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''The Fight'', le combat d'avocats militants contre le gouvernement Trump
Dale Ho, avocat de l'ACLU (c), la procureure de New York Letitia James (g) et la responsable du recensement de la ville de New York Julie Menin (d), devant la Cour suprême, le 23 avril 2019 à Washington
Familles de migrants séparées, bataille juridique autour du droit à l'avortement, personnes transgenres écartées de l'armée: depuis l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, les défenseurs des droits civiques sont sur tous les fronts, comme le montre un nouveau documentaire.
"The Fight", qui sort le 31 juillet alors que la campagne pour la réélection du président Trump bat son plein, suit les coulisses de cinq avocats aux prises avec les décisions les plus controversées du milliardaire conservateur élu fin 2016.
Le long-métrage, dont le tournage s'est étendu sur une période de trois ans, est une version moderne et juridique du combat de David contre Goliath, avec d'un côté l'organisation de défense des droits civiques ACLU et de l'autre tout le poids du gouvernement fédéral.
"On représente quoi? Deux étages et demi d'un immeuble à New York, non?", lance dans le film le responsable des droits électoraux pour l'ACLU, Dale Ho, en référence aux locaux de l'organisation où l'essentiel du tournage a eu lieu.
Mais comme le montre "The Fight", l'ACLU ne boxe pas dans la catégorie poids plume et remporte un certain nombre de victoires significatives, comme celle arrachée par Dale Ho à la Cour suprême pour s'opposer à l'ajout d'une question sur la nationalité dans le questionnaire du recensement.
Avec cet uppercut au président Trump, M. Ho faisait valoir que cette question visait à dissuader les immigrés, légaux ou non, de prendre part au recensement, très important aux Etats-Unis pour l'attribution de certaines ressources publiques.
Cela n'est pourtant pas suffisant pour l'avocat suivi par le documentaire.
"On a passé l'essentiel des trois dernières années à jouer en défense", a estimé Dale Ho lors d'une conférence de presse virtuelle début juillet.
"J'essaye d'empêcher, de stopper, d'atténuer ces atrocités pour les droits humains et civiques qui sont commises par ce gouvernement et d'autres", poursuit-il.
Tensions internes
Le film a été réalisé par Elyse Steinberg, Joshua Kriegman et Eli Despres, trio déjà à l'origine d'un documentaire sélectionné aux Oscars en 2016 et consacré au candidat déchu à la mairie de New York, Anthony Weiner.
Comme "Weiner", "The Fight" a séduit la critique lors de sa présentation au festival - virtuel - de Sundance en janvier et s'attache à montrer la part humaine de ses protagonistes, ces avocats d'élite qui bataillent pour recharger un téléphone portable.
L'ACLU a lancé plus d'une centaine de procédures contre le gouvernement Trump mais le film ne s'intéresse qu'à quatre d'entre elles, particulièrement emblématiques.
Parmi ces procès, le cas d'une immigrante de 17 ans dans un centre de détention américain, victime d'un viol, à qui l'on refuse une interruption volontaire de grossesse. Ou encore les jeunes enfants séparés de leurs parents par la police des frontières après être entrés illégalement sur le sol américain depuis le Mexique.
"The Fight" illustre aussi des tensions internes au sein de l'ACLU, comme celles suscitées par son choix de défendre le droit de manifester des militants d'extrême droite prônant la supériorité de la race blanche à Charlottesville (sud-est) en 2017, un rassemblement qui s'était soldé par le meurtre d'une contre-manifestante.
Et toutes les batailles menées par l'ACLU ne sont pas victorieuses, loin de là.
Pour Lee Gelernt, le combat se poursuivra bien au-delà de l'élection de novembre 2020, quelle qu'en soit l'issue.
"Je pense qu'il y a probablement une impression fausse qui veut que si (le démocrate Joe) Biden remporte l'élection, beaucoup de ces questions vont disparaître", dit-il. "Et c'est tout simplement faux. Aucun président démocrate ne va faire tout ce que nous croyons nécessaire", insiste-t-il.
Le gouvernement Trump reste toutefois le principal super-vilain de "The Fight". "Si je ne suis pas avocat des droits civiques en ce moment, je ne le serai jamais", lance ainsi Dale Ho.