Trump peut-il continuer à contester le verdict des urnes ? Les scénarios possibles

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Un homme porte un masque sur lequel est écrit "You're Fired Trump" ("Vous êtes viré Trump"), le 7 novembre 2020 à Austin au Texas

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Depuis l'annonce samedi de la victoire de Joe Biden, Donald Trump refuse de reconnaître sa défaite, appuyé par des élus républicains.

Des recours en justice ont été introduits dans au moins cinq Etats-clés, arguant de fraudes ou irrégularités dans le processus électoral. Un recomptage s'annonce en Géorgie - où le scrutin est particulièrement serré - et n'est pas exclu dans le Wisconsin. Des démarches qui n'ont quasiment aucune chance de changer l'issue du scrutin.

Jusqu'à quand peut durer cette contestation des résultats ? La victoire de Joe Biden pourrait-elle encore être remise en cause ? Le point, huit jours après l'élection américaine. 

Combien de temps attendra-t-on la confirmation des résultats? 

Pour l'instant, le comptage se poursuit dans quelques Etats-clé, dont la Pennsylvanie, et un recomptage manuel vient d'être annoncé en Géorgie. 

Mais chaque Etat a une date limite à laquelle les responsables des élections doivent avoir certifié les résultats et validé le comptage des voix obtenues par chaque candidat: la Géorgie a jusqu'au 20 novembre, la Pennsylvanie jusqu'au 23, l'Arizona jusqu'au 30.

"Je ne crois pas qu'il faudra attendre que chaque Etat certifie formellement ses résultats", dit John Fortier, spécialiste des élections au Bipartisan Policy Center, organisation qui se veut être un pont entre démocrates et républicains. 

"Je crois qu'à un moment, probablement dans les prochains jours, avec l'avancée du comptage et peut-être le rejet de certains recours judiciaires, on verra que les écarts sont trop importants pour espérer un retournement par des actions judiciaires", dit-il. "Je pense que c'est la façon dont la question se résoudra".

Le 14 décembre est la véritable date-butoir, soulignent les experts: les grands électeurs de chaque Etat doivent alors se réunir pour voter formellement pour l'un ou l'autre des candidats, vote en principe dicté par la majorité du vote populaire dans cet Etat. 

Même lors de la présidentielle de 2000 opposant George W. Bush à Al Gore, où le gagnant de l'Etat-clé de Floride fut contesté pendant plus de 30 jours, cette date limite avait été tenue.

Des listes rivales de grands électeurs dans les Etats contestés ? 

C'est un scénario "extrêmement improbable", dit Barry Burden, spécialiste à l'université du Wisconsin, "mais le seul fait que certains en parlent est inquiétant (...) On pensait que la démocratie américaine avait atteint un degré de maturité où ce genre de comportements ne se produirait pas".

Dans ce scénario, qui selon lui "contredirait toutes les normes et procédures de désignation d'un président", le Parlement à majorité républicaine d'un ou plusieurs Etats dans lesquels une victoire démocrate est contestée pourrait désigner des grands électeurs républicains - au lieu de valider une liste démocrate reflétant les résultats du vote populaire.  

La dispute se poursuivrait alors devant le Congrès, qui se réunira le 6 janvier pour procéder au comptage des voix des grands électeurs et désigner formellement le vainqueur de l'élection. 

Mais il faudrait que plusieurs Etats-clé soumettent des listes rivales pour remettre en cause la victoire de Joe Biden, ce que les experts interrogés par l'AFP considèrent impossible.  

Et si Donald Trump ne reconnaissait pas la défaite ? 

"Il est probable que Donald Trump n'acceptera jamais la défaite", dit Barry Burden. "Il continue à contester les résultats de l'élection 2016, alors même qu'il l'a gagnée (...) donc là, il est probable qu'il contestera le reste de sa vie".

Joe Biden n'en serait pas moins investi le 20 janvier 2021, mais cela alimenterait le doute dans le camp républicain et pourrait "délégitimer" la victoire de Joe Biden, dit cet expert. "C'est peut-être le seul but de l'équipe de campagne de Donald Trump", dit-il.

John Fortier se dit lui "absolument certain qu'il y aura une transition pacifique", même si elle ne sera pas "des plus amicales" ou "des plus fluides". 

"Il vaudrait mieux qu'il reconnaisse sa défaite, mais si la transition est retardée, ce ne sera pas la fin du monde", dit-il.