Depuis 40 ans le Maroc a laiss? se d?velopper un ph?nom?ne de ruralisation des villes, qui a eu un impact social, ?conomique et politique d?sastreux. Il ne sert ? rien d?essayer de d?terminer des responsabilit?s. Des technocrates, comme si Mohammed Kabbaj ont d?fendu l?id?e qu?il vaut mieux encourager une urbanisation acc?l?r?e, parce qu?elle est moins co?teuse que d?apporter les infrastructures au monde rural, avec son habitat diss?min?. Ce n?est pas totalement faux. Basri en a us? et abus? dans son mode de contr?le politique et les ?lus, souvent produits de cette ruralisation, ont pr?f?r? l?acc?l?rer.

Le r?sultat c?est que nous avons une expansion des villes subie et non pens?e, l?am?nagement du territoire est un ?chec flagrant ?dont la responsabilit? incombe ? toutes les ?lites. M?me lors des derni?res ?lections communales il n y a pas un seul parti qui a fait de cette question, une composante importante de son programme.

Aujourd?hui ce d?bat se r?sume ? l?habitat insalubre, aux b?timents mena?ant ruine. Nous sommes encore au degr? z?ro de l?am?nagement du territoire. Sans chercher de pol?mique, il suffit de constater que les villes nouvelles, initi?es par l?Etat, financ?es en grande partie par le contribuable, ne comptent ni des infrastructures culturelles, ni des maisons de jeunes, ni m?me de cimeti?res, comme si les n?o-arrivants ?taient immortels.

On peut comprendre que la pression des urgences est tr?s forte. Mais rester les yeux riv?s sur le guidon est la meilleure voie pour aller dans le mur. Qu?est ce que l?am?nagement du territoire??

Il s?agit tout simplement de cr?er des espaces de vie coh?rents, assurant ? la fois l?existence d?activit?s ?conomiques, des services publics, des espaces verts et de p?rim?tres r?siduels. Ailleurs, l?expansion se dessine des d?cennies ? l?avance, l?extension du p?rim?tre urbain, la r?habilitation de quartiers anciens ?tant une information publique dans les moindres d?tails.

Aujourd?hui, Sal?, Safi, Mekn?s, Nador, Casablanca, F?s et bien d?autres villes sont totalement d?figur?es. Rabat, Marrakech, El jadida, Essaouira et Chaouen s?en sortent mieux pour des raisons diverses, dont l?essentielle est la ma?trise des flux par les autorit?s locales.

Ce chantier n?est ni facile, ni propice ? des ench?res. R?urbaniser les villes existantes, ma?triser leur d?veloppement est un enjeu soci?tal, politique majeur. Urbanistes, g?ographes, statisticiens sont les mieux outill?s pour mener ces d?bats et il faut leur faire de la place. Il nous faut, ? terme, aboutir ? des villes accueillantes assumant la mixit? sociale, l?acc?s aux services publics, une offre de loisirs et de culture et qui soient vivables. C?est plus facile ? ?crire qu?? faire, mais c?est la condition sine qua non pour r?aliser le projet national d?une d?mocratie sociale, moderne.