Les Etats-Unis lancent 59 missiles Tomahawk sur la Syrie : Un tournant dans cette crise ?

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En réaction à l’attaque chimique de «Khan Cheikhoun » survenue le mardi 4 avril, Washington a lancé une soixantaine de missiles sur la base militaire d’al-Chaayrate, dans la province de Homs, dans la nuit du jeudi 6 avril au vendredi 7 avril.

Alors que l’ambassadrice américaine auprès des Nations Unies, Nikkie Haley, venait juste de déclarer que le départ de Bashar El Assad n’était plus une priorité pour les Etats-Unis, l’attaque chimique sur la ville de Khan Cheikhoun aurait visiblement poussé l’administration américaine à changer d’attitude vis-à-vis du conflit syrien.

Plus de 50 missiles de croisière de type Tomahawk (59 plus précisément) ont été tirés depuis des destroyers de l'US Navy dans l'est de la mer Méditerranée contre plusieurs cibles de la base de « Shayrat » près de la ville de Homs, qui est associée au programme chimique de Damas, a indiqué le Pentagone. Les Etats-Unis avaient, par ailleurs, prévenu Moscou avant de passer à l’acte, pour éviter que des militaires russes présents sur la base en question soient touchés.

Donald Trump avait d’ailleurs dénoncé jeudi dernier les crimes du régime de Bashar El Assad et l’avait accusé ouvertement d’avoir « lancé une horrible attaque avec des armes chimiques contre des civils innocents en utilisant un agent neurotoxique mortel », avant d’appeler « toutes les nations civilisées à chercher à mettre fin au massacre et au carnage en Syrie ». Il a également ajouté que ces frappes étaient dans «l’intérêt vital de la sécurité nationale ».

Si Barack Obama avait renoncé à frapper la Syrie, suite au bombardement au gaz sarin de plusieurs quartiers à Damas, le président américain actuel, lui, ne semble plus partager cet avis.

La France et l’Allemagne ont affirmé, de leur côté, que Bashar Al Assad portait l’entière responsabilité de l’attaque chimique. Le chef de la diplomatie allemande a déclaré, dans ce sens, que les frappes américaines contre le régime syrien étaient « compréhensibles ». Par ailleurs, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a fait savoir qu’Ankara était prête à intervenir pour soutenir les actions militaires menées en Syrie.

Pour sa part, l'armée syrienne avait « catégoriquement démenti avoir utilisé toute substance chimique ou toxique, par le passé comme mardi à Khan Cheikhoun » et a annoncé ce vendredi que les frappes américaines avaient fait six morts et d'importants dégâts matériels, mais sans préciser s'il s'agissait de victimes civiles ou militaires. L’armée loyaliste a dénoncé, quant à elle, « cette agression américaine » qui « souligne la poursuite de la stratégie erronée des Etats-Unis ».

Moscou suspend un accord de non agression avec les Etats-Unis

En réponse aux frappes américaines en Syrie, Moscou a annoncé la suspension de l'accord avec Washington sur la prévention des incidents aériens en Syrie et a demandé une réunion d'urgence du conseil de sécurité de l'ONU. Vladimir Poutine a, lui, qualifié les frappes américaines d’une « agression contre un Etat souverain ». Il a également estimé qu’elles causeront « un préjudice considérable » aux relations bilatérales entre les deux pays.

En vertu de ce mémorandum, signé après que la Russie ait lancé une campagne aérienne en Syrie en septembre 2015, la Russie et les États-Unis avaient échangé des informations sur leurs vols afin d'éviter des incidents dans les cieux bondés de la Syrie, où la Russie compte plusieurs dizaines d'avions de guerre et des batteries de missiles de défense aérienne.

Cette «ligne de déconfliction» entre les États-Unis et la Russie a été qualifiée par un certain nombre de pilotes américains comme une gage de sécurité. Alors que la campagne aérienne américaine en Syrie tend, jusqu’à aujourd’hui, à rester à l’écart des régions où la Russie est en opération, la fin de cette coopération est perçue par les acteurs de la région comme un tournant inquiétant.