International
L’Algérie s’apprête-telle à gouverner avec les islamistes qui revendiquent la victoire ? C’est n’est pas ''gênant'' selon Tebboune
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune (C) arrive avec son épouse (G) la tête couverte à un bureau de vote en banlieue d'Alger, le 12 juin 2021
Le principal parti islamiste en lice, le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), a revendiqué dimanche la victoire au lendemain des élections législatives anticipées en Algérie, dans l'attente de la publication des premiers résultats.
Vont-ils être déclarés vainqueurs dans un pays qui a subi une guerre civile de plus de 10 ans qui a fait 200 mille morts pour les empêcher de prendre le pouvoir ? Ce n’est pas impossible. Abdelmadjid Tebboune dont on connait les sympathies pour la Turquie d’Erdogan, ce n’est pas inconcevable. Dans son entretien avec le magazine français le Point, le président algérien avait déclaré : « Quelle est la définition de l'islamisme ? L'islamisme en tant qu'idéologie, celle qui a tenté de s'imposer au début des années 1990 dans notre pays, n'existera plus jamais en Algérie. Maintenant, l'islam politique a-t-il bloqué le développement de pays comme la Turquie, la Tunisie, l'Égypte ? Non. Cet islam politique-là ne me gêne pas, parce qu'il n'est pas au-dessus des lois de la République, qui s'appliqueront à la lettre. » Cette bienveillance soudaine pour l’islamisme politique est-elle en accord avec l’armée et est-elle annonciatrice d’un possible gouvernement avec les islamistes. Les jours à venir nous édifieront
En tous les cas "le MSP affirme arriver en tête dans la majorité des wilayas (préfectures) et à l'étranger", selon un communiqué de ce parti, considéré comme modéré, qui "met en garde contre les nombreuses tentatives de modifier les résultats du scrutin comme cela se faisait avant".
"Nous appelons le président de la République (Abdelmadjid Tebboune) à faire respecter la volonté populaire", insiste ce parti, principale formation de l'opposition parlementaire qui avait décidé de participer au scrutin pour "contribuer au changement souhaité".
Le président de l'Autorité nationale indépendante des élections, Mohamed Chorfi, devait faire une déclaration dimanche pour dévoiler des résultats provisoires mais sa conférence de presse a été reportée. En raison du dépouillement "compliqué", il avait fait savoir samedi que les résultats officiels pourraient ne pas être annoncés avant plusieurs jours.
Si elle se confirme, la victoire des islamistes n'est pas une surprise à proprement parler.
Certains analystes prédisaient une majorité relative pour les partis de la mouvance islamiste.
Légalistes, ces partis qui rejettent toute accointance avec l'ex-Front islamique du Salut (dissous) et le terrorisme islamiste de la guerre civile (1992-2002), affirment être "prêts à gouverner".
"Ils se réclament d'un islamisme modéré et ne constituent pas de danger pour la démocratie", estimait à la veille du scrutin le politologue algérien Mansour Kedidir.
Enjeu principal, le taux de participation national provisoire n'a atteint que 30,20%, selon M. Chorfi, moins que lors des deux dernières législatives et moins que pour la présidentielle de 2019, qui avait vu M. Tebboune être élu avec seulement 40% de participation.
"Raz-de-marée abstentionniste", titre ainsi Liberté en Une. Ce qui confirme, selon le quotidien francophone, "la tendance lourde au rejet du scrutin".
Mais quoi qu'il arrive, le pouvoir s'en accommodera.
Le président Tebboune a d'ores et déjà estimé que le taux de participation n'avait "pas d'importance". "Ce qui m'importe, c'est que ceux pour lesquels le peuple vote aient une légitimité suffisante", a-t-il dit.