International
Le 7eme Sommet des pays du G5 Sahel à N’Djamena avec la participation du Maroc
Les priorités de la présidence tchadienne : valorisation des acquis et recentrage des enjeux liés au développement.
N’Djamena - Le 7ème Sommet des Chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et leurs partenaires a ouvert ses travaux, lundi à N’Djamena, avec la participation du Maroc.
Le Royaume participe à ce Sommet avec une délégation conduite par le Chef du gouvernement, M. Saad Dine El Otmani.
Ce Sommet de deux jours qui sera axé notamment sur les questions de développement au service des peuples, fera le point sur l’évolution des actions du G5 Sahel.
Le Tchad, qui assure la présidence tournante du G5 Sahel durant cette année, veut impulser, en concertation avec ses partenaires, une nouvelle dynamique en mettant le G5 Sahel au service du peuple.
Dans son discours d'ouverture, le maréchal Idriss Déby Itno, le chef de l'Etat tchadien, a pressé la communauté internationale à redoubler d'efforts financiers pour œuvrer "impérativement" au "développement" du Sahel pour remédier à la "pauvreté, terreau du terrorisme".
Ses homologues du G5 Sahel, les présidents mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, malien Bah Ndaw, burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, nigérien Mahamadou Issoufou, ainsi que le chef de l'Etat ghanéen Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), étaient aux côtés de M. Déby mais pas Emmanuel Macron.
Resté à Paris, le président français devait se réunir à huis-clos avec ses homologues du G5 Sahel en visio-conférence.
Le sommet de deux jours associe dans un premier temps le G5 Sahel et la France, puis d'autres partenaires internationaux. Il a lieu un an après celui de Pau (Sud-Ouest de la France) qui, devant la menace d'une rupture sous les coups de boutoir jihadistes, avait débouché sur un renforcement militaire dans la zone dite des "trois frontières" (Mali, Niger et Burkina) et l'envoi de 600 soldats français supplémentaires, les faisant passer de 4.500 à 5.100.
En dépit des succès tactiques revendiqués, le tableau demeure très sombre. Plus de huit ans après le début dans le Nord du Mali d'une crise sécuritaire qui continue à étendre ses métastases à la sous-région, quasiment pas un jour ne passe dans les trois principaux pays affligés sans une attaque contre ce qui reste de représentation de l'Etat, l'explosion d'une mine artisanale ou des exactions contre les civils.
La France, confrontée aux interrogations croissantes sur un engagement antijihadiste, convient que le remède ne peut être seulement militaire. Paris juge que trop peu a encore été fait par ses partenaires sahéliens sur le front politique, par exemple au Mali pour appliquer un accord de paix signé avec l'ex-rébellion du Nord ou pour faire revenir les instituteurs et les médecins dans les localités qu'ils ont désertées.
La France ne cache pas sa volonté de réduire la voilure. Elle va "ajuster (son) effort", assurait en janvier M. Macron. Mais Paris semble hésiter à couper immédiatement dans ses effectifs. Mais Paris qui a des intérêts importants dans la région n’arrive pas à se défaire de sa présence et semble brandir cette menace pour toujours garder la pression sur les gouvernements du Sahel.
La France privilégie deux axes pour alléger son empreinte: l'"internationalisation", incarnée par le nouveau groupement de forces spéciales Takuba, auquel participent plusieurs dizaines d'Estoniens, de Tchèques et de Suédois; et la "sahélisation", c'est-à-dire le passage du témoin aux armées nationales locales que la France forme avec l'Union européenne. Mais le perspective reste plus théorique que pratique.
Du coté de l’Afrique, le ministre tchadien de l’Économie, de la Planification du Développement et de la Coopération internationale, Issa Doubragne, a noté dans ce sens que «les priorités de cette présidence [tchadienne] seront celles de la valorisation des acquis et du recentrage des enjeux liés au développement».
«Nous allons engager le G5 Sahel dans les questions stratégiques des programmes et des projets structurants dans les cinq secteurs prioritaires que sont l’énergie (avec le projet Desert to power), les infrastructures (des annonces seront faites sur le futur chemin de fer), les filières porteuses, les TIC et bien évidement le capital humain avec comme cibles prioritaires les femmes, les jeunes et les ruraux", a souligné le ministre.