Devant le débat, les partisans de Trump exultent, ceux de Biden désespèrent

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Des réactions lors d'une watch party pour le premier débat présidentiel des élections présidentielles de 2024 entre le président américain Joe Biden et l'ancien président américain et candidat républicain à la présidence Donald Trump dans un pub de San Francisco, en Californie, le 27 juin 2024. Le débat présidentiel se déroule à Atlanta, en Géorgie. (Photo par JOSH EDELSON / AFP)

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"La guerre en Ukraine n'aurait jamais eu lieu avec moi" au pouvoir, a martelé Donald Trump pendant le premier débat face à Joe Biden jeudi. "C'est vrai!", approuve bruyamment Monika Rothenbuhler, au milieu des applaudissements dans un bar de San Francisco.

La vice-présidente du parti républicain local est en terrain conquis dans le pub choisi par les conservateurs pour assister ensemble au duel télévisé, dans une ville où ils représentent une minorité des électeurs.

Les nombreuses invectives et le sarcasme de Donald Trump à l'intention du président démocrate sont accueillis par des rires et cris d'approbation, tandis que chaque hésitation et raclement de gorge de Joe Biden fait exulter le public.

Sauf Hazel Reitz, 80 ans. "Je ne comprends pas un mot de ce qu'il dit", lance-t-elle, accablée, à sa voisine. "Oui c'est vraiment triste", répond celle-ci.

Les deux femmes ne se connaissent pas, mais se sont vite repérées à leurs réactions, inverses à celles du reste du public.

"Mon Dieu...", se lamente Adina Erridge, tandis que Hazel secoue la tête, l'air désespéré, pendant que l'ancien chef d'Etat défend son attitude lors de l'assaut du Capitole par ses partisans le 6 janvier 2021.

"Au moins il articule" 

Et quand il assure qu'il va "faire évacuer" tous les migrants illégaux des Etats-Unis, elles s'exclament en cœur : "Et comment tu vas faire ça?!".

Les deux femmes, qui voteront pour Joe Biden sans aucun enthousiasme, sont venues avec leur mari, des républicains dubitatifs.

Avant le début du débat, Hazel Reitz espérait que les échanges entre les deux hommes politiques seraient "divertissants", mais une heure plus tard, elle semble abattue. "Biden est trop vieux", résume-t-elle.

"Trump ne répond pas aux questions, et c'est typique de sa part. Et il ne dit sans doute pas la vérité. Mais au moins il articule. C'est lui qui a remporté (le débat)", abonde Adina Erridge, 55 ans.

Au Continental Club, un bar du centre de Los Angeles, la frustration d'un public largement démocrate est aussi palpable.

Mais Mike McFarland refuse d'admettre la défaite de son candidat.

"Il y a les apparences et il y a les faits. Et ce qui m'importe ce sont les faits. Donc pour moi Biden a gagné", déclare-t-il. "Même si je sais qu'en matière d'image, il n'a pas l'air bien".

Il a choisi la soirée comme premier rendez-vous avec une potentielle petite amie, Denise Hernandez... fervente partisane de Donald Trump. "Nous sommes d'accord pour ne pas être d'accord", plaisantent-ils.

"Pas ici!" 

Au Kezar Pub de San Francisco, le silence se fait quand les candidats sont interrogés sur la crise des opioïdes, qui fait des ravages dans une ville où les employés très bien payés de la Silicon Valley côtoient au quotidien les nombreux SDF souvent sous l'emprise de drogues.

"L'usage du fentanyl a baissé pendant un temps", hasarde Joe Biden. "Pas ici!", crie une femme.

Les militants républicains ont visiblement plaisir à se retrouver, alors qu'ils sont d'ordinaire très isolés à San Francisco. Donald Trump y a récolté 9% des voix en 2016, et près de 13% en 2020.

"Est-ce que Trump a gagné ?", demande, grand sourire, John Dennis, le président du parti pour la ville californienne. La salle se déchaîne.

"J'avais peur que Trump ne soit trop agressif d'entrée de jeu, mais il s'en est très bien sorti", commente-t-il pour l'AFP. "Il suffit de donner à quelqu'un assez de corde pour qu'il se pende lui-même et c'est ce que Trump a fait avec Biden".

"Il est en colère parce qu'on lui a volé ces quatre dernières années", assure Monika Rothenbuhler, en référence aux allégations infondées du milliardaire et de ses partisans sur des fraudes électorales en 2020.

Mais "il est mentalement et physiquement au sommet de son art", s'enthousiasme-t-elle. "Je ne pense pas qu'il puisse faire beaucoup plus."

La démocratie, l'avortement, l'inflation, l'Ukraine ou Israël: voici un florilège des déclarations de Joe Biden et Donald Trump lors du premier débat qui les a opposés jeudi dans la course à la Maison Blanche.

La démocratie 

Joe Biden: "Et maintenant il dit que s'il perd à nouveau, ce geignard, il pourrait y avoir un bain de sang".

"Ce type n'a aucun sens de ce qu'est la démocratie américaine".

Donald Trump, sur la violence politique: "Bien sûr, je crois qu'elle est totalement inacceptable".

Comme les journalistes lui demandent s'il va accepter les résultats du scrutin présidentiel de novembre: "si c'est une élection juste, légale, une bonne élection, absolument".

L'avortement

Joe Biden: "C'est une chose terrible, ce que vous avez fait", a lancé le président démocrate à son adversaire républicain.

Il faisait allusion à la fin de la protection fédérale du droit à l'avortement, décidée par une Cour suprême profondément modifiée par le milliardaire.

Donald Trump: "Ca a été une très bonne chose".

L'invasion russe de l'Ukraine 

"Non, elles ne sont pas acceptables", a répondu Donald Trump, interrogé sur les conditions du président russe Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine -- entre autres, que Kiev abandonne son souhait d'intégrer l'Otan.

"Cette guerre entre Poutine et (le président ukrainien Volodymyr) Zelensky, je la règlerais comme président-élu, avant de prendre mes fonctions le 20 janvier".

Joe Biden: "Le fait est que Poutine est un criminel de guerre. Il a tué des milliers et des milliers de personnes. Et il a été clair sur une chose. Il veut rétablir ce qui faisait partie de l'Empire soviétique. Pas juste un morceau, il veut toute l'Ukraine. (...) Vous croyez qu'il va s'arrêter là"?

La guerre d’Israël et le Hamas -

Joe Biden: "On ne peut pas permettre que le Hamas continue (...). Et ils ont été grandement affaiblis, grandement affaiblis. Et ils doivent l'être. Ils doivent être éliminés. Mais on doit faire attention (à l'utilisation) de certaines armes dans les centres de population".

Donald Trump: "Il faut laisser (Israël) y aller et finir le boulot" à Gaza. "Il ne veut pas le faire, il est devenu comme un Palestinien, mais ils ne l'aiment pas parce que c'est un très mauvais Palestinien. Un (Palestinien) faible".

L'économie

Joe Biden: après la présidence Trump, "notre économie était en chute libre". "Nous avons donc dû essayer de remettre les choses en ordre".

"Il a décimé l'économie. C'est pourquoi il n'y avait pas d'inflation à l'époque. Il n'y avait pas d'emplois".

Donald Trump: "L'inflation tue notre pays. Elle nous tue absolument."

Le climat 

Donald Trump: "Je veux une eau propre absolument immaculée, et je veux un air absolument propre... J'avais les meilleurs chiffres en matière d'environnement".

Joe Biden : "J'ai fait adopter la législation la plus exhaustive de l'histoire sur le changement climatique (...) La seule menace existentielle pour l'humanité est le changement climatique, et il n'a rien fait à ce sujet".

L'immigration 

Donald Trump: "On avait la frontière la plus sûre de l'histoire. Maintenant, on a la frontière la pire de l'histoire. Et les gens meurent de partout".

Joe Biden: "Il n'y a pas de données pour soutenir ce qu'il dit". "Encore une fois il exagère, il ment".

"Repris de justice" 

Joe Biden: "La seule personne ici qui soit un repris de justice, c'est l'homme que je regarde".

Donald Trump: "Quand il parle de repris de justice, son fils est un repris de justice. (...) Dès qu'il quittera ses fonctions, Joe pourrait devenir un repris de justice avec toutes les choses qu'il a faites".

Joe Biden: "Vous avez le sens moral d'un dépravé"

Age

Joe Biden: "Ce type a trois ans de moins et il est bien moins compétent".

Donald Trump: "J'ai passé des tests cognitifs. Je les ai réussis. (...) Il n'en a passé aucun. J'aimerais le voir en faire un, un seul, un test très facile, et réussir les cinq premières questions". (AFP)

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