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Code de la Famille: La saisine du Conseil supérieur des Oulémas pour prémunir la réforme des muftis autoproclamés
Le Roi Mohammed VI a mis le cap sur une nouvelle avancée sociétale
Tous ceux qui ont cru ou espéré que le Roi laisserait de coté le Conseil supérieur des Oulémas dans l’élaboration de la nouvelle réforme du Code de la famille. Qu’il s’agisse du camp des modernistes, ou des laïcs comme préfèrent les appeler les fondamentalistes, quand ce n’est pas d’autres appellations, ou qu’il s’agisse des islamistes qui s’en tiennent à ce qu’ils croient être la rigueur du texte coranique, il y a des deux cotés une méconnaissance avérée de l’environnement socioculturel et politique du pays.
Non seulement parce que le Roi est en même temps Amir Al Mouminine (Commandeur de croyants), ou parce que l’Islam par la force de la Constitution est une religion d’Etat, il y a évidemment tous ces éléments à tenir en compte, mais parce qu’il faut aussi intégrer dans le processus de la réforme la réalité de l’islam politique toujours prompt à saisir tout ce qui est à sa portée pour semer le doute voire la discorde comme prélude au chaos qui leur permettrait de se saisir des rênes du pays.
Si les modernistes ont tendance à faire contre mauvaise fortune bon cœur lorsque semblables réformes ne répondent pas entièrement à leurs attentes, et patienter jusqu’à une future avancée, il n’en est pas de même pour les autoproclamés muftis et autres « théologiens » de rue. Au nom d’une interprétation « littéralement littérale » des textes coraniques et des pratiques religieuses, ils en arrivent à dénier toute légitimité aux approches divergentes.
La saisine par le Roi du Conseil supérieur des Oulémas au sujet de certaines propositions à caractère religieux, portées à l’appréciation royale par l’Instance chargée de la révision du Code de la Famille, permet précisément de se prémunir des interprétations individuelles en la matière.
Abdelkamel Boulaamane, membre du Conseil local des Oulémas de Rabat, dans une déclaration à la MAP, n’a pas manqué de relever cette dimension de la démarche du Souverain. La réflexion collective sur ces propositions au sein du Conseil supérieur des Oulémas, dit-il, aboutira à un consensus permettant de protéger la Oumma contre toute déviation, soulignant, à ce propos, l’importance d’encadrer les Fatwas afin d’éviter la discorde et de préserver l’intérêt général.
Pour bien faire comprendre le sens qu’il donne à se lecture de la saisine royale, M. Boulaamane a tenu à préciser que le Fiqh islamique n’est pas figé, et que les Oulémas du Conseil supérieur s’appuieront sur les vertus de la modération et de l’Ijtihad ouvert et constructif.
En pratiquant l’Ijtihad dans l’interprétation des textes religieux, les Oulémas prennent en compte les règles de la Fatwa, rappelle-t-il, à plus d’un égard, notamment pour ce qui est de l’esprit de la Charia qui a pour finalité de préserver les intérêts et prévenir la perversité, et des mécanismes de la jurisprudence islamique. Sans oublier que l’ultime décision en la matière relève des prérogatives et des compétences de la Commanderie des croyants. (Quid avec. MAP)