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Consolider l’Égypte : une urgence
Fran?ois Hollande a effectu? une visite officielle au Caire, en soutien au Pr?sident al-Sissi. Il y a d?livr? plusieurs messages, concernant les droits de l?Homme, mais aussi l?importance de l??gypte dans la recherche de la stabilisation de la r?gion. Depuis le renversement, ou la destitution de Morsi, le pays est en butte ? une vague terroriste, ? une crise ?conomique sans pr?c?dent. Ce qui l?emp?che de jouer son r?le.
La nouvelle direction, sous l?impulsion d?Abdelfattah al-Sissi, a mis en marche trois m?gaprojets concernant la baie du Sina?, l?industrie gazi?re et un pont reliant le pays ? l?Arabie saoudite. Ces projets n?cessiteront des ann?es avant de voir le jour. La nation ?gyptienne est fractur?e. La r?volution n?a pas abouti aux r?sultats escompt?s, ni sur le plan de la d?mocratisation, ni au niveau de la satisfaction des besoins des populations. L?enthousiasme a laiss? place ? la d?ception g?n?rale. Bien qu?affaibli, l??tat tente de maintenir les institutions, de les cr?dibiliser et d?instaurer un mode de gouvernance moderne. Cette situation ne peut laisser indiff?rent l?observateur int?ress? par la r?gion et encore moins les grandes puissances. L??gypte est un pays important au Moyen- Orient, par son histoire, sa population, son positionnement g?ographique. Alors que la Syrie et l?Irak vivent une situation d??clatement programm?, nul ne peut, raisonnablement, oublier le r?le de l??gypte.
L?administration Obama, par des attitudes qui peuvent para?tre contradictoires, ne s?est plus r?ellement mise ? l??coute des ?lites ?gyptiennes. Tout d?pendra de la position de la nouvelle direction ? l?issue des pr?sidentielles aux USA. Le soutien de la Russie est limit?, les deux pays ayant des alliances divergentes. Reste l?Europe ! La France et l?Angleterre connaissent bien cette r?gion, en tant que puissances coloniales qui ont dessin? les fronti?res ? la fin de la premi?re guerre mondiale. Strat?giquement, on ne peut s?attendre au retour de la stabilit? en Lybie, au Soudan, en Irak, en Syrie, sans un r?le central de l??gypte. Le Caire reste un passage oblig? pour tout r?glement ?ventuel du conflit isra?lo-palestinien. Ce r?le central est difficile ? assumer dans les conditions actuelles. Le pays se doit de r?gler ses propres probl?mes, retrouver son unit?, assurer sa propre s?curit?, avant de rayonner dans la r?gion. Mais c?est une ?vidence que le monde a besoin de ce r?le ?gyptien, pour ramener la stabilit? dans cette r?gion poudri?re. Ce constat implique un soutien multiforme ? l??gypte. Sur le plan ?conomique, les monarchies du Golfe, face ? la chute des cours, ne peuvent ?tre les seules ? s?engager aupr?s des descendants des Pharaons. L?Europe doit offrir un soutien r?el, dans le cadre d?accords, insistant sur des r?formes li?es ? la gouvernance, parce que c?est une autre forme de soutien. C?est une urgence, parce que les probl?mes ?conomiques minent l?unit? du peuple ?gyptien, dans un contexte r?gional explosif. Il n?y a qu?? voir sur une carte les pays frontaliers de l??gypte pour se rendre compte du danger. Les critiques sur la question des droits de l?Homme sont l?gitimes, mais ne doivent pas servir d?alibi ? l?inaction.
Ce que la raison impose, aujourd?hui, c?est de conforter l?Etat ?gyptien, le soutenir, pour ?viter le chaos. Cela s?appelle l?ordre des priorit?s, base de toute responsabilit? politique.