La rentrée scolaire s’annonce dans la peur, aux Etats-Unis,1er foyer de Covid, deux tiers des Américains souhaitent une rentrée virtuelle

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Une école de Monterey Park en Californie, pendant des cours d'été, le 9 juillet 2020

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La rentrée scolaire a commencé dans les écoles de plusieurs Etats américains, y compris là où le coronavirus circule encore activement, et des quarantaines ont déjà dû être imposées après l'apparition de cas chez les élèves.

Aux Etats-Unis la rentrée s'étale généralement sur tout le mois d'août, et face à l'épidémie très vive dans le pays, une division s'est installée: d'un côté, les plus grandes villes (Chicago, Houston, Los Angeles, Miami...) ont décidé que la rentrée serait entièrement virtuelle, ou peut-être partiellement en ligne dans le cas de New York; de l'autre, des gouverneurs d'Etats, républicains, ont insisté pour que les élèves reviennent tous en classe, sur la ligne de Donald Trump.

C'est le cas du Mississippi, de la Géorgie, du Tennessee ou de l'Indiana, où les écoles ont rouvert leurs portes cette semaine ou la semaine dernière. Dans ces régions l'épidémie s'est stabilisée depuis fin juillet ou début août mais à un niveau très élevé: ces Etats sont loin d'être redescendus de leurs pics.

Le niveau de risque toléré par les autorités locales est sans commune mesure avec d'autres pays. Ainsi le Mississippi, un Etat rural de 3 millions d'habitants, a enregistré 296 nouveaux cas pour 100.000 habitants dans les sept derniers jours, à comparer à... 34 à Paris et 43 dans la Mayenne, le département de métropole française le plus touché actuellement.

Après l'apparition d'un premier cas vendredi dernier dans un lycée de Corinth, puis d'autres, une centaine d'élèves ont été placés en quarantaine.

Le comté où se trouve le lycée a enregistré un taux de tests positifs de 25%, et les services de réanimation sont pleins, selon le site CovidActNow.

Le gouverneur, Tate Reeves, un républicain, a longtemps refusé de décréter des restrictions, et n'a rendu le port du masque obligatoire partout dans l'Etat que mercredi. Il a cependant repoussé la rentrée pour le secondaire dans les foyers de l'épidémie.

"Pour moi c'est plutôt positif", s'est-il défendu sur Fox News mercredi. "Le système fonctionne, on a identifié les cas positifs, nous avons retrouvé leurs contacts, et nous essayons de protéger ces enfants".

La décision finale de rouvrir dépend au niveau local des districts scolaires (plus de 13.000 aux Etats-Unis). 

"Nombre de parents doivent travailler, et nous avons considéré qu'un emploi du temps hybride poserait beaucoup de difficultés pour les parents", a justifié la responsable du secteur concerné par le premier foyer, Lee Childress.

En Géorgie, deux élèves ont été exclus temporairement après avoir partagé des photos de couloirs bondés, où très peu de lycéens étaient masqués.

Pas de règle 

Ailleurs, l'enseignement virtuel semble emporter les faveurs des responsables scolaires, une solution préférée par une majorité de parents américains : deux tiers souhaitent une rentrée majoritairement virtuelle, selon un sondage NPR.

Les enseignants, et leurs syndicats, ont également exercé une pression forte sur les décideurs politiques, craignant pour leur santé si un retour en classe était décrété obligatoire. Deux tiers préfèrent enseigner en ligne à la rentrée, selon un autre sondage NPR cette semaine.

Le débat est parasité par la politique. Donald Trump a fait de la réouverture une priorité, mais la décision ne relève pas de lui.

La pression de la Maison Blanche a conduit les Centres de lutte contre les maladies (CDC) à publier de nouvelles consignes penchant clairement en faveur d'une réouverture, en raison des risques de décrochage scolaire, en particulier pour les populations les plus vulnérables, et les enfants handicapés.

Nombre de pédiatres et d'experts sont d'accord que l'enseignement à l'école est plus fructueux, et indispensable à l'équilibre des enfants, mais ils soulignent que cela ne peut se faire que si l'épidémie, localement, est sous contrôle.

Or le gouvernement fédéral s'est gardé de fixer des critères chiffrés, en termes d'incidence du virus, pour guider les décideurs locaux.

"L'exemple du Mississippi doit servir d'avertissement pour montrer ce qu'il se passe quand on rouvre avant que le niveau de transmission soit contenu", dit à l'AFP Thomas Tsai, expert d'Harvard. "Tous les masques et filtres à air du monde ne pourront pas minimiser le risque si le Covid explose autour des écoles", prévient-il.