Espagne: la droite face à un procès très embarrassant

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L'ancien chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy (Parti populaire), le 27 février 2019 à Madrid

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Un procès retentissant sur le financement illégal du Parti populaire (PP, droite) lorsqu'il était aux affaires, notamment quand son ancien leader Mariano Rajoy était au pouvoir, s'est ouvert à Madrid, avec la perspective de nouvelles révélations embarrassantes pour ce parti aujourd'hui dans l'opposition.  

Premier ministre de 2011 à 2018, M. Rajoy, qui a toujours nié avoir eu connaissance de l'existence d'une caisse noire dans son parti, comparaîtra comme témoin lors de ce procès, qui doit se tenir jusqu'en mai. 

Ce sera également le cas de José Maria Aznar, autre Premier ministre (1996-2004) issu du PP, et d'autres ex-dirigeants du parti. 

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José Maria Aznar dans les bras de Mariano Rajoy

Cinq hommes se trouvent dans le box des accusés, mais tous les regards sont tournés vers l'un d'entre eux, Luis Bárcenas, personnage clé de cette affaire de corruption et celui qui fait trembler le Parti populaire et son nouveau leader Pablo Casado.

Ex-trésorier du PP de 1990 à 2009, Luis Bárcenas a envoyé une lettre au parquet la semaine dernière dans laquelle il affirme que M. Rajoy était "parfaitement au courant" de la "comptabilité parallèle" du PP, tenue sur papier. 

Il assure même lui avoir montré en 2009 certains de ces documents durant une réunion, ajoutant que M. Rajoy les avait détruits dans une broyeuse, sans savoir que M. Bárcenas en détenait une copie.

Ce courrier a fait l'effet d'une bombe en Espagne. Un message de M. Rajoy à M. Bárcenas lors de l'arrestation de ce dernier en 2013 ("Luis, sois fort") avait déjà éveillé les soupçons à l'encontre de l'ex-Premier ministre.

"Paix" rompue 

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L'ancien trésorier du Parti populaire (PP) espagnol, Luis Barcenas, au premier jour d'un procès pour financement illégal de parti, à San Fernando de Henares, près de Madrid, le 8 février 2021

Condamné en 2018 dans une tentaculaire affaire de corruption baptisée "Gürtel" -- qui avait entraîné le renversement de M. Rajoy par une motion de censure déposée par l'actuel Premier ministre socialiste Pedro Sánchez --, M. Barcenas purge déjà une peine de 29 ans de prison.

Ce premier procès, dans lequel le PP avait été condamné comme personne morale, avait révélé l'existence de la comptabilité parallèle du parti, alimentée par des dons en liquide d'entreprises et utilisée, selon le parquet, pour financer la rémunération des dirigeants de la formation ou la rénovation de son siège. 

M. Bárcenas affirme, pour sa part, que M. Rajoy a été l'un des bénéficiaires de cette caisse noire.

Par ailleurs, l'ancien trésorier a expliqué dans sa lettre être désormais disposé à collaborer avec la justice, la "paix" qu'il dit avoir scellée avec le PP ayant été rompue.

M. Bárcenas assure qu'il avait promis de garder le silence à condition que sa femme, également impliquée dans ces affaires, ne soit pas incarcérée. Or, elle l'a finalement été en décembre pour purger une peine de 12 ans de prison. 

Il a également fait part de sa "souffrance" d'avoir été l'objet d'une opération policière illégale destinée à récupérer des documents compromettants pour le PP, une affaire dans l'affaire, dans laquelle un ancien ministre de l'Intérieur de M. Rajoy a été mis en examen.

Interrogé sur l'ouverture de ce procès très embarrassant pour le PP, M. Casado, qui a succédé à M. Rajoy à la tête du parti en 2018, a assuré que ces affaires étaient "du passé". Ce PP "n'existe plus", a-t-il affirmé lundi, désireux de prendre ses distances avec ces scandales.