Clôturé par l’adoption de la « Déclaration de Bagdad », le 34e Sommet de la Ligue arabe, tenu le 17 mai 2025 dans la capitale irakienne, a permis au Maroc de décliner des positions cohérentes dans les dossiers palestinien, libyen et religieux. Portée par un discours fort du Roi Mohammed VI, la voix du Royaume s’est affirmée comme apport constructif et actif du monde arabe face aux défis politiques, humanitaires et géostratégiques. Le round up d’Assia Makhlouf.

Soutien au Comité Al-Qods et à l’action du Maroc à Jérusalem

L’un des temps forts du Sommet a été la reconnaissance formelle par les chefs d’État arabes du rôle fondamental du Comité Al-Qods, présidé par le Roi Mohammed VI, dans la défense de la Ville Sainte et de ses habitants. Dans leur résolution consacrée aux violations israéliennes à Al-Qods, les dirigeants ont salué les efforts menés à travers l’Agence Bayt Mal Al-Qods Acharif, bras opérationnel du Comité, pour préserver l’identité spirituelle et culturelle de la ville et améliorer les conditions de vie des Palestiniens.

Le sommet a également exprimé ses remerciements au Royaume du Maroc pour sa contribution au renforcement du capital des Fonds Al-Qods et Al-Aqsa, dédiés à la résistance du peuple palestinien et au soutien du budget de l’Autorité palestinienne.

Dans son discours, lu par le ministre Nasser Bourita, le Roi Mohammed VI a appelé à l’arrêt immédiat des opérations militaires à Gaza et en Cisjordanie, à la reprise des négociations, à l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire, et au maintien du mandat de l’UNRWA. Il a également plaidé pour une feuille de route inclusive pour la reconstruction de Gaza, sous l’égide de l’Autorité palestinienne et avec le soutien arabe et international.

Une action arabe plus cohérente face aux crises régionales

Le Maroc, par la voix de son Souverain, a insisté sur la nécessité de réformer l’action arabe commune pour en accroître l’efficacité. Sa Majesté a souligné que cette réforme doit s’appuyer sur des principes fondamentaux : respect de la souveraineté des États, non-ingérence, solidarité et rejet des mouvements séparatistes.

Ce message fait écho à la position marocaine constante sur la question du Sahara, tout en réaffirmant l’attachement du Royaume à la paix dans la région arabe. Le Roi a exprimé la disposition du Maroc à contribuer à toute initiative constructive, dans un esprit de concorde et d’harmonie.

Dans ce sens, le Sommet a salué le rôle du Royaume dans les médiations régionales. Concernant la crise libyenne, la « Déclaration de Bagdad » a réaffirmé la centralité de l’Accord de Skhirat (2015), négocié sous l’égide du Maroc, comme base de toute solution politique. Le Conseil de la Ligue arabe a réitéré son appui à la mission de l’ONU en Libye, appelant à une issue inclusive.

S’agissant de la Syrie, le discours royal a confirmé la position historique du Maroc en faveur d’une solution politique respectant l’unité du pays. Dans un geste fort, le Roi a annoncé la réouverture de l’ambassade marocaine à Damas, fermée depuis 2012, marquant un tournant diplomatique salué par les États arabes.

Le Royaume a aussi fait part de sa vive préoccupation concernant les situations au Liban, au Soudan et au Yémen, réaffirmant son soutien à toutes les voies diplomatiques permettant de sortir pacifiquement des conflits.

Coopération religieuse, formation et sécurité : le Maroc salué

Le sommet a souligné l’importance de la coopération religieuse et éducative, appelant les États arabes à continuer à tirer profit de l’expérience marocaine à travers la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains et l’Institut Mohammed VI de formation des imams, morchidines et morchidates. Ces deux institutions, devenues des références en matière de formation religieuse modérée, sont perçues comme des piliers dans la lutte contre l’extrémisme.

Par ailleurs, le Sommet a salué l’accueil par le Maroc du Bureau de formation du Programme des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme en Afrique, confirmant l’ancrage sécuritaire du Royaume à l’échelle continentale et arabe.

Le soutien arabe à la candidature du Maroc au Conseil de sécurité

Sur le plan diplomatique, les États membres de la Ligue arabe ont soutenu à l’unanimité la candidature du Maroc à un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2028-2029. Le sommet a invité l’ensemble des pays membres à appuyer activement cette candidature auprès des partenaires internationaux.

Cette reconnaissance traduit la confiance placée dans la diplomatie marocaine, jugée équilibrée, proactive et crédible sur la scène internationale.

Pour une intégration économique arabe accélérée

Enfin, le Roi Mohammed VI a insisté sur l’urgence d’une relance économique interarabe, appelant à dépasser les niveaux actuels jugés insuffisants des échanges commerciaux et des investissements. Le Souverain a plaidé pour une intégration économique accrue, notamment en Afrique du Nord, soulignant le blocage persistant de l’Union du Maghreb Arabe, incapable de jouer son rôle de levier de développement.

Il a également encouragé les États à investir massivement dans les énergies renouvelables, l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies, afin d'assurer la transition vers des économies durables et résilientes face aux défis climatiques et aux incertitudes géopolitiques mondiales.

Une vision marocaine partagée

Avec la Déclaration de Bagda, adoptée en clôture du Sommet, les dirigeants arabes ont entériné une série de résolutions inspirées, en partie, par les orientations du discours royal : solidarité avec la Palestine, soutien à la paix en Libye et Syrie, coopération sécuritaire, religieuse et économique, et engagement pour une réforme ambitieuse de l’organisation panarabe.

Le Maroc, à travers l’allocution de son Souverain et son action diplomatique, a su conjuguer constance, clarté et engagement constructif, consolidant sa position de pilier central dans l’échiquier arabe.