui lui ont permis d’opérer un bond dans les sondages, ses chances de victoires se sont vites envolées. Certains électeurs progressistes lui ont reproché notamment sa réputation de "dure" contre le crime, ou encore ses positions ambivalentes sur la couverture santé universelle.

Plombée par les difficultés financières, Harris a fini par jeter l’éponge le 3 décembre, deux mois avant les premiers scrutins de l'Iowa. Mais sa combativité et son brillant parcours ne s’arrêteront pas là. Bien au contraire, ses compétences sa ténacité et son charisme, mais aussi la conjonction des évènements, vont la mettre sur une rampe de lance qui en fera peut-être un jour la première femme présidente des Etats Unis d’Amérique, qui plus est noire.

C’est qu’en mars 2020, Kamal Harris, comptée sur la gauche américaine, annonce son soutien à la candidature de Joe Biden après ses victoires décisives face à Bernie Sanders lors du Super Tuesday.

Son nom commence alors à circuler comme potentielle colistière de Biden, parmi tant d’autres femmes. En lice Elizabeth Warren, Amy Klobuchar, Stacey Abrams, Gretchen Whitmer et Catherine Cortez Masto, mais aussi Val Demings, Tammy Duckworth et Tammy Baldwin. Toutes des femmes bradées de diplômes et d’expérience, qui ont eu à affronter les urnes. 

 C’est là qu’intervient la « conjonction astrale », sa rampe de lancement : le meurtre de George Floyd par des policiers blancs. Le #Black lives Matter (les vies des noirs comptent) et le mouvement de manifestations contre le racisme et la brutalité policière qui ont suivi, ont fini par convaincre Biden de choisir comme colistière une femme de couleur. Ce sera Kamala Harris. Elle doit ainsi, mais seulement en partie, sa nomination à ce triste évènement. Peut-être aussi, un peu, à Barak Obama. C’est lui qui lui donne de la visibilité en lui donnant la parole à la convention démocrate de 2012. Auparavant Kamala Haris, contre toute attente, lui avait apporté son soutien contre Hilary Clinton aux primaires de 2008. Les deux personnages ont en commun leurs origines presque semblables. Lui fils d’une américaine blanche atypique et d’un père Kenyan, elle, fille d’une mère indienne et d’un père jamaïcain. 

Désormais, la première femme vice-présidente des Etats-Unis est considérée comme l’avenir du parti démocrate, et la favorite pour la Maison Blanche au cas où Biden ne se présente pas pour un second mandat en 2024. Ou que, pour une raison ou une autre, il quitte son poste avant la fin de son mandat.

 

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